SEVICE PUBLIC

60. La science des rêves.




60. La science des rêves.

 

 

MERCREDI 06 MAI.

 

 

 

Arrivé au troisième étage par les escaliers de secours, Tony fit une halte pour reprendre son souffle. Alexis avait certainement détalé dans le couloir en le voyant monter ! Tony se sentit prit entre la colère et la tristesse. Un merdeux de sixième le faisait courir depuis dix minutes, lui qui s’essoufflait  pour un rien. Lui qui aurait pu faire tant de choses de sa vie. Si seulement tout ne s’était pas ligué contre lui. A moins qu’il ait tout raté de son propre fait…

Dans les flots houleux de son esprit fatigué, il se pencha au dessus du parapet et contempla la cour de haut un bon moment. En redescendant, il croisa Noémie un couteau à bout rond à la main.

Tony – Ah ! Noémie ! Y’a madame Sauzéon qui veut te voir.

Noémie – Pourquoi ?

Tony – J’en sais rien. Elle veut te voir, c’est tout !

Noémie – Quand ?

Tony – Maintenant.

Noémie – Je suis obligée d’y aller ?

Tony – Un peu oui ! Elle t’appelle au micro depuis un quart d’heure !

Noémie – Je fais quoi ?

Tony – Mais… tu y vas !

Noémie – Je peux pas y aller cet après-midi ?

Tony – Non, elle veut te voir maintenant ! Et puis cet après-midi, y’a pas cour ! Tu risques pas de la voir !

Noémie – Je peux pas y aller demain ?

Tony, agacé – Non mais… tu le fais exprès ? Je viens de te dire que c’était pressé ! C’est pas pour te dire d’aller la voir demain, bon sang !

Noémie, vexée – C’est bon ! J’peux pas deviner ! – Elle va à la vie scolaire.

Quand Noémie entre dans la vie scolaire, Jules fait remarquer avec insistance à Aurore que « ça sent les pieds » ; remarque à laquelle elle répond que la faute en incombe aux hormones. S’ensuit alors une discussion tout à fait passionnante sur la responsabilité des hormones dans le fait que souvent, là où il y a des ados, ça pue.

Madame Sauzéon – Bonjour Noémie…

Noémie – Qu’est-ce que j’ai fait ?

Madame Sauzéon – Je t’ai convoqué pour cette histoire de viol.

Noémie – Ah…

Madame Sauzéon – Alors voilà : j’en ai parlé à certaines personnes. Je dois en avoir le cœur net : si tu as été violée, il faut porter plainte mais il faut que tu sois sûre de toi…

Noémie – C’est-à-dire ?

Madame Sauzéon – Eh bien, il faut que tu sois sûre qu’il s’agit d’un viol parce que parfois tu racontes des choses… bon : on n’est pas toujours certains que tu en rajoutes pas.

Noémie, un mine déconfite – Non mais j’ai été violée plusieurs fois… je sais ce que je dis quand même !

Tony entre dans la vie scolaire – Madame Sauzéon, impossible de trouver Alexis…

Monsieur Dufour, depuis son bureau – Il est dans mon bureau Alexis. Qu’est-ce que vous lui voulez ? – Tony, défait, met sa main sur les yeux : voilà vingt minutes qu’il lui court après et il apprend que ledit fuyard est assis bien gentiment chez son protecteur… Madame Sauzéon, avec sincérité, lui adresse un petit haussement d’épaules, le regard compatissant.

Madame Sauzéon – Attendez deux minutes ! – A Noémie – Tu es sûre de ce que tu me dis ? Parce que si tu as menti, tu risques de gros problèmes, tu sais ?

Noémie – Comment ?

Madame Sauzéon – Tu risques de passer devant un juge et un tas d’autres soucis…

Noémie – Non mais en fait…

Madame Sauzéon – En fait ?

Noémie – Je sais pas comment dire… mais…

Tony – Mais parle Noémie !

Noémie – En fait c’est pas un viol… c’est juste qu’on a niqué…

Madame Sauzéon – Ecoute Noémie ! Y’a d’autres mots pour dire ces choses !

Noémie – De quoi, le viol ?

Madame Sauzéon, exaspérée – Mais non ! Le reste !

Noémie – Ah ! La nique ?

Madame Sauzéon, défaite – Laisse ça ! – Elle marque un temps comme pour reprendre son souffle - Bon, tu es sûre que ce n’était pas un viol ? - Noémie secoue la tête pour faire oui – Tu sais qu’il ne faut pas mentir sur des sujets aussi graves Noémie ! – Silence de l’intéressée – Non seulement parce que quand ça arrive, on ne croit plus les jeunes filles mais en plus parce que tu peux faire accuser un garçon pour rien ! Tu te rends compte ? – Noémie regarde le nez de Tony – Bon… Tony, je vais voir l’A.S. pour la prévenir…

Tony – Ok… Allez Noémie, tu sors de la vie scolaire… - Ils sortent – Je comprends pas pourquoi tu nous as baladé !

Noémie – Mais non mais tu comprends pas…

Tony – Je comprends pas quoi ?

Noémie – J’ai dit que j’avais niqué parce que si je dis que c’est un viol… - Elle se tait en regardant ses orteils qui sortent de ses nu-pieds.

Tony – Eh ben ?

Noémie – J’ai peur que mon violeur y vienne me tuer si je dis la vérité, figure-toi !

Tony – Tu as entendu ce que t’as dit madame Sauzéon tout à l’heure ? On ne peut pas se permettre de parler de ces choses à la légère…

Noémie – Mais putain ! Puisque je vous dis que je me suis fait violer ! J’en ai marre que personne me croye !

Tony – Bon… allez, je retourne à la vie sco moi parce que pour ce que je sers ! – Il rentre ; à un couple – Bonjour ! Je peux vous aider ?

La femme – Oui, y’a une madame Souzéon qui nous a demandé de venir.

Tony – Madame Sauzéon…

Madame Sauzéon entre – Ah ! Vous êtes monsieur et madame Bayle ?

Le père – Euh…

La mère – Y’a un problème avec notre fille ?

Madame Sauzéon – Eh bien voilà ! Votre fille a un comportement préoccupant et depuis quelques jours, et les choses empirent…

La femme – Comment ça ?

Madame Sauzéon – Vous êtes au courant d’une histoire de viol ?

La femme – Comment ça de viol ?

Madame Sauzéon – Eh bien votre fille a raconté aux surveillants qu’elle avait été violée et qu’elle était tombée enceinte…

La mère – Ah mais je sais ça !

Madame Sauzéon – Comment ça ?

La mère – C’était un rêve ! – La CPE et Tony se regardent bizarrement – Elle s’est levée un matin et elle m’a raconté ce rêve qu’elle avait fait. Elle a du en parler à vos pions mais ils n’ont pas du bien comprendre !

Madame Sauzéon - Attendez ! Le surveillant en question, le voici !

Tony – Moi, elle m’a parlé d’un viol ! Il n’a jamais été question d’un rêve…

Madame Sauzéon - Et elle est venue m’en parler juste après…

La mère – Mais ce n’est pas possible ! Moi, elle m’a dit que c’était un rêve !

Tony – Et moi, je vous assure qu’elle nous a parlé d’un viol !

Madame Sauzéon – Et pas en rêve ! C’est quand je lui ai dit, tout à l’heure, qu’elle risquait de gros problèmes en cas de mensonges, qu’elle s’est rétracté pour nous dire qu’elle avait eu de simples rapports…

La mère – De quoi ?

Tony – Et moi, elle m’a dit qu’elle avait menti par peur des représailles de son violeur !

La mère, à son mari – C’est pas possible !

Le mari – Je sais pas…

La mère – J’ai du mal à croire qu’elle ait pu raconter quelque chose comme ça !

Madame Sauzéon – Ah bon !... Mais… vous savez, c’est pas la première fois quand même !

La mère – Comment ça, c’est pas la première fois ?

Madame Sauzéon – Tony : vous pouvez aller me chercher Noémie s’il-vous-plaît ?

Tony – J’y vais.

Madame Sauzéon – Disons que ça lui arrive assez souvent de nous raconter des histoires…

Le père – Et comment ça se fait qu’on ne soit pas au courant ?

Madame Sauzéon – J’aimerais bien le savoir !

Tony – La voilà ! – Noémie est blême à la vue de ses parents.

La mère – Qu’est-ce que c’est que cette histoire de viol Noémie ? – Noémie bredouille – Les surveillants et la CPE disent que d’après toi ce n’était pas un rêve ! – Noémie ne sait pas quoi dire.

Le père – Il va falloir t’expliquer un peu, là !

Noémie – Non mais c’était un rêve !

La mère – Ah ! C’est bien ce que je disais !

Madame Sauzéon – Attends ! Tu nous as jamais dit que c’était un rêve !

Noémie – Si… en fait je me suis mal expliqué ! C’était un rêve mais comme ça m’a traumatisé de rêver de ça, j’en ai parlé à Tony mais je me suis mal expliqué !

Tony – De quoi ?

Noémie – Non mais c’est ma faute si t’as pas compris !

Tony, dans sa barbe – Génial ! En plus d’être un minable, je passe pour un con !

 








04/05/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres