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56. Le Boulet.



56. Le Boulet.

 


LUNDI 27 AVRIL.

 


Madame Sauzéon – Bonjour Tony…

Tony – Bonjour – La bise – Alors, comment ça va ?

Madame Sauzéon – Eh bien les os de mon bras se sont cassés en spirale. Du coup, j’ai du passer sur la table d’opération pour qu’ils m’enlèvent quelques esquilles…

Tony – Et ça vous fait encore mal ?

Madame Sauzéon – Non ! Ca va mieux ! Ca m’a fait horriblement souffrir mais ça va mieux ! – Le téléphone sonne.

Tony – Allo ?... Oui, elle vient d’arri… d’accord !

Madame Sauzéon, les yeux au ciel – Qui c’est encore ?

Tony – Monsieur Vandeputte : il me dit qu’il veut vous voir avant l’ouverture du collège…

Madame Sauzéon – Il peut pas me laisser cinq minutes ! C’est pas possible ! – Elle sort et croise une femme, l’air fermé, qui entre à la vie scolaire.

Tony – Bonjour madame. – La femme ne répond pas – Je peux vous aider ?

La femme – Je viens pour la colle de ma fille ! Je vous préviens, j’ai des comptes à régler !

Tony – La colle de votre fille ?

La femme – Oui ! La colle de ma fille, oui ! Yolande !

Tony – Ah…

La femme – Où il est le gros, là ?

Tony, soufflé – Qui ça ?

La femme – Le gros, le CPE qui a collé ma fille !

Tony – Il va arriver…

La femme – Bravo ! Je vois que les élèves sont punis quand ils arrivent en retard par contre, les adultes, ils font ce qu’ils veulent ! C’est la fête !

Tony – Mais il n’est pas en retard ! Il est huit heures…

La femme – Et alors ?! Il devrait pas être là à huit heures, votre CPE ?

Tony – Ben le voilà !...

Monsieur Dufour – Bonjour…

Tony – Bonjour … la dame souhaiterait vous voir…

La femme, sur un ton très sec – Oui ! La dame souhaiterait vous voir !

Monsieur Dufour – Ah… euh… c’est urgent ? Parce que là, moi, je dois…

La femme – Oui c’est urgent ! C’est pour la colle de ma fille !

Monsieur Dufour – Ah ! Mais vous êtes la mère de Yolande ?

La femme – Oui ! Je suis la mère de Yolande, comme vous dites ! Et je vous préviens que cette histoire de colle, ça va pas se passer comme ça !

Monsieur Dufour, zen – Alors écoutez-moi madame : nous allons aller dans mon bureau…

La femme, très offensive – Allons-y ! – Ils entrent dans le bureau.

Monsieur Dufour – Alors : si j’ai collé…

La femme – Je vous préviens qu’elle fera pas sa colle !

Monsieur Dufour – Mais vous croyez lui rendre service en la déresponsabilisant ainsi ?

La femme, hurlante – Je vous permets pas de parler de ma fille comme ça !

Monsieur Dufour – Excusez-moi mais je crois qu’on va écourter cette conversation parce que là, moi, je  me sens pas dans mon rôle !

La femme – Très bien ! Il vaut mieux qu’on arrête là parce que ça va mal tourner ! Mais je vous préviens que ma fille, elle fera pas sa colle !

Monsieur Dufour – Faites comme vous voulez ! Cela dit, ne comptez pas sur moi pour annuler sa colle ! Je la maintiens et si elle ne vient pas, elle sera en faute ! A vous de justifier ça, par la suite !

La femme – Je vais venir avec mon mari, vous allez voir si vous lui enlevez pas sa colle !

Monsieur Dufour – Oh mais vous pouvez me menacer, ça ne changera rien du tout !

La femme – Mais qu’est-ce que vous avez après ma fille ?

Monsieur Dufour, énervé – Mais rien ! Elle a été punie à cause de son comportement, c’est tout ! Maintenant, si vous ne voulez pas comprendre, ce n’est plus mon problème ! Au revoir madame !

La femme, un ton plus haut – Mais qu’est-ce qu’elle a fait de si terrible, alors ?

Monsieur Dufour, à bout – Qu’est-ce qu’elle a fait de si terrible ? Vous plaisantez là ?! Elle a juste fait punir un élève, c’est tout !

La femme, incrédule – Elle a fait punir un élève ?

Monsieur Dufour – Je vous ai expliqué tout ça dans son carnet de correspondance ! Elle a demandé à un élève de la frapper pour rentrer chez elle et éviter le cross de vendredi ! – La femme a l’air étonné – Vous n’avez pas vu son carnet ?

La femme, calme – Si, si… mais Yolande m’a dit que ca c’était pas passé comme ça…

Monsieur Dufour – Voilà le problème : vous ne croyez pas les éducateurs et vous faites confiance les yeux fermés à votre fille ! Et moi je crois, que le problème c’est qu’à cet âge, les ados ne sont pas toujours dignes de confiance ! C’est normal ! C’est leur âge ! C’est aux adultes de savoir faire la part des choses !

La femme, au bord de l’étiolement – Enfin, si je fais pas confiance à ma propre fille…

Monsieur Dufour – Mais je ne vous dis pas de vous en méfier systématiquement ! Seulement, quand il y a une sanction dans l’air, il y a des chances pour qu’elle arrange les faits à sa convenance ! Surtout Yolande ! Quand même ! Vous savez bien tous les problèmes qu’elle a eu dans ce collège ! Et s’il y a bien quelqu’un qui veut l’aider à s’en sortir, c’est bien moi…

La femme, penaude – Non mais ça je sais…

Monsieur Dufour – C’est pourquoi je ne comprends pas votre réaction !

La femme, les larmes aux yeux – J’étais tellement furieuse quand elle m’a dit qu’elle était collée…

Monsieur Dufour – Mais comment faire ?

La femme – Je sais ! – Un long silence – Non, le problème, c’est que je ne sais plus quoi faire de Yolande !

Monsieur Dufour, sidéré – Comment ça ?...

La femme – Je croyais que c’était la rentrée en sixième qui l’avait perturbé, mais je dois me rendre à l’évidence : plus ça va et plus ça empire !

Monsieur Dufour – Vous dites que la sixième l’a changé mais elle était comment au primaire ?

La femme, dépitée – Pareille ! – Drôle de tête de Dufour – Peut être que c’est du à ses fréquentations ?

Monsieur Dufour – Alors, c’est pas moi qui vais vous dire que ses copines sont saines d’esprit : Yolande traîne toujours avec une gamine totalement décalée et je crois que ça n’arrange pas les choses mais ce n’est pas ça qui a déclenché les problèmes de comportement de votre fille ! Ca, c’est certain !

La femme – Je comprends pas ce que j’ai raté avec cette gosse ! Je me demande si elle a pas une case en moins parfois…

Monsieur Dufour – Voilà ce que je vous propose !

Pendant ce temps, Tony met des documents sous pli. Gina part se cacher dans le bureau de madame Sauzéon :

Gina – Attention ! Y’a Boulet !

Madame Boulet était une petite mémé qui travaillait à l’intendance et qui venait à la vie scolaire pour deux choses : réclamer l’argent des repas de la cantine et faire la bise à tout le monde, plis qu’elle avait prit avec Tony qui lui faisait la bise chaque fois qu’il se rendait à son service et qui lui avait peut être laissé penser que sa politesse était un gage d’amitié de la part de l’équipe tout entière.

Anne Marie, à son tour dans le bureau de madame Sauzéon – Ah non, c’est pas vrai !

Aurore, cachée derrière la cafetière – Vous êtes dégueulasses de pas me laisser une place !

Madame Boulet, à Tony – Bonjour ! Vous êtes tout seul ? – La bise.

Tony – Non, non, y’a Ed dans le coin… - A ce moment, Ed entre.

Madame Boulet – Bonjour Edouard ! – La bise. – Bon, je vais y aller… Vous saluerez vos collègues de ma part ?

Tony – Je n’y manquerai pas ! – Elle part. Les filles sortent de leur planque – Pourquoi vous l’évitez de la sorte ?

Gina – Oh ! Elle m’énerve avec ses simagrées !

Anne Marie – Non, moi c’est plutôt son zona qui me gêne ! J’ai pas envie de l’attraper en lui faisant la bise !

Ed – C’est pas un zona, c’est un herpès !

Les filles – Quoi ?!

Ed – Mais oui, elle a attrapé un herpès génital à force de sucer des bites !

Les filles, unanimes – Oh ! Ed !

Monsieur Dufour – Tony : vous avez deux minutes ?

Tony – Pour ?

Monsieur Dufour – J’ai une mission à vous confier. Ou plutôt une élève !

 

 




 

 





30/03/2012
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