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11. La folle journée d’Olaf. Acte I.



11. La folle journée d’Olaf.

Acte I.

 

MERCREDI 17 SEPTEMBRE.

 

 

Olaf se leva, viré du lit par le téléphone, à 8h55.

Une voix – Monsieur Rousse ?

Olaf, peu réactif – Ouais…

La voix – Bonjour ! C’est le collège ! Je vous appelle parce que votre fils Olaf est absent en cours ce matin…

Olaf, en pleine réflexion – Mouais…

La voix – Et j’aurais voulu connaître le motif de son absence…

Olaf – Il est malade !

La voix – D’accord. Je le note. Je vous remercie ! Au revoir !

Olaf - …au revoir…

Olaf se prépara un petit déjeuner bien copieux en faisant fi du téléphone qui sonnait de nouveau avec insistance : au menu, coca et tartine beurre-Nutella. Le petit déjeuner des champions ! Vers 10h00, Olaf prit le bus en direction de l’école primaire de son quartier. Là, il sortit de derrière les fagots des extincteurs qu’il avait volé à maints endroits et y mit le feu ! Seulement voilà ! Le feu prit plus vite qu’il ne l’avait prévu et les extincteurs explosèrent dans un fracas de tous les diables. Prit de panique, Olaf s’enfuit en courant.

Au bout de quelques centaines de mètres, il croisa un vieux copain à lui : Thomas. Un abruti plus méchant qu’Olaf, à défaut d’être plus con. Là, ils squattèrent le banc d’un abri bus. Ils allumèrent une cigarette quand une mémé vint avec son caddie.

Les deux morveux la scrutaient des pieds à la tête avec un sourire narquois : elle était tellement voutée qu’on l’aurait dit pliée en deux. Thomas lâcha un pet en même temps qu’une volute de fumée. Devant le regard indigné de la mémé, Olaf dit à voix haute : « Ah ! Ces jeunes ! » et les deux morveux se lancèrent dans une séance de rires forcés. La mémé prit le premier bus, laissant les deux ados à leurs occupations.

Que pouvaient-ils bien faire maintenant que la « vieille couille » était partie ?

Ils trouvèrent marrant de démolir consciencieusement l’abribus. A coups de pied, à coups de barre, trouvée inopinément sur le bord de la route. Une jeune femme changea de trottoir en les voyant vandaliser l’arrêt de bus. Là, Thomas, ulcéré, invectiva la fuyarde : « Quoi ?! On te fait peur, sale pute ! On n’a pas la bonne gueule ! Viens te prendre ma queue dans ta face, sale pute ! »

Et Olaf, en manque d’idées,  de renchérir: « Ouais ! On t’encule  salope ! »

Fatigués, les deux compères convinrent de prendre le bus afin d’aller prendre un rafraîchissement à la buvette du supermarché du coin, le point de chute de tous les merdeux du village. Ils prirent le bus numéro 47, s’assirent au fond du bus et Thomas entonna son nouveau morceau de rap – car Thomas était « auteur-compositeur » ! – à Olaf, tout excité.

« Quand je regarde tout’ ces put’

avec leurs airs de p’tit’ bourgeoises

j’ai trop envie d’en chopper une

et qu’elle écart… »

Le rappeur fut interrompu par un mouvement de quatre gars plutôt baraqués qui semblaient en avoir après les deux compères ! Olaf comprit : c’était le « mac » de la « salope » qu’ils avaient « grave allumée » tout à l’heure et, par une sombre coïncidence, il était là, dans le bus, avec ses potes rugbymen. Les deux merdeux eurent un peu de chance : le bus s’arrêta au moment le plus critique et les deux eurent le temps de sortir du bus et de détaler à toute allure. Thomas avait quand même prit un bon coup de poing et pissait le sang. Les deux tocards firent des plans, du genre : « La prochaine fois, on vient avec tous nos potes et on les bute tous ces fils de pute ! » et quand Thomas eu fini de saigner, les deux garçons se séparèrent.

Olaf décrocha son portable qui ne cessait de sonner.

Olaf – Ouais ?

Sa mère – Olaf ? T’es où, là ?

Olaf, exaspéré – C’est bon ! Qu’est-ce que tu veux, encore ?

Sa mère – Le collège m’a appelé et m’a dit que tu étais absent ! Qu’est-ce que tu fais, là ?

Olaf – Je suis en ville ! C’est bon ! Arrête de me saouler !

Sa mère – Tu vas aller tout de suite à l’école sinon je te jure qu’on va régler ça ce soir, ensemble…

Olaf – C’est bon ! J’m’en bats les couilles !

Sa mère – De quoi ? Tu veux bien répéter ce que tu viens de dire ?!

Olaf, sous le regard réprobateur des badauds – J’m’en bats les couilles !

Sa mère – Très bien ! Ton père rentre ce soir avec le camion ! Je vais lui dire deux mots de tes agissements !

Olaf, prit de terreur – Attends ! C’est pas ce que je voulais dire…

Hélas ! La mère, excédée, avait raccroché. Le père, routier,  n’était pas souvent présent, mais il avait à cœur d’aider son épouse dans la difficile tâche qu’était l’éducation du fiston. Il prendrait encore une tannée mais bon : pourquoi s’inquiéter alors qu’il avait toute la journée devant lui ?

D’ailleurs, il n’était pas midi qu’Olaf commençait sérieusement à s’ennuyer. Il décida d’aller traîner ses guêtres devant le collège, question d’y attendre ses copains. Il prit le bus de ville et s’assit en face d’une femme très corpulente. Là, comme à son habitude, Olaf lâcha une injure à voix basse : « Grosse vache ! »

Seulement voilà : la femme n’était pas sourde et, pire encore, elle n’était pas commode. Elle insulta Olaf de « petit enculé » et lui signifia que s’il voulait prendre sa main dans la « gueule », ça ne lui posait pas de problème. Olaf sortit du bus encore une fois en détalant.

Il resta un long moment devant le portail du collège à faire brûler du papier quand Alexandre vint voir à quoi il était occupé. Ils discutèrent tous deux et Olaf avoua à son nouveau camarade qu’il regrettait de ne pas l’avoir connu avant son exclusion de ce « collège de merde ».

Sur les coups de 12h35, Aurore vint ouvrir le portail. Alexis, le petit frère d’Alexandre, sortit du collège et alla voir directement son frère, cloppe à la main. Olaf fuma un peu avant qu’Alexandre, poussé par on ne sait quel désir de provocation, se mette à injurier Aurore sous les ricanements d’Alexis et d’Olaf. Aurore ne répondit pas, préférant laisser qui de droit régler le problème.

Au bout d’un moment, Olaf partit vers le supermarché le plus proche. Il alla au rayon des bonbons. Là, il vit qu’il n’avait pas assez d’argent pour acheter les chewing-gums à la menthe et à la fraise : il convint donc de voler les deux. Les poches pleines, il partit voir du côté des DVD. Tout en haut du rayon, trônaient les films classés X : Olaf n’en revenait pas ! Des femmes nues aux gros seins, des hommes très virils, si l’on peut dire, et, écrite en petits caractères, la promesse d’un spectacle encore plus hard que ce à quoi tout spectateur était habitué. Une main tenant le DVD, l’autre dans la poche à se malaxer le kiki, Olaf n’avait pas conscience d’être observé par un vigile. Olaf était dans un autre monde. Il reposa les DVD, fébrile, quand il eu fini de regarder toutes les images. En passant à la caisse, l’antivol joua son rôle et Olaf fut appréhendé par un vigile.

Olaf était trop con pour savoir la fermer quand il le fallait ! Entre des « vas-y, lâche-moi »  et des « j’vais venir avec des potes et on va te cogner », Olaf aggravait son cas : le vigile l’emmena dans une petite pièce prévue pour les voleurs et les récalcitrants et, sous la surveillance de deux molosses, il dut convenir de la boucler une bonne fois pour toutes ! Il n’avait plus qu’à attendre la venue des gendarmes du coin, ce qui signifiait une raclée dès que son père serait arrivé !

Olaf avait envie de prendre une batte de base ball et de défoncer tous ces « fils de pute » mais bon : il ne savait même pas où en acheter !...

Les gendarmes arrivèrent et usèrent de beaucoup d’ironie…et d’un peu de cynisme ! Olaf était fou de rage mais se gardait bien de dire quoi que ce soit ! Etrange…

Quand madame et monsieur Rousse vinrent chercher Olaf, le chef de la gendarmerie se fit un plaisir de briefer les deux parents perdus devant la connerie inépuisable du fiston. La mère, sincèrement désolée essaya d’amoindrir la responsabilité du fiston en expliquant qu’il avait été privé d’oxygène à la naissance…

Devant le manque de conviction des deux parents, le gendarme eu la délicatesse de répondre par un « c’est bon pour cette fois mais la prochaine se passera beaucoup plus mal » !

Olaf rentra avec ses parents dans une ambiance glaçante et prit sa tannée comme il s’en doutait.

Pour rien ! Lundi, son « connard de père » repartirait au travail pour la semaine et sa « connasse » de mère n’aurait plus qu’une chose à faire pendant cinq jours : fermer « sa gueule » !

 





06/05/2011
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