SEVICE PUBLIC

Noémie. Tout simplement.





Noémie. Tout simplement.

 

I.

 

Le premier jour des vacances commençait trop bien : papa et maman étaient au boulot ! Noémie pouvait enfin vivre sa vie de jeune femme. A peine levée, elle se fit un café et prit son portable pour envoyer un texto à Yolande.

« slt ca te di d alle en ville voir les mec ? lol »

Elle partit dans la chambre de ses parents et ouvrit l'armoire pour choisir ses vêtements. Maman avait des dessous affriolants : de quoi faire craquer n'importe quel mec ! Elle essaya plusieurs dessous avant d'opter pour un ensemble culotte-soutien gorge à dentelles, des bas, une jupe satinée assez courte  et un bustier bien décolleté. Heureusement que maman faisait la même taille !

Elle entendit sonner son portable : c'était Yolande.

« dsl mais je sui puni par mes con de vieu ! »

Elle se mit à crier très théâtralement : « Putain ! Ca me fait chier ! »

Puis la colère s'estompa devant le miroir : elle se trouvait incroyablement sexy. A tous les coups, elle allait se faire draguer ! Et ça allait faire encore des histoires ! Bon: son fiancé était encore à Lisbonne et elle n'avait pas le droit de s'habiller sexy à cause du ramadan. Mais si quelqu'un venait à cafter, alors là, c'était sûr : il pèterait un câble !

Noémie, dérangée par un détail d'ordinaire insignifiant à ses yeux, partit faire un raid dans la salle de bain. Objectif : la crème dépilatoire. Elle se barbouilla généreusement la moustache et les poils entre les sourcils. Elle pensa qu'elle se serait bien épilé le maillot… mais ils étaient tous rangés avec les affaires d'été.

Elle s'en retourna dans le salon boire son café. La tasse dans une main, le portable dans l'autre, elle tapa LA question : « kes ki té arrivé ? »

Une gorgée plus tard, venait la réponse : « j'ai envoye a ma mere chie ».

Noémie rit d'un air mature. Une femme ne riait pas comme une gosse : elle inclinait légèrement la tête en arrière, sur la gauche et restait assez distinguée pour ne pas rire trop fort. Par contre, le problème avec le râtelier, c'était les postillons.

Noémie prit sa seconde tasse de café et s'assit quand elle sentit la lèvre supérieure et une partie des sourcils chauffer un peu ! « Quelle conne ! » s'exclama-t-elle ! Elle avait oublié la crème « épilatoire » ! Elle partit se rincer le visage mais le miroir ne lui réservait pas de bonnes surprises. Elle était écarlate aux endroits de la moustache et du troisième sourcil. Bah… ça finirait bien par passer…avec du fond de teint.

Ses cheveux crépus étaient aujourd'hui… plutôt crépus. Elle lissa sa crinière avec le Babygliss qu'elle posa sur la corbeille à linge la corvée terminée.

Puis elle se maquilla. Que les rouges à lèvres étaient nuls ! A peine le passait-on qu'il se cassait en deux ! Ils étaient trop mous, voilà tout. Elle tâta les autres pour en trouver un plus dur quand elle tomba sur un crayon plutôt marron qui lui donna l'idée de se faire le contour des lèvres. Elle mit un moment à chercher un rouge à lèvre qui correspondait à la couleur du contour de sa bouche « bulbeuse ». Puis elle se lassa : elle apposa du fard vert sur les paupières quand elle songea qu'elle n'avait pas mis de chaussures !

Direction la chambre de maman. Là, elle trouva une paire de chaussures « trop érotiques ». Le problème, c'est que non seulement elle ne savait pas marcher avec des tallons aiguilles, mais en plus, maman faisait du 36 alors que Noémie devait au moins chausser du 42…

Tant pis, pensa-t-elle. Elle se résolut à mettre des godasses à elle. Heureusement qu'elle avait ses Converses neuves ! Mais elles étaient bleues. Alors elle s'en retourna au maquillage pour enlever son fard vert et mettre à la place un fard bleu. Le résultat final ressemblait objectivement à un fard fadet : mais bon.

« C'est long de se préparer pour une femme ! »

En sortant de la maison, Noémie se dirigea vers le premier arrêt de bus. Elle constata, faussement embêtée, que cette ligne desservait le collège… « comme d'habitude !» mais tant pis si quelqu'un la voyait ! Si c'était Sauzéon, de toute façon, elle s'en foutrait ! Même si elle la voyait en train de fumer. Cette idée lui donna l'envie de s'acheter un paquet de cigarettes. Malheureusement, elle n'avait pas beaucoup d'argent de poche cette semaine… tout juste de quoi acheter des cloppes. Mais pas de quoi inviter quelqu'un à boire un café. De toute façon, Yolande était punie chez elle. Et même si elle avait trop d'amies, elle n'en rencontrerait certainement pas aujourd'hui… et si elle rencontrait un mec, il l'inviterait bien à prendre un café. Après tout, ce sont les mecs qui invitent.

Noémie prit le bus. Sans ticket. Au premier arrêt desservi, elle vit monter Myriam et sa mère. Noémie, immense sourire aux lèvres, vint lui taper la bise.

Noémie – Salut Mymy ! – Smack-smack – Comment tu vas bien ?

Myriam, décontenancée – Euh… ça va… et toi ?

Noémie – Je vais prendre l'air un peu… Je vais voir du monde…

Myriam présente sa mère – Ma mère…

Noémie, qui croit à une question – Mais… je la connais pas !

Myriam, gênée – Non, je te présente ma mère.

Noémie, grand rires plus postillons – Putain ! Que je suis conne ! – Myriam regarde sa mère, désespérée – Au fait : tu sais pas quoi ?

Myriam – Non…

Noémie – T'es bien en SEGPA ?

Myriam – Oui, comme la dernière fois, quand tu m'as demandé !

Noémie – Ah oui ! J'ai oublié parce que j'ai des insomnies en ces moments…

Myriam – Pff…

Noémie – Ouais tu sais pas quoi ?

La mère – Et elle le saura pas parce que c'est ici qu'on descend !

Noémie, moquée – Ah…

Myriam et sa mère descendirent. Du coup, Noémie n'avait plus personne à qui parler. Elle appela Yolande : le téléphone sonna. Plusieurs fois. Mais rien. Noémie descendit non loin du collège. Elle fit une halte chez un buraliste pour acheter un paquet de cigarettes. En sortant, elle voulut en allumer une. Elle réalisa qu'elle n'avait pas de briquet. Elle rentra dans le bureau de tabac et dépensa le reste de sa monnaie pour un briquet. Puis elle alluma enfin sa cloppe ! Elle toussa un peu. Mais elle s'y fit. Elle marcha en direction du collège. Là, deux élèves trainaient devant le portail : c'était des troisièmes… elle les connaissait mais ne se rappelait pas de leurs noms. Elle jeta la moitié de la cigarette qui fumait encore, traversa la route et se dirigea vers le portail du collège. Crystal prévint son petit ami qui faisait pipi conte un arbre.

Crystal – Attention Matt ! Y'a l'autre schizo qui arrive.

Matt, occupé – Qui ça ?

Crystal – Ben celle qui marche à reculons !

Matt – Noémie ! Oh non ! Qu'est-ce qu'elle vient foutre ici ?!

Noémie, à Crystal, tenant de manière ostentatoire une cigarette dans sa main – Salut… t'aurais pas du feu ? Je suis en galère, là… je crois que je vais péter un câble !

Crystal – Pourquoi ?

Noémie – C'est ma première depuis que j'ai arrêté… et j'a    i pas de briquet.

Crystal, amusée – Ah… je croyais t'avoir vu jeter une cloppe allumée…

Noémie – Non… c'était… un cure dents ! – Matt s'étouffe de rires.

Crystal – Tiens… - Elle lui allume sa cigarette.

Matt – Bon, on y va ?

Crystal – J'arrive – Elle range son briquet.

Noémie – Vous allez où ?

Matt – On va ailleurs.

Noémie – C'est où ?

Crystal – Non mais on va en boîte de nuit.

Noémie, déçue – Ah…

Décidément, elle n'avait pas de chance. Pas d'argent, pas de chance. Elle regardait les deux tourtereaux s'éloigner quand elle partit en direction du centre ville. Elle allait faire du shopping. Et c'est ce qu'elle fit : elle écuma presque toutes les boutiques. Elle essaya tous les vêtements possibles, sauf les culottes quand une vendeuse vint lui signifier sur un ton mécontent qu'elle n'en avait pas le droit.

 

 

 

II.

 

Monsieur et madame Bayle rentrèrent assez tôt du boulot.

Monsieur – Enfin… un peu de calme.

Madame, l'air coquin – La gosse est en ville…

Monsieur, étonné – La grosse ?

Madame - Mais non ! La gosse !

Monsieur – Comment tu le sais ?

Madame – Elle m'a envoyé un SMS tout à l'heure.

Monsieur, à son tour coquin – Ah !... On a tout notre temps alors…

Madame – On peut même jouer à l'Inconnu !

Monsieur, au comble de l'excitation – Ah oui !

Ils entrèrent tous les deux dans la maison. Monsieur jeta sa veste n'importe où. Elle tomba sur la tasse de café froid.

Madame – Attends… je vais dans la chambre me préparer.

Monsieur, assis dans le canapé – Ca va être la fête… - Il déboutonne son pantalon quand il s'aperçoit que sa veste a pris une drôle de forme-  Mais… - Il lève sa veste : du café ruisselle sur la table du salon – Mais qu'est-ce que c'est ?

Madame, depuis la chambre – Mais qu'est ce qui s'est passé nom de dieu !

Monsieur, perturbé – Qu'est-ce qu'y a ?

Madame, toujours depuis la chambre – Mais qui c'est qui a foutu ce bordel !

Monsieur, décidé à se faire entendre – Oh ! Qu'est-ce que tu as ?

Madame – Ah mais merde, toi !

Monsieur, dégoûté – C'est bon, j'ai compris – Il reboutonne son pantalon.

Madame, au-delà de ce que les oreilles peuvent entendre sans dommage – Laurent ! Viens voir ici !!!

Monsieur : ébahi – Qu'est-ce qui s'est passé ?

Madame – Devine ! – Elle attrape un rouge à lèvres apparemment onéreux – Regarde ! Il est cassé en deux ! – Elle désigne les autres – Non mais regarde-moi ce massacre ! Ils sont tout écrasés !...

Monsieur – Tu crois que c'est Noémie qui a fait ça ?...

Madame, sèche – Ah ben c'est pas moi, hein !

Monsieur prend sa dulcinée dans ses bras pour la consoler – Ecoute… profitons de notre après-midi pour une fois… je te rachèterai tout ce que tu veux…

Madame – D'accord… Laisse-moi deux minutes pour me préparer, je vais dans la salle de bains…

Monsieur – Ok… je retourne dans le salon. – Monsieur retourne dans le salon et commence à déboutonner son pantalon.

Madame, dans la salle de bains – Oh non ! Mais c'est pas possible !

Monsieur, crispé sur ses boutons – Qu'est-ce qui se passe, encore ?!

Madame – Laurent ! Viens voir ici !

Monsieur reboutonne son pantalon – C'est bon ! J'ai compris !

Madame, tube de crème dépilatoire aplati entre les doigts – Regarde la corbeille à linge ! Noémie a laissé le Babygliss chauffer dessus et elle l'a brûlé ! – Monsieur n'a même pas le temps de répondre : de toute façon, il n'a pas de quoi répondre ! – Et regarde ma crème : elle en a foutu partout et elle m'a bousillé le tube ! – Toujours dans le silence de monsieur – Elle a aussi touché à mes vêtements… et puis elle a pas piqué ma robe de la semaine ! Non ! C'est celle tout en satin qu'elle a prit !

Monsieur – Je sais pas quoi te dire…

Madame – Ah tu sais pas ? Eh bien moi je vais te dire : tu vas l'appeler et lui dire de rappliquer à la maison tout de suite !



III.

 

Noémie feignait ne pas voir le beau Mathéus. Elle alluma une cigarette, les cheveux au vent. Mathéus la regardait bel et bien ! Il parlait à Olaf… ils la regardaient tous deux : Olaf ne lui plaisait pas mais tant pis ! Si elle pouvait faire flasher deux gars en même temps !...

Par contre, qu'est-ce qu'elle ferait si elle sortait avec l'un des deux ? Non, avec Mathéus ? Parce que son petit ami à elle était à Lisbonne et il était super jaloux. Alors bon : si elle disait rien, il pourrait pas savoir qu'elle l'a cocufié. Mais déjà qu'elle lui mentait pour la cigarette, si en plus elle devait mentir pour un nouveau mec, elle s'en sortirait pas ! Et puis peut être qu'elle n'avait pas le droit de mentir pendant le carême.

Soudain, elle eut un haut le cœur : Mathéus et Olaf l'approchaient !

Mathéus – Salut Noém ! Ca va ?

Noém ! Noém, quoi ! Là, Noémie crut fondre ! Il lui avait trop trouvé le surnom qui fait trop, quoi ! Elle inspira une bouffée de cigarette, à défaut d'une passion à Mathéus. Elle expira voluptueusement une volute de fumée.

Noémie – Ouais, ça va et toi ?

Mathéus – Ben… avec Olaf, on se demandait si tu pouvais nous donner une cloppe.

Noémie – Attends ! Je regarde s'il m'en reste… parce que là, j'ai repris y'a quelques jours et je te dis pas comment je suis accro !

Olaf, caché derrière Mathéus – Tsss…

Noémie – Tiens ! – Elle tend une cigarette à Mathéus – Tu veux du feu ?

Mathéus – Non… j'en ai. Par contre, je veux bien une autre cloppe pour Olaf…

Noémie – Ah oui ! J'avais pas réalisé…

Mathéus – Ben tiens, passe-moi ton paquet, je vais me servir.

Olaf – Pourquoi t'es devant ce collège de merde ?

Noémie – C'est parce que j'ai fait du shoppingue toute la journée et que je savais plus quoi faire, alors je suis venue voir des amies.

Olaf – Et elles sont où, tes amies ?

Noémie – Ah… elles viennent de partir chez elles.

Olaf – Ouais… dans leurs maisons imaginaires ! – Rires des deux garçons suivis du rire forcé de Noémie qui tente de donner le change.

Mathéus – Tiens, ton paquet !

Noémie – Merci… Vous allez faire quoi, maintenant ?

Mathéus – Ben nous, on y va ! On va voir des copines !

Olaf – Ouais, des vraies copines ! – Rires des deux garçons.

Le bus arriva sur ces entre-faits. Olaf et Mathéus le prirent sans un « au-revoir »… Noémie eut la désagréable sensation de s'être fait entuber. Sensation confirmée quand elle s'aperçut qu'il ne lui restait plus que deux cigarettes dans son paquet tout neuf. Dont une cassée en deux !

Elle décida d'aller voir Yolande chez elle. Ce qui tombait plutôt bien, la mère étant partie faire des courses. Yolande était trop vénère : elle avait trop rien dit à sa mère. Juste un « tu me fais chier ! », mais bon… elle pouvait plus rien dire depuis quelques temps. Noémie était à fond avec son amie. Y'en avait marre des parents qui les considéraient comme des enfants. Cri de révolte auquel la sonnerie du portable répondit.

Noémie – C'est lequel qui sonne ?

Yolande – Ben ça peut pas être le mien, ma mère me l'a confisqué quand elle a vu qu'on s'envoyait des texto !

Noémie éclate de rires – J'suis conne ! - Noémie cherche son portable dans ses poches ; elle n'en a qu'une ! – De toute façon, j'en ai marre de mon spartphone ! Je crois que je vais le changer… sauf si mon mec, y veut pas !

Yolande – Quoi ? C'est ton mec qui décide ?

Noémie – Non mais tu vois… - Le portable sonne… - Comme je le laisse pas faire hum hum si il me donne des ordres…

Yolande, étonnée – Hum hum ?

Noémie – Ben ouais…

Yolande – Ah oui ! – Elle couine – Tu couches avec lui ?

Noémie – Ouais mais en ces moments, je peux pas trop parce qu'il est à Madrid.

Yolande – Peut être que tu devrais pas au cas ou tu tomberais enceinte… - Le portable sonne encore.

Noémie – Ouais, je sais… mais quand y me demande, j'ose pas lui dire non. Tu vois, je crois que je suis à une tournante de ma vie… - Elle décroche – Allô ?

Monsieur – Noémie ?

Noémie, voix fatale – C'est qui ?

Monsieur – Le pape !

Noémie, troublée – Le pape ?

Monsieur, agacé – Mais c'est moi ! Ton père !

Noémie, hilare – Ah ah ah ! J'suis conne !

Yolande – C'est qui ?

Monsieur – T'es où, là ?

Noémie, pleine de mystères – Je suis chez une amie…

Monsieur – Ouais… t'es chez Yolande, quoi ?

Noémie – Comment t'as deviné ?

Monsieur – On s'en fiche ! Tu te dépêches de rentrer, on a à te parler ta mère et moi.

Noémie laisse pendre le portable à bout de bras – Putain, c'est mon père qui me fait chier !

Monsieur – J… ai… tendu…là…

Yolande – Eh ! Il t'a entendu !

Noémie – J'suis pas conne quand même ! J'ai pas le portable à l'oreille !

Yolande – Mais il entend tout quand même !

Monsieur - …tout… tendu…

Noémie colle son portable à l'oreille – Allô ?

Monsieur – Ta copine a raison ! J'ai tout entendu ! – Noémie pique un fard – Bon, tu rentres tout de suite !

Noémie, vexée – J'arrive. – Elle raccroche puis regarde Yolande comme un merlan frit – Putain ! Ca me casse les couilles !

La mère de Yolande arrive comme un V2 – Qui c'est qui gueule comme ça ! – Elle voit Noémie – Mais qu'est-ce que tu fous ici, toi ?!

Noémie, sur la défensive – Je suis venue voir mon amie…

La mère – Et tu vas me faire le plaisir de débarrasser le plancher avant que je te lâche le chien au cul ! C'est compris ?!

 


IV.

 

Madame, toujours remontée – C’est pas compliqué : on est trois dans cette baraque et y’a le bordel d’une armée entière !

Monsieur, désespéré – Calme-toi ! Tu peux pas piquer une dépression chaque fois que la gosse fait une connerie !

Madame, vindicative – Mais je voudrais bien t’y voir, moi !

Monsieur – Mais j’y suis pas, là ? – Madame se calme – J’y suis pas, confronté à ses imbécilités ? Je fais pas front avec toi ?

Noémie entre. Cette fois, c’est décidé : elle va leur rentrer dans le chou !

Madame – Ah ! Enfin !

Noémie – Quoi, « enfin » ?

Madame – Qu’est-ce que tu fous avec mes vêtements sur le dos !

Noémie – De quoi ?

Madame – Qu’est-ce que tu fous avec mes vêtements sur le dos ?  Qui t’as permis de prendre ma jupe satinée ?

Noémie – Mais elle est pas sur le dos !

Madame – De quoi ? – Fielleuse – J’en ai marre de toi Noémie ! Tu veux que je fasse une connerie, c’est ça ?

Monsieur prend madame par l’épaule – Ecoute ! On va pas s’en sortir comme ça ! Alors tu me laisses faire, d’accord ? – Madame part en pleurant dans sa chambre – Bon, Noémie : qu’est-ce qui t’as pris de mettre le feu comme ça cet après-midi ?

Noémie – Mais j’ai pas mis le feu !

Monsieur – Non, mais c’est façon de parler… eh puis non ! Tu as vu le Babygliss ? Tu l’as laissé sur la corbeille à linge et tu l’as brûlée… Tu aurais pu mettre le feu à la maison !

Noémie – Mais c’est bon, ça peut arriver à tout le monde de faire des erreurs !

Monsieur – Oui mais là, c’est connerie sur connerie Noémie ! – Noémie regarde ses gros pieds – Tu avais besoin de toucher les rouges à lèvres de ta mère, par exemple ?

Noémie, larmes de crocodile – Mais je voulais juste me maquiller un peu !

Monsieur – Mais enfin ! Tu lui as tout bousillé ! Qu’est-ce que t’as foutu ?

Madame, de la chambre – Et puis t’as pas à prendre mes affaires !

Monsieur, agacé par l’intervention de madame – Bon, et les vêtements ! Qu’est-ce qui t’as pris de mettre ses vêtements ?

Noémie – Mais moi j’en ai pas qui sont bien…

Madame débarque – T’as pas à prendre mes vêtements Noémie !

Monsieur, à madame – Ah non ! Reste dans la chambre, sinon on va pas s’en sortir, là !

Madame – Mais tu lui dis rien !

Monsieur – Comment ça, « je lui dis rien » ? C’est pas parce que je gueule pas que je lui dis rien, merde !

Madame, pleine d’acrimonie – C’est ça ! C’est de ma faute !

Monsieur - Non, c’est de la faute de Noémie mais j’aimerais bien…

Noémie, en mode cris – J’en ai marre ! C’est toujours moi qui prends ici !

Monsieur, ébahi – Mais… y’a que toi ici !

Noémie – Ouais mais c’est pas pour ça qu’y a que moi qui doit prendre !

Monsieur – Mais tu es la seule à faire des conneries !

Madame – Bon : tu me rends mes vêtements, maintenant !

Noémie – Maintenant ?

Madame – Oui, maintenant, oui !

Noémie commence à enlever son haut.

Monsieur – Non mais va te changer dans ta chambre bon sang !

Noémie – Ah oui ! – Elle va dans sa chambre.

Madame, à monsieur – Tu comprends pourquoi je l’ai en travers ?

Monsieur – Mais oui, je comprends ! Je sais qu’elle t’en a foutu pour pas mal d’argent en rouge à lèvres…

Madame - Et le reste !

Noémie – J’ai oublié la culotte dans un magasin !

Madame – Quelle culotte ?

Noémie, vêtue de ses haillons habituels – Ben celle qui est violette…

Madame, catastrophée – Celle en dentelle ? – Elle se met à pleurer – C’est pas vrai ! Tu m’as pas paumé celle-là !!

Noémie – Mais c’est bon ! J’ai pas fait exprès non plus ! – Madame s’en va en pleurant dans sa chambre.

Monsieur – Tu les collectionnes !... – Il se ravise – Tu sais bien que ta mère a les nerfs fragiles… A chaque fois que tu lui prends ses affaires, ça la fiche en l’air.

Noémie – Ouais mais moi, j’en ai marre de pas avoir des habits qui en jettent.

Monsieur – C’est pas de ça que je te parle ! Regarde ta mère ! Regarde dans quel état tu me la fous !

Noémie, les yeux fixés sur ses pieds - …

Monsieur – Tu sais bien qu’elle sort d’une dépression nerveuse !

Noémie - …

Monsieur – Il serait temps que tu en tiennes compte maintenant que tu es en âge de comprendre… Bon : à l’époque où elle a plongé, tu étais encore petite ; tu pouvais pas saisir ce qui se passait… mais maintenant que tu peux, je t’en supplie : ne recommence pas…

Noémie – Mais… c’était quand même pas de ma faute si elle a fait une dépression !

Monsieur – Tu étais trop petite…

Noémie, les boules – C’est de ma faute, alors ?

Monsieur – Ce qui compte, c’est que tu fasses de ton mieux maintenant !

Noémie pleure – Putain ! Mais je comprends pas pourquoi c’est de ma faute si elle a dépressé !

Monsieur – Ah non ! Tu vas pas t’y mettre toi aussi !

Noémie – Mais laisse-moi pleurer si j’en ai envie !

Monsieur – Mais te fous pas dans cet état pour ça ! Ta mère a un coup de mou mais c’est bon : ça va aller !

Noémie – Mais tu dis qu’elle va refaire une dépression !

Monsieur – Mais j’ai jamais dit ça ! Et je t’ai pas dit non plus que c’était de ta faute si elle en avait fait une ! Faudrait arrêter un peu de me faire dire ce que j’ai pas dit !

Noémie, en larmes – Putain ! Je comprends rien, moi ! – Elle est prostrée sur le canapé.

Monsieur – Comment ça, tu ne comprends rien ? – Noémie garde le silence – Oh ! Tu me réponds ? – Noémie se tait – Non mais c’est pas vrai ! Tu vas pas t’y mettre toi aussi, parce que je vais pas tenir le coup, moi !

Madame débarque – Qu’est-ce qui se passe encore ?

Monsieur – Ben c’est ta fille qui fait la gueule ! On peut rien lui dire de toute façon.

Madame regarde longuement sa fille avec colère.

Monsieur – Oh, Noémie ! Tu me réponds, oui ?

Madame – Mais laisse-là !

Monsieur – Comment ça ?

Madame – Tu vois bien qu’elle s’enferme de nouveau dans son monde ! J’ai pas envie de la voir se scarifier !

Monsieur, énervé – Ah non ! Je te préviens Noémie que si tu te scarifies, ça va mal aller !

Noémie – Mais je me scarifie pas, là !

Monsieur – Je te préviens, c’est tout !

Madame – Mais arrête ! Tu vas la faire passer à l’acte à force de la harceler !

Noémie – Mais j’ai pas envie de me scarifier !

Madame – Oh ! Arrête Noémie ! On te connaît assez pour savoir que quand tu commences comme ça, tu finis par te scarifier !

Noémie – Peut être mais là, j’ai pas envie de me scarifier !

Madame – Mais arrête un peu ! Tu le fais à longueur de temps ! Même au collège ils savent plus quoi faire pour te faire arrêter !

Noémie – Ouais mais c’est pas parce que j’étais accroc que je vais le devenir !

Madame – De quoi ?

Noémie – Mais ça, je le faisais avant, quand y’avait quelque chose de grave que je savais pas comment me débrouiller. Mais là, je le ferai pas parce qu’il y a rien de grave !

Madame – Ah bon, parce que me bousiller mes affaires, c’est pas assez grave, pour toi ?

Noémie – Pas pour que je me scarifie, non !

Madame – Bon, ben moi, je vais au lit sans manger ce soir ! Débrouillez-vous !

Noémie attrape une cuillère à soupe et essaie de se couper la peau de la main avec le manche.

 







13/03/2012
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