SEVICE PUBLIC

Monsieur Dufour – Ah ! Tony, vous étiez où ?
Tony – Aux toilettes avec Noémie… - Regards pleins d’amusement des autres – Non ! Je voulais dire…
Monsieur Dufour, rictus en coin – Ecoutez : moi je ne veux rien avoir à faire avec ça ! – Rires des autres – En tous cas, je vous présente vos nouveaux collègues : Jules et Aude.
Madame Sauzéon – Comme ça, on ne vous entendra plus râler comme quoi vous êtes en sous-effectif !
Monsieur Dufour – Bon, je compte sur vous pour leur montrer ce qu’ils ont à faire.
Tony, à Jules – Je vais surveiller la cour : tu viens avec moi ?
Jules – Ok…
Alexis et Dahlia se roulent une pelle dans la cour.
Olaf, l’air étonné – Eh ! Vous sortez ensemble, vous ?
Dahlia, le cri rauque – Va t’branler, toi ! – Ricanements d’Alexis.
Olaf, vexé – Eh mais vas-y ! Comment tu m’parles, là !
Alexis – Qu’est-c’t’as bizut?
Jules - Va y’avoir une bagarre je crois…
Tony – Où ça ?... Merde ! – Ils partent comme des flèches. Les deux élèves se battent : coup de tête d’Olaf sur le faîte du crâne d’Alexis. Olaf s’éclate le pif sans déstabiliser son challenger. Ce dernier riposte d’un coup de pied dans les obliques puis deux coups de poings : un dans la figure et un autre dans le dos. – Vite ! Vite ! - Dahlia achève Olaf à terre les jambes écartées d’un coup de pied dans les testicules.
Tony – Oh ! Arrêtez ça tout de suite !
Jules, regardant la situation se désagréger – Dans quoi je suis tombé, moi ?


Gina – Allez, encore 600 courriers à mettre sous plis !
Anne Marie étonnée – 600 ?! Ca n’en finit pas, dis ! – Le téléphone sonne. Aude, à côté, ne répond pas.
Gina – Euh… Aude ! Tu peux répondre s’il-te-plait ? On est occupée, nous…
Aude, nonchalante – Ah ?... Je pensais pas que j’avais le droit de répondre au téléphone.
Gina – D’accord mais fais vite !
Aude – Allô ?
Gina, à Anne Marie – Je rêve là ou quoi ?
Aude – Attendez deux secondes… - Elle pose le combiné et quitte la vie scolaire.
Gina – Mais qu’est-ce qu’elle fait ? – Elle attend quelques instants – Elle est où bon sang ? – Elle saisit le téléphone – Allô ?
Monsieur Vandeputte – Qu’est-ce qui se passe, là ? Elle est où la personne qui m’a répondu ?
Gina – Euh… elle arrive… je peux vous aider ?
Monsieur Vandeputte – Oh mais c’est une plaisanterie ma parole ! Je voulais juste savoir où étaient les CPE !
Gina – Ils sont en rendez-vous avec des parents d’élèves…
Monsieur Vandeputte – Merci ! Il m’a fallu plus de cinq minutes pour avoir la réponse ! – Il raccroche sèchement.
Gina, à Anne Marie – Elle est passée où ? – Elle se remet à ses enveloppes quand, au bout de dix minutes revient Aude.
Aude, l’air étonné – Qui c’est qui a raccroché le téléphone ?
Gina – C’est moi, après avoir renseigné monsieur Vandeputte ! Tu étais où, toi ?
Aude – Ben partie voir où étaient les CPE pardi !
Gina, l’air hébété – Mais… partie où ?
Aude – Eh ben j’ai fait tout le collège !
Gina – Mais… mais on ne laisse pas quelqu’un en plan au téléphone Aude !
Aude – Et comment tu voulais que je sache où étaient les CPE ? Faut bien que j’aille voir !


Madame Sauzéon – Excusez-moi de vous déranger Jules mais je voudrais demander quelque chose à la permanence… - Aux élèves – Est-ce qu’il y a des élèves de quatrième B ?
Quelques élèves, dans le bazar – Oui…
Madame Sauzéon – Est-ce que l’un d’entre vous peut me prêter son cahier de cours de maths pour faire des photocopies à un élève malade ?
Un garçon de 4B – J’ai mon cahier madame ! – Brouhaha.
Jules, sec – Je vous rappelle que vous êtes en permanence, alors je voudrais un peu de calme !
Un élève – C’est bon ! C’est la CPE qui nous demande un cahier !
Jules, coupant l’intervention de la CPE – Oui, elle vous a demandé un cahier, pas de bavarder à tout va !
L’élève – Mais oui, c’est ça !
Jules – Ton nom je te prie ? – Le silence revient dans la permanence.
L’élève – Nick Lemaire…
Jules – Alors Nick : je vais te dire une chose pour la première et dernière fois. Je suis correct, alors j’attends de toi la même chose, d’accord ?
Nick – Ouais mais t’as vu comment tu nous parles ?
Jules – Et oui ! Je vous donne des ordres ! Mais ça n’a rien à voir avec de l’irrespect : je suis un adulte et un assistant d’éducation qui plus est ! Ce qui veut dire que je ne fais que mon travail et que toi, en répondant, tu ne restes pas à ta place ! Il faut apprendre à faire la différence, Nick, entre un adulte qui vous réprimande et un autre enfant qui vous crie dessus !
La permanence, moqueuse – Mouah… un « enfant » !
Jules, sec – Un « enfant » ! Oui ! Parce que c’est ce que vous êtes encore : des enfants ! – Silence de la permanence.
Madame Sauzéon sort de la vie scolaire avec le cahier et croise son collègue – Te voilà Christian ! Dis donc, il a pas l’air mal le nouveau !
Monsieur Dufour – Ah mais il est majeur ! Tu peux faire ce que tu veux avec lui !
Madame Sauzéon, mouchée – Mais que t’es bête ! – Ricanements diabolique du CPE.


Monsieur Dufour – Alexis ! Je ne pourrais pas toujours t’empêcher d’être exclu du collège !
Alexis – J’m’en fous d’être viré !
Monsieur Dufour, énervé – Tu t’en fous ! Pauvre imbécile, va ! Ca te suffit pas de voir tes deux frères en prison que tu veux finir pareil ?
Alexis – Alexandre, il a pas été en prison…
Monsieur Dufour – Ah non ! Il a juste fait deux jours de garde à vue ! – Il va dans la vie scolaire – Aude : vous pouvez venir me voir s’il-vous-plaît ? – A Alexis – Si tu me mens, j’appelle ton père qu’il vienne te chercher sur le champ, je te préviens !
Aude – Oui ?
Monsieur Dufour – Ce jeune homme que voici me dit que vous l’auriez… Alors j’emploie bien le conditionnel, hein ? Soi-disant que vous l’auriez laissé sortir sans son carnet de correspondance…
Aude – Ben oui ! Il m’a dit qu’il n’avait plus cours…
Monsieur Dufour – Et vous l’avez cru ?
Aude – Ben oui, pourquoi ?
Monsieur Dufour – Parce qu’il a séché tous les cours de l’après-midi ! – Silence d’Aude – Vos collègues ne vous ont pas expliqué que vous ne deviez en aucun cas laisser sortir des élèves sans carnet de correspondance ? – Silence d’Aude – Vous vous rendez compte que nous engageons notre responsabilité ?
Aude – Ben je savais pas moi…
Monsieur Dufour regarde les plannings – Qui était de portail hier à midi ?... Anna ! Anna, vous pouvez venir dans mon bureau je vous prie ?
Anna – Oui ?
Monsieur Dufour – C’est vous qui étiez au portail, hier ?
Anna – Oui…
Monsieur Dufour - Vous savez que je ne veux pas qu’on laisse les nouveaux seuls au portail ?
Anna – Je l’ai pas laissée… elle n’était même pas avec moi !
Monsieur Dufour – Attendez ! Je ne comprends plus rien moi !
Alexis – Mais je vous l’ai déjà dit ! Je suis allé voir Aude dans la cour et je lui ai dit qu’Anna voulait pas me laisser sortir juste parce que j’avais pas mon carnet de correspondance ! Du coup, elle m’a fait faire le tour et je suis sorti par l’accueil…
Monsieur Dufour, à deux doigts de la crise cardiaque – C’est vrai ?
Aude, innocente – Ben oui, pourquoi ?
Monsieur Dufour sort de son bureau furax et croise sa collègue – La nouvelle, je crois que je vais me la faire, c’est pas possible !
Madame Sauzéon, amusée – Elle est pas un peu jeune pour toi ?