SEVICE PUBLIC

Ed – Tu trouves ça normal, toi, qu'ils s'amusent à toucher une gamine sans son consentement et qu'ils s'en tirent avec le même tarif qu'un abruti qui se bagarre pour la deuxième fois ?
Anne Marie – Attends, t'as pas besoin de me convaincre sur le fait que le geste est très sous estimé ! J'ai entendu parler les chefs et pour eux, ça reste une bêtise mais ils la prennent avec la bienveillance due à des bêtises d'enfants ! Non, ça, ça passe pas ! Par contre, ce que je veux dire, c'est qu'on doit pouvoir trouver une sanction sévère mais qui fait sens ! Parce que là, ils gagnent une semaine de vacances aux frais de la princesse. Après, de là à les virer définitivement, je trouve que c'est dur et que ça manque de sens.
Ed – Non mais ce serait un gamin qui aurait collé une main au cul, comme ça, en passant, soit : mais là, Anne Marie ! Ils l'ont peloté à plusieurs, ils l'ont harcelée, menacée en groupe… Si ça, ça ne mérite pas une exclusion définitive, il faut placer la barre où ? Au premier viol ?
Aurore – Ce que veut dire Anne Marie, c'est qu'on devrait trouver une sanction qui les amène à penser à ce qu'ils ont fait ! Parce que là, ce que tu proposes, c'est les virer mais non seulement ils ne comprendront pas pourquoi ils se sont fait gicler, mais en plus ils recommenceront dans le nouvel établissement…
Ed – Mais vous proposez quoi comme sanction ?
Aurore – Je reconnais que là, tout de suite, je ne saurais pas quoi proposer… Mais ce qui est sûr, c'est qu'on doit tenir compte de leur avenir.
Ed - Je me préoccupe pas trop du sort de petits pourris à vrai dire ! – Silence de tout le monde.
Tony – Il a pas tort… quel message on adresse aux garçons qui seraient tentés de faire la même chose ?
Monsieur Dufour entre, accompagné de madame Bretelle - …en tous cas, on a réussi à se faire entendre !
Madame Bretelle – C'était pas gagné ! – Aux surveillants – Bon, je viens vous voir pour vous dire qu'Anthony et Sébastien sont exclus pour la semaine et que les autres ont pris deux jours d'exclusion interne : donc vous devrez leur trouver des choses à faire et surtout leur faire prendre leurs pauses déjeuné et leurs récréations seuls.
Aurore – Madame Bretelle, vous savez qu'on ne peut rien faire avec Dahlia et Ludovic… les autres à la limite…
Madame Bretelle – Non mais je vais leur parler avant, ils ne feront pas de problèmes.
Anne Marie – Je peux poser une question ?
Monsieur Dufour – Allez-y…
Anne Marie – Qui a décidé des sanctions ?
Madame Bretelle – C'est l'équipe de direction pourquoi ?
Anne Marie – Je trouve la peine un peu inadaptée, franchement.
Monsieur Dufour – Alors je sais que ces histoires d'abus commis sur les filles vous dérangent mais on ne peut pas non plus leur mettre la tête sur le billot !
Madame Bretelle – Non mais faut arrêter maintenant !
Anne Marie – Ah mais moi, je ne demande pas leur tête sur un billot, je me demande juste si une semaine d'exclusion en interne pour Sébastien et Anthony n'aurait pas été plus appropriée, c'est tout !
Aurore – Elle a raison : là on garde en interne les élèves qui ont fait le moins grave et on va leur faire faire des travaux d'intérêts généraux… ça va leur servir à rien !
Madame Bretelle – Et alors ? Vous préfèreriez qu'ils se la coulent douce chez eux ?
Aurore – Non ! Justement ! Ce qu'on veut vous dire, c'est qu'on aurait pu garder les quatre en interne et leur faire faire des ateliers violences et des choses de ce genre afin de leur faire prendre conscience de la gravité de leur faute !
Anne Marie – C'est ce que je veux dire ! – Acquiescement de Tony.
Monsieur Dufour – Je suis d'accord avec vous mais on avait à convaincre madame la principale et ça n'a pas été le plus facile…
Aurore – Pourquoi ? Elle voulait les virer ?
Monsieur Dufour – Si on l'avait écoutée, elle les virait tous ! Donc on a réussi, avec monsieur Vandeputte à la convaincre de leur donner une sanction adaptée et surtout leur laisser une chance !
Ed – M'enfin, des chances, ils en ont eu quelques unes, quand même !
Madame bretelle – C'est ça l'éducation Edouard ! C'est laisser une chance en espérant que l'élève comprenne où est son intérêt.
Ed – Et celui de la gamine qui est encore barricadée chez elle ?
Monsieur Dufour – Ed, Ed, Ed ! On peut pas couper toutes les têtes qui dépassent du rang !
Ed – Je vois pas pourquoi…
Monsieur Dufour – Je vous rappelle à tout hasard que croire en l'éducation, c'est croire en l'avenir des enfants !
Ed – Oh mais j'y crois en l'avenir des gosses : mais plutôt de ceux qui se font cogner dessus… les autres m'intéressent beaucoup moins, déjà !
Madame Bretelle – Dites, puisque vous excellez à prononcer des peines lourdes, vous vous êtes posé la question de savoir à quel point la gamine, comme vous dites, était responsable ?
Ed – Non mais je sens qu'on ne va pas tomber d'accord sur ce coup là !
Madame Bretelle – Alors moi, je vais vous dire : on a une gamine, comme vous dites, qui parle de cul à longueur de temps, qui s'habille avec un style tout à fait discutable et on a en face des garçons en pleine puberté qui sont travaillés par leurs hormones ! Moi, ça ne m'étonne pas que ça finisse mal !
Ed – Ok ! La femme sapée comme une pute se fait violer si je comprends bien !
Madame Bretelle – Je vous fais remarquer qu'il n'y a pas eu viol !
Monsieur Dufour – Ed : vous n'avez jamais mis une main aux fesses ?
Ed – C'est pas une main aux fesses, là ! Il y a pelotage malgré un refus et menaces de toute la bande ! C'est grave, là, je suis désolé !
Madame Bretelle – Et si Myriam ne les excitait pas à tout bout de champ, elle n'en serait pas là, et les autre non plus d'ailleurs !
Monsieur Dufour – Alors je laisse à madame Bretelle la responsabilité de ses propos mais je suis d'accord avec elle sur le fait qu'en tant qu'éducateurs nous avons pour devoir de faire quelque chose de ces élèves ! On ne peut pas les laisser sur le carreau ! Je suis désolé ! Adulte, ils n'auront plus aucun filet en cas d'erreur et la société ne les loupera pas ! Là, à l'âge qu'ils ont, je crois qu'on a encore le temps pour les considérer comme irrécupérable ! – Tony acquiesce.
Ed – Vous partez d'un principe : qu'ils comprendront ce qu'ils ont fait…
Madame bretelle – Bien sûr qu'ils vont comprendre ! Ils ne sont pas idiots non plus !
Ed – Je ne parle pas de bêtise justement mais de conscience ! C'est une attitude récurrente chez eux : ils pensent qu'ils peuvent se faire plaisir aux détriments des autres et je crois que la seule façon de leur faire comprendre quelque chose après toutes les chances qu'ils ont eu, parce qu'ils en ont eu quelques unes, quand même, c'est de les cogner assez fort pour les rétamer ! A moins, ils ne comprendront rien…
Tony, à Anne Marie – Je vais m'en fumer une, tu viens ?
Anne Marie – Je te suis…
Tony, dehors – Je sais plus quoi penser moi, de cette histoire !
Anne Marie – Comment ça ?
Tony – Tout à l'heure, quand vous parliez, toi, Aurore et Ed, j'avais l'impression qu'il avait raison et qu'il fallait virer ces élèves… maintenant, après avoir écouté madame Bretelle et surtout monsieur Dufour, je me dis que la solution, ce n'est certainement pas de virer ces élèves…
Anne Marie – Ed est persuasif… surtout qu'on n'avait pas de proposition nette à lui opposer ! L'histoire d'exclure en interne les deux zozos pour leur faire faire des ateliers, ça nous est venu comme ça, dans la discussion… alors qu'Ed avait un propos tranché dès le départ.
Tony – C'est vrai… La vache ! Faut vraiment faire gaffe si on ne veut pas être convaincu par des idées qui n'expriment pas notre fond…
Anne Marie, paniquée – Le portail – Tony sursaute – On va se louper le portail !
Tony part en courant – J'y vais ! – Il court comme un dératé et retrouve Ed et le reste de l'équipe au portail.
Ed – Qu'est-ce qui t'arrive ?
Tony – J'ai cru que je m'étais chié le portail !
Ed – Non mais c'est bon, j'y allais… - Soudain – Regarde qui est devant le portail !
Tony voit Antony et Sébastien – Je sais bien…
Ed – La voilà leur énième chance !
Anthony – Eh ouais ! On se débarrasse pas de nous comme ça !
Sébastien – Hé hé…