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10. Le silence est d’or. Acte II.


10. Le silence est d'or.

Acte II.

 



 

 

Monsieur Dufour, excédé – Non mais ce sont des enfants ! Des enfants ! Comment pouvez-vous menacer des enfants ? Et dans un collège en plus ! – La femme prend un air interloqué - Vous menacez de frapper des enfants ! Qu'auriez-vous fait si le surveillant ne s'était pas interposé ?

La femme, tout sauf calme – Mais je lui aurais mis ma main dans la figure, moi ! Et puis votre pion, moi j'en ai rien à faire, vous savez ! Ca va qu'il a été calme avec moi sinon j'aurais dis à mon mec de venir et je peux vous dire qu'il est videur dans une boîte de nuit et qu'il est trois fois plus baraqué que votre petit pion !

Madame Sauzéon, dépitée – On peut dire que ça donne un bon exemple à des enfants à qui l'on répète tous les jours qu'on ne règle pas ses problèmes par la violence !

La femme – Non mais je m'en fous, moi, de l'exemple ! Pourquoi vous faisez rien quand ma fille, elle est menacée par des gitans ?

Monsieur Dufour, hors de lui – Des gitans ? Mais quels gitans ? Puisqu'on vous dit que ce ne sont pas des gitans qui ont menacé votre fille ! – La femme est, un instant sonnée par la colère du CPE – Moi, je ne demande pas mieux que de l'aider votre fille ! Seulement, il faudrait me dire qui l'a avertie de la soi-disant menace qui pesait sur elle !

La femme – Vous voyez comment vous êtes ! « Soi-disante » ! Ca veut dire quoi ? Que c'est pas vrai ! De toute façon, dès que c'est les gitans, vous avez la trouille !

Monsieur Dufour, pour lui-même – Oh putain ! – Puis à la femme – Alors : et d'une, je ne vous permets pas de me faire un procès d'intention, madame ! Moi, je ne viens pas à votre travail pour vous donner des leçons ! Et de deux… - La femme essaie de l'interrompre, en vain – Et de deux : tant que vous ne nous aiderez pas plus, je crains que nous ne vous soyons pas d'un grand recours ! Moi, pour l'instant, j'ai en face de moi un jeune garçon qui s'appelle Christophe et qui m'assure qu'il n'a pas menacé votre fille, ni lui, ni ses sœurs. Et le connaissant un peu, j'ai tendance à croire qu'il me dit la vérité !

La femme – Mais je sais pas comment il s'appelle, moi, le copain de ma fille ! C'est un truc comme Nick, je crois…

Madame Sauzéon, à son collègue – Ca doit être Nick Lemaire, je ne connais pas d'autre Nick !

Christophe – Et Louise et Péta, elles ont rien fait monsieur Dufour ! Elles peuvent revenir à la récréation maintenant ?

Monsieur Dufour – Oui, oui… Retournez dans la cour, les filles…

Madame Sauzéon – Ils sont partis où, les surveillants ?

Bastien – Tony est au portail et Ed dans les couloirs…

Madame Sauzéon, agacée – D'accord mais les filles ? Où sont-elles ?

Bastien, gêné – Euh…

Madame Sauzéon – Oui, j'ai compris ! Elles sont allées fumer pendant la récréation, quoi ! Bon, ce n'est pas grave ! Bastien : vous pouvez aller me chercher Dahlia et Nick Lemaire, s'il-vous-plaît ?

Bastien – J'y vais…

La femme, à madame Sauzéon – Mais moi, je vous préviens que si je la vois, la gamine, je lui en colle une !

Madame Sauzéon – Et moi je vous préviens que dans ce cas, nous appelons la police !

 

 


Bastien – Ah, te voilà Nick ! Viens avec moi à la vie scolaire s'il-te-plaît…

Dahlia, l'air décidé – Qu'est-ce qui se passe avec les frangines ?

Bastien – De quoi tu parles ?

Dahlia – Les frangines de Cricri, elles ont dit que la grosse, elle les a accusé d'avoir tapé la blonde mais c'est pas vrai, hein ? C'est moi : je lui ai parlé hier mais je l'ai pas tapé !

Bastien – Alors viens toi aussi t'expliquer avec les CPE, comme ça, tu prouveras que tu as rien à te reprocher !

Nick – Non mais c'est moi, Tony, qui a dit à Heather…

Bastien – Moi c'est Bastien, Nick !

Nick – Je m'excuse ! Mais j'ai dit à Heather que Dahlia et les gitans, ils allaient la taper mais c'était juste pour rire !

Bastien, fâché – De quoi ? – Nick se fige - Tu te rends compte de la tournure des évènements, à cause d'une blague stupide ! – A Dahlia, qui s'en va au lieu de venir à la vie scolaire – Eh ! Tu vas où, Dahlia ! Je croyais que tu devais venir…

Dahlia, furieuse – Moi j'vais aller la voir cette pute et j'vais la taper !

Bastien – Revient !... Mince ! Allez, Nick, va vite à la vie scolaire ! Je vais chercher Dahlia avant qu'elle fasse une bêtise !

Monsieur Dufour, en voyant Nick entrer dans la vie scolaire – Ah ! Te voilà ! Alors…

Nick, coupant la parole du CPE – Non mais je sais… c'était juste une blague !

La femme – Quoi ?! Les gitans veulent taper ma fille juste pour faire une blague ! – Aux CPE – Et vous allez peut être me dire que c'est juste une histoire de gosses ?

Madame Sauzéon, menaçante – Tu veux dire quoi, par là, Nick ?

Nick, mal dans ses baskets – Hier, à la sortie, comme Heather voulait pas sortir avec moi, je lui ai fait une blague : je lui ai dit que les gitans allaient la taper !

Madame Sauzéon – Mais tu as perdu la tête ou quoi ?

Monsieur Dufour, fort mécontent – Regarde où ça nous mène tes imbécilités !

La femme – Quoi ? C'était pas vrai alors ?

Nick – Non… mais je croyais pas qu'elle allait en parler aux gitans alors elle est allée voir Christophe et ses sœurs elle leur a demandé si ils allaient vraiment la taper…

Monsieur Dufour – Et ?

Nick – Et ils ont dit que non ! Alors Heather, elle est venue pour faire sa maline et pour me dire que c'était pas vrai et c'est là que je lui ai dit que c'était Dahlia qui allait la taper !

Madame Sauzéon – Et alors ?

Nick – Eh ben, Heather, elle est allée voir Dahlia et elle lui a demandé si elle allait la taper… et alors Dahlia, elle lui a dit que non. Par contre elle est venue me voir pour me dire que la prochaine fois que je dis des choses sur elle, elle me casserait la gueule !

Madame Sauzéon – Ton vocabulaire je te prie !

Monsieur Dufour – Eh bien ça, tu l'as pas volé bonhomme ! Parce qu'autant je ne tolère pas la violence gratuite, autant je ne supporte pas non plus le mensonge ! Tu as profité du fait que les gitans ont mauvaise réputation et que Dahlia soit comme elle est pour faire peur à une élève et rien que pour ça, tu devrais éviter de te regarder dans un miroir pendant quelques jours !

Heather, entre dans la vie scolaire, le visage tuméfié – Monsieur Dufour ! Dahlia m'a tapé…

Monsieur Dufour – Quoi ?

La femme, furax – Ah ! Voilà ! Je l'avais bien dit !

Dahlia, entre comme une furie – Viens ici, toi !

Monsieur Dufour, s'interpose pendant que madame Sauzéon gère le cas de la mère – Tu vas te calmer, oui ? Parce que moi je te préviens que si tu la touches encore une fois, c'est à moi que tu vas avoir à faire ! C'est compris ?

Dahlia – J'ai pas peur, moi !

Monsieur Dufour – Tu veux qu'on appelle tes parents, pour voir ce qu'ils vont dire de ton comportement ? Parce que je te rappelle que c'est ton père lui-même qui m'a demandé de te surveiller…

Dahlia, soudain calmée – C'est bon…

Monsieur Dufour – Pourquoi tu as frappé Heather ?

Dahlia – Parce qu'elle a dit que je l'avais tapé et que c'est pas vrai !

Monsieur Dufour, incrédule – Non mais je rêve ! Nick vient de nous avouer qu'il avait raconté une blague à Heather et que tu n'avais rien fait ! Qu'est-ce que tu es allé l'emmieller ?

Dahlia – Ben y fallait pas dire que j'avais tapé !

Heather – Moi j'ai juste dit à ma mère que j'avais peur parce que Nick m'avait dit qu'elle allait me taper !

Monsieur Dufour – Heather : Dahlia t'as bien dit qu'elle ne voulait pas te frapper ?

Heather – Ouais mais j'avais un peu peur ! C'est tout ! Je ne savais pas que ma mère, elle allait appeler au collège et qu'elle allait tout raconter !

La femme, à sa fille – Et alors, tu voulais que je fasse quoi ?

Monsieur Dufour, à la femme – Que vous gardiez votre calme par exemple !

La femme, hostile – pardon ?

Monsieur Dufour – Parce que là, je crois que vous avez fait toute une histoire de rien du tout ! Et voilà ou on en est ! – A Dahlia – Et toi, imbécile ! Tu n'as rien trouvé de mieux que de faire exactement ce que les préjugés disent de toi !

Dahlia – Ben ouais ! J'suis pas une bouffonne, moi !

Monsieur Dufour – T'es pas une « bouffonne » ? On t'accuse d'une chose que tu n'as pas faite, et toi, tu finis par faire ce dont on t'accuse ! Et tu dis que t'es pas une « bouffonne » ?

Bastien, discrètement, à Tony – Elle, elle va pas passer l'année !

Tony, sceptique – Oh ! Tu crois ?

 

 



30/04/2011
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