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Un après midi au Parthénon.




Un après midi au Parthénon.

 



 

Tous les mercredis après-midi, Ed les passait à la salle de musculation : le Parthénon. Un nom pas mégalo pour des adhérents pas nombrilistes !

Au Parthénon, il y avait deux classes de membres : ceux qui étaient dans les petits papiers d'Eve-Line, la cheftaine, et les autres, les péquenauds. Eux, au mieux, étaient dans les petits papiers… cul !

Ed faisait partie de la seconde catégorie : il n'avait donc pas droit au petit café « qui va bien », à la bise, aux questions sur le job, bref à tout ce que faisait la tôlière pour laisser croire à des gens qui la payaient qu'ils étaient ses amis !

Et Ed s'en foutait : il allait à la muscu pour faire de la muscu ! Après tout, il n'allait pas « deviser dans un salon de thé, nom de dieu » !

Cet après midi là, il avait décidé de travailler ses bras en superset. A cette heure, il n'y avait personne, c'était le moment d'en profiter. Il pouvait prendre tout le matériel dont il avait besoin. Il commença par les biceps : une série de curl haltères avec des charges de 22 kg ; six reps et trois minutes de pause plus tard, il engageait sa seconde série : deux haltères de 24 kg. Là, un adhérent lui mit un coup de pied au cul. Ed rata son cinquième reps et manqua de se faire tomber un haltère sur le pied.

« Ha ha ! Quand on n'est pas capable de faire du lourd, on va faire de la gym avec les gonzesses ! »

C'était Patrick! Le drôle !

Patrick était un « péquenaud », comme Ed. Il s'abusait sur sa prétendue place parmi les « petits papiers ». C'était surtout un kéké : gentil, mais il se la jouait comme pas permis. Il était toujours le plus fort : il vannait n'importe quel adhérent sur son manque de force et quand venait son tour pour la démonstration magistrale, il avait toujours un pet au cul ! Ou bien il n'en était encore qu'à l'échauffement (même quand il était dans les murs depuis trois quart d'heure) ou bien il avait mal quelque part et là, sa douleur pouvait varier d'emplacement au cour de la même séance : mal au genou, à l'épaule, aux lombaires… toujours dans l'incapacité – momentanée, bien sûr ! - de faire mieux ou au moins aussi bien que les types qu'il venait de vanner ! Sacré Patrick !

Quand Ed acheva sa troisième série – deux haltères de 26 kg et quatre reps dont une forcée – Patrick sortit du vestiaire.

« Alors : tu bosses quoi aujourd'hui ?

Ed – Les pieds !

Patrick, étonné – Les pieds ?

Ed, amusé – Mais non ! Tu vois bien que je bosse les bras…

Patrick, défait – T'es con ! – Il regarde les haltères - Combien t'as, là ?... – Il regarde de près – Hein ? 26 kg ?! T'es un fou, toi !

Ed, chrono sous les yeux – Non c'est juste que je viens pas beaucoup ces derniers temps alors j'essaie de me défoncer un peu, tu vois ?

Patrick, l'air secret – Tiens ! En parlant de défoncer, tu sais quoi ? Je t'avais dit que j'allais à une teuf à Bruxelles ?

Ed – Ouais…

Patrick – Eh ben figure-toi qui m'est arrivé une couille !

Ed – Alors  ça y est : t'en as enfin une !

Patrick, moqué – Putain, t'es con ! – Un instant - Non, sérieux : y m'est arrivé une sacrée merde !

Ed – Quoi ? C'était naze ?

Patrick – Arrête ! C'était énorme ! Tu vois, y'avait d'la techno, des meufs, de l'ecsta…

Ed – Désolé mais j'm'y remets – Il prend les haltères de 28kg.

Patrick – Ouais, ouais, vas-y… - Ed fait ses reps - Alors tu vois, j'ai pris des cachetons, j'ai bu des vodkas… putain ! J'savais plus où j'habitais ! Et là ? Devine !

Ed, l'air souffrant – Pff… et cinq… - Il laisse tomber ses haltères dans un fracas pas possible – Quoi ?

Patrick – Eh ben je tire une meuf !

Ed – Quoi ?

Eve Line – Qui c'est qui a fait ce bruit ?

Ed – Ah ! Non mais c'est moi… j'ai tombé mon haltère.

Eve Line – Ah bon ! J'ai cru que quelqu'un s'était fait tomber quelque chose dessus…

Patrick, à Eve Line – Non mais t'inquiète ! Il fait n'importe quoi ! – Il tape dans l'épaule d'Ed, sans doute un signe de connivence.

Ed, pour lui-même – Bon, allez : je tente une série de 30kg !

Patrick – Qu'est-ce que je disais, moi ? – Un court instant de réflexion – Ah oui ! Putain, je tire une meuf, mon gars. Mais là, tu vois, pas un boudin, hein ? Un pur canon !

Ed – Ah ben tout va bien alors ! – Il reprend son souffle.

Patrick – T'es fou ?! – Puis à voix basse – Je crois que j'ai attrapé le sida !

Ed, surpris – Quoi ? T'as pas mis de capote ?

Patrick – Non…

Ed, atterré – Pat ! A ton âge !

Patrick – Quoi à mon âge ?! J'ai que trente sept ans !

Ed – Non mais c'est pas ce que je veux dire ! C'est juste que ça craint de tirer des coups sans mettre de capote ! Tu devrais le savoir, quand même !

Patrick, encore un coup dans l'épaule – Non mais j'en avais, c'est juste que j'avais tout utilisé la veille, tu vois ? -  Un clin d'œil.

Ed, pantois – Je m'y remets…

Patrick – Ouais, vas y…- Ed fait ses trois reps à 30 kg – Je crois que je vais aller voir le médecin pour faire une prise de sang ! Putain, c'est la quatrième fois que ça m'arrive… mais tu vas voir qu'un de ces quatre, je vais me chopper une saloperie à force de la tremper partout !

Ed, exténué – Au fait, tu bosses quoi aujourd'hui ?

Pat – J'sais pas trop… je crois que je vais faire les triceps et les épaules !

Ed – Ok…

Pat – En plus, il faut que je fasse gaffe que ma meuf voit pas les résultats de la prise de sang !

Ed – Attends… - Il prend deux haltères de 10 kg pour faire une série longue afin de bien congestionner ses biceps meurtris – Une… deux…

Pat, persuadé qu'il ne captive pas l'attention d'Ed – Bon, je vais m'y mettre un peu moi…

 

 

C'est à ce moment précis que descendit de l'étage Philou. Un grand dégingandé qui avait du mal à quitter son costard pour enfiler un jogging tant il avait peur que ce dernier ne trahisse pas son statut social. Il était censé être cadre bien qu'il ne fut jamais clair sur la question autour de laquelle il faisait tout tourner. Eve-Line l'avait à la bonne et il savait qu'il pouvait se la jouer, elle n'était pas la dernière à lui donner la pareille. Alors qu'Ed enfilait les reps douloureusement, Philou vint saluer Pat et s'arrêta net pour regarder Ed faire.

Philou – 10kg… C'est tout ?

Ed, piqué – 21… 22… Quoi ? – Il pose ses haltères – Je viens de faire cinq séries de lourd, là !

Philou, l'air sceptique – Tu veux dire plus lourd que 10kg ? – Eclats de rire de Pat.

Ed, piquant – Tu veux bosser tes bras avec moi ?

Philou – Non, ça va… moi je bosse mes jambes aujourd'hui…

Ed, amusé – Je comprends ! T'as peur d'avoir les bras trop gros !

Pat, d'un coup dans l'épaule de Philou, un peu vexé – Il t'a crevé là !

Ed s'en alla à la poulie haute : il attrapa la poigné et la tira à la force des triceps. Comme la poulie démultiplie les charges, il commença par une série de 12 reps de 60kg. A ce moment, Pat décida de travailler en binôme avec Philou : tout compte fait, il travaillerait les jambes. Après tout, rien ne sert d'avoir un programme trop rigide quand on n'a pas de résultats. Pendant son temps de pause, Pat regardait Ed s'escrimer sur la poulie. Il hocha la tête en marmonnant quelque chose avant de s'en retourner sous la presse. Ed se demanda ce qu'il pouvait bien avoir encore à dire, cet hurluberlu !

C'est dingue ! Ils avaient beau être distants d'une bonne trentaine de mètres, Ed entendait les exploits de Philou : alors ça commençait par la  maison au bord de la plage que tous les voisins lui enviaient, naturellement ! Puis il était question du Nissan Qashqai qu'il envisageait de s'acheter en se posant une question cruciale : la version longue ou pas la version longue ? Bref.

Au moment où Ed commença ses reps à la poulie, à 80kg, Pat se radina une nouvelle fois et recommença son cirque : les poings sur les hanches, il secouait la tête comme pour dire non.

Ed, la moutarde au nez – Qu'est-ce qu'y a ?

Pat, à mi voix – N'importe quoi !

Ed – De quoi ?

Pat, à voix haute – N'importe quoi !

Ed – Quoi « n'importe quoi » ?

Pat – Tu fais n'importe quoi ! Tes avant-bras, tu dois les décoller du buste !

Ed – Mes bras tu veux dire ?

Pat, perplexe – Heu… c'est les bras, ça ? – Il désigne ostensiblement l'ensemble biceps-triceps, au cas où personne n'aurait remarqué qu'il avait de « gros » muscles – Putain ! Je confonds toujours !...

A ce moment, entra Albert, un intime de la tôlière.

Ed – T'es un bon, toi !

Pat – Non mais d'accord ! Pour les mots, j'suis pas bon ! Et puis en même temps, j'suis pas un médecin, moi ! Mais pour la muscu, je m'y connais ! Tu colles trop tes bras contre le tronc… Regarde comment il faut faire – Là, Pat se cambre fortement et commence l'exercice comme un pied.

Albert, en route vers les vestiaires – Ouh là ! Te baisse pas comme ça Pat, que je vais aux vestiaires !

Pat, intrigué – Et alors ?

Albert – Et alors ? Ca va se voir quand je vais sortir mon calbar !

Ed, à pat – Eh ! Tu veux pas aider ta fiancée à mettre son survêt ?

Pat - Putain ! Qu'est-ce que t'es con comme mec !

Ed – C'est sur que comme gonzesse, ça fait pas pareil !

Pat, agacé – Mais qu'est-ce que tu dis ?

Ed – Rien ! Donc, pour ta culture G : la poulie, ça se fait avec les bras collés le long du corps !

Pat, la tête dans tous les sens – N'importe quoi !

Jacques, un pote d'Ed – Salut l'ami !

Pat – Eh Jacot ! Pas vrai que la poulie ça se fait avec les bras décollés du tronc ?

Jacques, sec – Dis donc Patrick, mes parents m'ont pas baptisé pour te donner le loisir de me trouver des surnoms à la con ! – Jacques part dans les vestiaires se changer.

Pat, moqué – Qu'est-ce que j'ai dit ?

Philou, de loin – Bon, tu viens Pat ou quoi ?

Ed – Non mais t'inquiètes ! C'est pas grave si je fais n'importe quoi !

Jacques, à Ed – Tu travailles quoi, aujourd'hui ?

Ed – Les bras…

Jacques – Ca t'embête si je les fais avec toi ?

Ed – Non mais j'ai déjà fait les triceps…

Jacques – Pas grave : je vais commencer avec toi et je continuerai seul…

Ed – Ok…

Jacques, commence ses reps d'échauffement – Alors ce boulot ?

Ed – Bah ! C'est la merde !

Jacques – Pourquoi ? Les enfants sont pénibles ?

Ed – Ben c'est toujours pareil : t'as beau avoir 1000 gosses, t'en a vingt qui pourrissent tout et auxquels il ne faut rien dire sous peine de brusquer les pontes du bahut !

Pat regarde Jacques – Pfff… n'importe quoi !

Jacques, à Pat – Pour répondre à ta question, il faut les coller contre le buste, les bras !

Pat – Mais n'importe quoi ! Faut les décoller !

Ed – Mais qu'est-ce que ça peut bien te faire ? On est nul, on est nul !

Pat – Ah mais si t'as envie de travailler pour rien ! Je m'en fous moi !

Ed – Pour rien ? T'as qu'à voir la différence de nos bras respectifs pour voir qui bosse le mieux !

Pat, vexé au point de tourner les talons – N'importe quoi ! Je suis en pleine sèche, moi ! C'est pour ça que j'ai perdu des bras !

Ed, à Jacques – Et toi ? Toujours pas de taf ?

Jacques – Si ! Je participe à la restauration d'une église près de chez moi… tu verrais dans quel état elle est ! C'est pitoyable…

Eve-Line – Les gars : je monte à l'étage passer l'aspirateur ! Vous jetez un œil ?

Jacques - Ok !

 

 

A peine Eve-Line commença-t-elle à passer l'aspirateur qu'arrivèrent des minets flamboyants: avec eux, on était plutôt dans le haut du panier. D'ailleurs, il n'était besoin que de voir leurs sapes et leur assurance pour comprendre : les gugusses étaient carrément mieux fringués pour faire du sport qu'Ed ou Jacques de sortie le dimanche. Les trois beaux gosses traversèrent la salle en distribuant les bonjours avec une franchise à géométrie variable. Philou, lui, eu droit à une poignée de main ; Pat aussi pour l'occasion puisqu'ils s'entraînaient tous les deux. Jacques et Ed, en binôme eux aussi, eurent droit à de timides salutations lointaines et des regards en coin.

A ce moment entrèrent deux filles : pas moches, Pat les remarqua et alla les voir. Il jouait tellement les beaux gosses qu'il fallait vraiment qu'elles aient été myopes pour ne pas voir combien il était théoriquement baraqué !

Pat – Bonjour mesdemoiselles ! – Pat est tellement vouté avec les pecs contractés pour leur donner du volume qu'il a du mal à parler.

Une fille – Bonjour ! Je voulais avoir les tarifs d'inscription…

Pat, rigide du fait de sa position – Attendez… vous avez les dépliants avec les prix ici…

La fille – Merci… et comment ça se passe pour les cours de stretching ?

Pat, les pecs endoloris – Euh… je sais pas, je vais vous appeler la matrone ! – Il se met à crier à la stupeur de tout le monde – Eve-Line !

Ed, à Jacques – Putain ! Qu'est-ce qui lui arrive ?

Pat, plus fort - Eve-Line !

Jacques – Il peut bien crier, elle entend rien avec son aspirateur !

Pat, toujours dans la démonstration de virilité – Oh ! Eve-Line !

Lucas, un top parmi les tops, arrive – Salut Pat…

Pat, à Lucas – Salut mec ! Ca roule ? – Gueulante - Eve-Line ! Ooohhh !

L'aspirateur s'arrête net.

Pat, fier – Ah ça y est ! Je vais retourner à mon entraînement si vous n'avez plus besoin de moi ! – Pat part à la rencontre d'Eve-Line, tout fier – Je t'ai ferré deux clientes, tu me diras merci plus tard !

Eve-Line, devant tout le monde – Non mais ça va pas de gueuler comme ça ?

Pat, moqué – De quoi ?

Eve-Line  – Qu'est-ce qui te prend de gueuler comme un putois, là ? On a l'air de quoi dans cette salle ? – Elle se casse et va coir les deux clientes.

Pat, vexé, décide de retourner à ses moutons. Hélas ! Philou est parti s'entrainer avec les beaux gosses, des gars de sa condition sociale.

Pat – Oh ! Philou ! Qu'est-ce que tu fous ? Je t'attends, moi !

Philou – Non mais j'ai fini, je vais faire mes abdos avec Eric…

Pat, seul comme un pet – Ah ben d'accord…

Eve-Line, de retour – Ne recommence pas ta comédie de tout à l'heure, Pat ! On n'est pas chez les manouches ici !

Pat - Eve-Line, je t'appelais parce que t'entendais rien avec ton aspirateur…

Eve-Line  – Et alors ? Tu pouvais pas monter me chercher au lieu de gueuler comme ça ?

 

 

Eve-Line était furieuse après Pat mais le sourire lui revint en voyant Lucas sortir des vestiaires. Il était beau : pantalon de lin noir, débardeur cintré, chapeau posé de travers et de magnifiques Nike aux pieds. En fait, les péquenauds se demandaient toujours ce qu'il allait faire dans les vestiaires puisqu'il était toujours habillé exactement pareil à l'entrée et à la sortie. Eve-Line, après lui avoir tapé la bise, se mit à baver avec Philou et le groupe de garçons sur Pat et ses mauvaises manières.

Ed – J'ai mal au coude… je crois que je vais m'arrêter !

Jacques – Tu lèves trop lourd !

Ed – Je sais mais comme je viens pas beaucoup en ces moments, j'essaie d'en faire le plus possible…

Jacques – Ouais mais note que c'est comme ça qu'on se fait mal !

Ed – C'est vrai…

Pat – Mais il fait n'importe quoi !

Ed, agacé – Oh mais t'as pas fini de me casser systématiquement ?

Jacques – Il ne fait pas n'importe quoi, il soulève trop lourd ! C'est quand même pas pareil !

Eve-Line  alla voir des femmes arrivées pour l'entraînement collectif. A la vue des donzelles, le groupe 'in' devint très bruyant. Ah ! L'effet que produisent des femmes fertiles... Lucas se mit à danser comme Usher, devant le miroir, détail qui attira les regards féminins. Un des gars souleva, assis, deux haltères et se mit à crier. Son pote lui demanda, bien ostensiblement, s'il avait mal. Le type répondit.

Le type – Je jouis... je jouis… - Rire hystérique des autres.

Ed – Eh ben…

Jacques – C'est élégant, ça !

Eve-Line, attendrie, aux femmes – Ils sont pas sortables !  - Les gars se remettent à crier.

Pat, dégoûté – Attend : elle leur dit rien, à eux ?

Jacques, inattentif – Bon, allez : dernière série avant les abdos ! – Il fait ses reps.

Ed – Au fait, je te ramènerai le livre de Sévilla fin semaine si ça te dérange pas…

Jacques – Non ! Prends ton temps !

Pat – Le livre de qui ?

Les gars, en parlant d'une fille qui traverse la salle – Oh ! Elle est bonne celle-là !

Eve-Line, charmeuse et charmée – Chut les garçons ! Vous allez vous faire remarquer par les filles, là !

Ed – C'est pas mal, comme bouquin !

Jacques - Ah ! Moi, j'adore…

Pat – Mais qui ?

Lucas, en plein moonwalk – Vous me direz quand je pourrai prendre la poulie ?

Ed – Deux minutes et on te la laisse… - Lucas acquiesce.

Jacques – D'ailleurs : je voulais te demander quelque chose. Je voudrais faire un site internet pour y mettre des articles de mon cru. Tu sais comment on fait ?

Ed – Tu t'inscris chez un hébergeur et tu mets tes articles… Y'a pas grand-chose à faire !

Jacques – Et tu connais un bon hébergeur ?

Ed – Oui ! T'as Blog4ever qui est pas mal fichu. Moi je l'ai connu à ses débuts et j'en suis content !

Eve-Line, l'air mécontent – Dites les gars ! Vous parlez un peu trop fort, là ! Ca gêne les clientes !

Jacques – Comment ça on parle trop fort ? Et les autres, là, qui crient des obscénités ?

Eve-Line, sèche  – Non mais je vous le dis ! Point à la ligne ! – Elle s'en va.

Ed – Attends : elle plaisante là ou quoi ?

Jacques – Laisse tomber, va ! Je finis mes séries et je fiche le camp !

Pat – Ah ben voilà ! Y'a pas que moi !

Ed – Tu m'excuseras, Jacques, mais moi, je me casse !

Jacques – Tout de suite ?

Ed – Oui, j'ai pas envie de la déranger deux minutes de plus ! – Il s'en va vers les vestiaires.

 

 

Là, Ed commença à se changer. Les vestiaires étaient en bordel : il y avait de tout partout et surtout, ça puait les pieds comme pas possible. Ed changea son t-shirt quand un gars sortit de la douche. Il serra la main d'Ed sans cacher sa quéquette. Ed pensa, à ce moment, que le gars de la douche aurait gagné à être un peu plus pudique mais d'un autre côté, il avait l'air assez fier de sa tubulure !

Bref. Au moment de quitter les vestiaires, Pat y entra. Il commença à râler à propos d'Eve-Line et de sa manière de faire sentir qu'il y avait deux catégories d'adhérents. Ed lui répondit laconiquement de faire comme lui : dès que possible, il irait voir ailleurs. Puis il quitta les vestiaires.

Il s'en alla saluer Jacques puis il traversa la salle. Il passa près d'Eve-Line qui parlait avec Lucas : ils bavaient avec jubilation sur Pat qu'elle avait « remis à sa place ».

En sortant, Ed en lâcha une qui pourrit le hall d'accueil. Quand des pépettes entrèrent, ce fut le drame. Eve-Line  s'approcha pour comprendre le motif de leurs exclamations et confirma ce qu'elles disaient : ça puait la merde à plein nez ! « Mais d'où ça vient ? » se tourmentait-elle. Elle frôlait les adhérents les plus près du hall afin de savoir de quel cul venait cette odeur immonde. En pure perte.

Ed, dehors, tomba sur un collègue avec lequel il discuta sommairement. Ce qui ne lui ôta pas l'envie de rire. Eve-Line  était outrée : elle demandait à ses adhérents mâles lequel avait fait ça quand Jacques sortit.

Jacques – T'es pas parti ?

Ed – Non, je causais avec Tarik…

Jacques – On fait le chemin ensemble ?

Ed – Ok…

Jacques – Je sais pas qui s'est lâché, mais ça sent pas la rose dans l'entrée !

Ed – C'est moi ! Elle avait qu'à pas me faire chier !

Jacques, hilare – T'as osé !

Ed – Que veux-tu ? Je manque pas d'air… et puis elle m'a gonflé cette connasse !

Jacques – Je ne comprends pas ce qui lui a prit !

Ed – Mais rien, c'est une connasse, c'est tout ! Et je peux te dire que c'est la dernière fois qu'elle vient me chier sur la gueule !

Jacques – M'enfin… là, c'est plutôt toi qui lui a fait dessus si tu veux mon avis !

Ed – Mouais… je regrette juste que ça ne m'ait pas prit plus tôt !

Jacques, amusé – Dis : tu fais quoi maintenant ?

Ed – Rien, pourquoi ?

Jacques – Ca te dis d'aller boire un verre ?

Ed – Ouais… carrément !

Jacques – Je vais juste me chercher des cigarettes si ça ne t'embête pas !

Ed – Vas-y, je t'attends dehors ! – Le portable sonne – Allô ? - … - Ouais ! Comment ça va ? - … - Non, là je suis avec un pote en ville…

Un type arrive nez à nez avec Ed – Une pièce !

Ed, toujours au téléphone – Comment ? - … - Ah merde ! Et c'est grave ?

Le type – Oh ! Tu me donnes une pièce !

Ed fait un geste de la main pour lui signifier d'arrêter – Et il entre à l'hôpital quand ?

Le type insiste et écarte la main d'Ed – Oh ! Tu m'donnes un' pièce ?

Ed, hors de lui – Eh ! Mais tu vois pas que je suis au téléphone ?

Le type lui rit au nez – Et ton sac à dos, là ! Tu me le donnes ?

Ed – Attends : je te reprends dans deux secondes ! – Au type – De quoi ?

Le type regarde son ami, derrière Ed – L'sac, là ! Tu m'le donnes ! – Il attrape l'anse du sac à dos.

Ed, d'un cri – Lâche-moi j'te dis !

L'ami – Hé ! Qu'est-ce qu'il a l'monsieur ?

Le type, à Ed – J'te parles bien moi ! Pourquoi tu me manques de respect ?

Ed, surpris par le surgissement de l'ami – Tu te fous de moi ? T'es là, à me gonfler depuis tout à l'heure et t'essaies de me piquer mon sac !

Le type, nez à nez – Qu'est-ce t'as ?

Ed l'attrape par le col – Vas-y ! Cass'moi les couilles pour voir !

L'ami essaie de l'attraper à son tour mais Ed le déstabilise d'une main.

Ed – Vas-y ! Barre-toi guignol ! Barre-toi avant que je te démolisse la gueule !

Jacques sort de chez le buraliste – Qu'est-ce qui se passe ? – Les deux types ont l'air embarrassé.

Le type – De quoi tu te mêles, toi ?

Jacques, serein – Eh ben je me mêle de mes affaires : c'est mon pote que vous ennuyez, et puis… on est deux et plus costauds que vous. Alors à vous de voir !

Le type regarde Ed – T'as de la chance pour cette fois ! Mais on se reverra !

Ed – Ben vas-y, on n'a qu'à régler ça maintenant, mariolle !

Le type – De quoi ?

Son ami fait mine de le retenir. Il n'a pas besoin de forcer beaucoup.

Le type – Toi, t'es mort !

Ed – Ouais ! De rire ! Allez, barre-toi ! Profites de ce que ton pote fait semblant de te retenir !

Jacques et Ed regardent les deux gars s'en aller.

Jacques – Bon, on va se le boire ce pot ?

 

 





22/04/2011
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