SEVICE PUBLIC

1. Le début de la fin. Acte I.

1.    Le début de la fin.

Acte I.

 

 

LUNDI 1° SEPTEMBRE 

 

 

Tony arriva le premier à la vie scolaire. La porte était fermée à clef. Il posa son sac à dos sur le banc, devant le bureau, et essaya d'entrer dans le hall. En vain : toutes les portes étaient verrouillées. Exaspéré, Tony pensa que ses collègues auraient pu prévoir le coup…mais bon. Il s'assit sur le banc et se laissa rapidement absorber par ses pensées.

Les arbres de la cour étaient extraordinairement verts et feuillus. Il n'avait pas souvenir de les avoir vu avec aussi belle allure à la sortie…Ah !... La sortie !... Tony avait l'impression qu'il venait tout juste de quitter le collège…

Mais non, cela faisait déjà près de deux mois ! Ses vacances étaient passées si vite !

Il se souvint de son altercation avec Alexandre, le jour de la débauche…Alexandre ! Ce  vaurien  ! Dieu merci, Tony avait vite oublié cet incident lors d'un séjour dans un village reculé de montagne. Le temps fut particulièrement mauvais pour la saison. Mauvais, mais tellement agréable ! N'importe quel séjour lui donnant l'impression de quitter le monde décati dans lequel il avait pataugé durant plusieurs mois lui aurait de toute façon fait plaisir !

Mais il n'en était plus là maintenant ! Voici qu'il était de nouveau dans la cour de cet enfer ! Où étaient passées ses vacances ? Et ses espoirs de trouver un vrai travail ?... Partis en fumée !

La mélancolie se fit plus pressante : bientôt la trentaine, pas d'enfant, pas de situation, et la crainte de se retrouver au chômage à la fin d'un CDD qui ne lui aurait, au final, rien rapporté ! Fallait-il être un minable, tout de même, pour avoir réussi à tout foirer lamentablement, pensa-t-il, la gorge serrée…quand un pet bien gras le surpris à quelques pas de là !

Tony sursauta, étonné et eu le réflexe de regarder l'heure après avoir vu d'où sentait le pet ! Huit heures pétantes !... Si l'on peut dire ! Pauvre péteur ! Il devait se croire seul !...

Le prof fautif tournait la tête à l'opposé de Tony…sans doute quelques difficultés à assumer ce qui n'était au fond pas grand-chose… Tony songea, totalement déprimé, que cela laisser augurer du pire !...

Une femme de ménage arriva :

-         Bonjour !...Vous êtes bien matinal ! Vous êtes professeur ?

Tony – Euh… non… j'attends les CPE.

Laurine – Ah !... Je crois que vous êtes arrivé un peu en avance !

Tony, surpris – Ah bon ?

Laurine – Oui… Je dois nettoyer la vie scolaire… et comme j'ai jusqu'à huit heures et demi pour le faire, je pense que vous ne devez pas prendre avant neuf heures…

Tony, dans sa barbe – Ca commence bien !

Laurine – Pardon ?

Tony – Euh… non, rien ! Je peux laisser mon sac dans mon casier ?

Laurine – Bien sûr !

Tony, ressortant de la vie scolaire – Merci !

Laurine – De rien !

Ed, avec une expression d'andouille sur la tronche – Salut cousin ! Ca farte ?

Tony, surpris – Euh… bof !

Ed, devant l'air perdu de Tony – Késako ?

Tony, dubitatif – Hein ?...

Ed – Qu'est-ce que t'as à faire cette tête ?

Tony – On ne prend pas à neuf heures ?

Ed, énervé – Quoi ? Putain, fais chier ! J'ai eu Anna au téléphone, hier ! Pourquoi elle ne m'a rien dit !

Tony, résigné – Bah… elle ne devait pas savoir !

Ed – Tony ! Tu vois quelqu'un d'autre que nous, ici ?

Tony – Euh… non !

Ed – Bon, ben voilà ! Elle savait et elle a oublié de me le dire ! C'est quand même pas pareil !

Tony – Bof… ça revient au même…

Ed, pas convaincu – Ouais, sauf qu'on a bien assez le temps de se faire chier ici sans qu'on fasse des heures de rab avant l'embauche, si tu vois ce que je veux dire !

Tony – Mouais…

Ed – Vache ! Tu respires la joie de vivre, toi !

Tony – Bah…

Ed – T'as le cafard?

Tony – Ca m'agace d'être ici! J'ai l'impression que je viens juste de quitter le bahut !

Ed – Et ton rendez-vous avec l'ANPE ?

Tony, la voix éteinte – Bah… j'ai vu un conseiller « formation » qui m'a dit de reprendre pour un an…

Ed – Pourquoi ?

Tony – Il pense que mon projet professionnel n'est pas assez précis ! Il vaut mieux que je réfléchisse dessus durant l'année qui vient…

Ed, visiblement dubitatif – Mouais…

Tony, pas fou – Quoi ?

Ed – Rien, rien…

Tony – Ben, vas-y !

Ed – Non mais rien !

Tony – Arrête ! Dis-moi !

Ed, formel – Ben il a repoussé ton chômage d'un an !

Tony – Quoi ?...

Ed, énervé – Il est conseiller « formation » ou quoi ? Nom de Dieu ! Tu va voir un conseiller pour finaliser un projet professionnel et il t'envoie paître parce que ledit projet n'est pas finalisé ! Putain d'enfoirés qui vivent du dépit des autres !

Tony, sonné – Pff… ils font ce qu'ils peuvent…

Ed – Bah! Laisse tomber! Pense à autre chose!

Madame Sauzéon, chargée de son barda – Bonjour les garçons !

Ed – Salut… ça va ?

Madame Sauzéon, la bise à Tony– Oui… mais on ne vous a pas dit que c'était à neuf heures, la reprise ?

Ed, ironique – Non… quelqu'un a du oublier de le faire !

Madame Sauzéon, agacée – Je l'ai dit à Anna… je lui ai même demandé de vous avertir parce que je n'avais pas vos numéros de téléphone ! On ne peut pas faire confiance ! Elle exagère, quand même !

Ed – C'est pas grave, ne vous inquiétez pas…

Monsieur Dufour, la fleur au fusil – Salut les garçons ! Toujours à l'heure ?

Ed – Croyez-moi si vous voulez mais on n'aurait pas pu faire autrement même si on l'avait voulu !

Madame Sauzéon, agacée – Heureusement qu'on a dit aux filles de les prévenir ! Ils sont arrivés pour huit heures !

Monsieur Dufour, clin d'œil aux gars – C'est bien pour ça que moi j'aurais préféré qu'on emploie que des gars ! Ils sont plus fiables, c'est un fait !

Madame Bretelle, serrant la main à tout le monde – Bonjour ! Bon, les vacances se sont bien passées ?

Ed, avec sa tronche de cake – Mouais, elles sont bien passées !

Madame Bretelle, dubitative – C'est-à-dire ?...

Ed – Non… rien !...

Madame Sauzéon – Bon, la réunion va bientôt avoir lieu.

Madame Bretelle – Justement, j'y vais ! Ca commence dans cinq minutes ! Essayez de ne pas être en retard, cette fois !

Madame Sauzéon – Elle exagère !

Ed, prenant de vitesse monsieur Dufour – A croire qu'elle ne l'a pas pris, cet été !

Tony, à Ed – Chut !...

Monsieur Dufour – Pas pris quoi ?

Madame Sauzéon – De quoi ?

Ed – Ben son coup de bite ! Ca l'aurait rendu peut être plus aimable !...

Madame Sauzéon, agacée – Oh mais arrêtez un peu avec ça !

Ed, haussant des épaules – Non, mais je dis ça comme ça !

Madame Sauzéon – Mais même comme ça ! Vous parlez d'une élégance !

 







31/12/2010
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