17. Burnout.
17. Burnout.
MERCREDI 1ER OCTOBRE.
Crystal entra dans la vie scolaire à toute berzingue, interrompant la dispute entre Ed et Johanna – Eh ! Venez vite ! Noémie est en train de se tailler les veines dans la cour !
Tony, atterré – Bon, j’y vais !
Crystal – En fait elle demande à plein d’élèves, dans la cour, de lui couper les veines du poignet…
Tony – Non mais elle est barge ou quoi ? Elle est où, là ?
Crystal – Je l’ai vu à côté des peupliers, juste avant de venir te voir à la vie scolaire…
Tony – Ce sont des chênes…
Crystal – C’est pareil ! – A Vincent Lanusse – T’as vu Noémie ?
Vincent – Non mais je vois que t’es charmante !
Crystal – Et c’est tout ce que tu verras, pauvre naze !
Tony – Crystal, je t’en prie ! Ne commence pas !
Vincent – Ouais, surtout que j’ai rien dit de mal, hein Tony ?
Crystal – Mais t’es un vrai gamin !...
Tony – Crystal ! Tu veux bien aller voir dans les toilettes des filles si Noémie ne s’y est pas cachée ?
Crystal, amusée – Ouais… mais t’as peur de rentrer des les chiottes des filles, ma parole !
Vincent, à Tony – Je vois que j’ai un rival de taille, hein ?
Tony, après un temps de réflexion – Mais de quoi tu me parles, là ?
Vincent – T’aimerais bien sortir avec Crystal…
Tony, outré – Non mais tu peux arrêter tes conneries, un instant ! J’ai passé l’âge de sortir avec des collégiennes… mais qu’est-ce que je fous à me justifier auprès de toi ? J’ai autre chose à faire, Vincent !
Alexis, le morveux – Hé ! Y’a un SEGPA qui m’a mis un coup de pied dans le ventre !
Tony – Quoi ? C’est qui ?
Alexis, visiblement mal en point – Putain j’en sais rien, moi ! Y m’a niqué, l’enculé !
Tony – Tu peux me parler correctement, s’il-te-plaît ?
Alexis – Mais putain, tu vois pas que je déguste ? Et toi, t’es là à me demander des trucs…
Tony – Bon, va à la vie scolaire, ils vont régler ça ! Moi il faut que je m’occupe d’un autre élève…
Alexis – Ouais, c’est ça ! Tu t’en bats les couilles de moi !
Tony, énervé – Je te dis que je cherche quelqu’un et que ça ne peut pas attendre, alors va voir les autres surveillants à la vie scolaire et cesse de me parler comme tu le fais ! Merde !
Alexis tourne les talons – Putain, y me casse les couilles !
Chloé, la petite sixième – Tony ! J’ai perdu mon sac !
Tony – Qu’est-ce qu’il y a, encore ? Quel sac ?
Chloé – Ben mon cartable, si tu préfères !
Tony profite de ce qu’Ed passe près de lui – Ed ! Tu peux t’occuper de la petite…
Ed, pressé – Pas le temps, il faut que je rattrape Olaf qui vient de faire le mur !
Tony, à Chloé – Bon, écoute : je n’ai pas le temps de m’occuper de toi, j’ai un truc urgent à faire ! Va voir les surveillantes à la vie scolaire et elles t’aideront à trouver ton sac ! D’accord ?
Chloé – Ok d’accord ! Merci, Tony !
Tony voit, assise par terre, Yolande, la meilleure amie provisoire de Noémie – Yolande, tu as vu Noémie… - A ce moment, Tony s’aperçoit que la gamine pleure – Quelque chose ne va pas ?
Yolande, en larmes – Oui… Noémie m’a demandé de lui couper les veines !
Tony – Et alors ?
Yolande, à deux doigts du malaise vagal – Et quand je lui ai dit qu’elle était comme ma sœur et que jamais je pourrais l’assassiner, elle m’a dit qu’elle allait se foutre en l’air parce qu’elle en avait marre de la vie…
Tony – Allez, relève-toi, Yolande ! Il ne faut pas rester par terre, comme ça !
Yolande – Mais tu crois que je m’amuse, là ? Si je reste par terre, c’est parce que je vais faire une crise de nerfs et que je vais tomber dans les pommes ! Et quand j’ai dit à Noémie qu’elle avait des amies comme moi, elle m’a dit que les amies, elle en avait rien à foutre et que tout ce qu’elle voulait, c’était se foutre en l’air !
Tony, la main tendue – Allez, prends ma main et aide-moi à la trouver !
Yolande passa subitement de la voix défaillante de qui se trouve au bord du malaise à la voix rauque et caverneuse d’un chanteur de death métal industriel – Oh enculé ! Tu me broyes la main !
Tony, effrayé – Quoi ?
Yolande, grimaçante – Putain, tu m’a écrasé les doigts dans mes bagues ! Enculé, ça fait mal !
Tony, nauséeux – Excuse-moi, je voulais juste t’aider à te relever…
La petite Chloé – Tony, elles m’ont dit que tu devais m’aider à chercher mon sac !
Tony, décontenancé – Comment ? Mais… - Un soupir de lassitude – Qui t’as dit ça ?
Chloé – Maria et Johanna…
Tony – Tu leur as dit que c’est moi qui t’envoyais ?
Chloé – Oui mais elles m’ont engueulé parce que je les dérangeais…
Tony, à bout de forces – Non mais c’est pas possible ! Qu’est-ce qu’elles font ?
Chloé – Elles prennent le café !
Tony – Tu plaisantes ?
Chloé – Non ! Je sais que toi, tu as autre chose à faire mais je devrais être en cours depuis vingt minutes et mon prof, il va me tuer !
Tony – Je n’en reviens pas ! Là, y’a quelque chose qui ne va pas !
Madame Bretelle, d’un pas décidé – Tony ! Vous avez retrouvé Noémie ?
Tony – Euh… non, pas encore ! Il faut que je m’occupe de cette gamine…
Madame Bretelle – Oui, je vois ! Les élèves de SEGPA ne font pas partie de vos priorités, je me trompe ?
Tony, accablé – Non, ce n’est pas ça ! Mais il faut…
Madame Bretelle – C’est bon, je m’occupe de Noémie ! Retournez à vos occupations !
Tony entre dans la vie scolaire avec Chloé – Quelqu’un peut s’occuper de Chloé, s’il-vous-plaît ?
Johanna – On te l’a renvoyé parce qu’on prend le café ! Tu peux l’aider ?
Tony – Non, je cherche Noémie qui recommence avec ses scarifications !
Johanna – Mais elle fait semblant ! Laisse tomber !
Tony – Et si elle essaie vraiment ? On fait quoi ?
Maria, contrariée – Bon, je vais chercher ce sac puisqu’on ne peut pas être tranquille !
Tony – Je suis désolé mais je viens de me prendre une réflexion de Bretelle à la figure parce que je ne m’occupais pas de Noémie…
Maria, toujours contrariée – C’est bon là ! J’y vais !
Tony se dirige vers les toilettes des filles – Je crois que je rêve, là !
Crystal revient vers Tony – Apparemment, elle s’est barrée avant que j’arrive… mais personne sait où elle se trouve !
Tony, la tête entre les mains – C’est pas vrai ! J’en peux plus ! – Un instant le regard dans le vide – je peux plus ! Il faut que je me casse d’ici !
Crystal – Ca va pas ?
Tony – Laisse tomber ! Je retourne dans la cour… tu m’aides à jeter un œil ?
Yolande crie dans la cour en faisant des sauts de cabri – Ah ah ! Trop pas !
Tony – Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu étais en larmes il y a cinq minutes…
Yolande – Ouais mais tu sais quoi ?
Tony, agacé – J’ai pas bien le temps, Yolande…
Yolande – Non mais c’est bon, je sais où est Noémie !
Tony, sidéré – Comment ? Et elle est où, nom d’un chien ?
Yolande – Elle est au troisième étage avec Vincent…
Tony – Vincent ?
Yolande – Ben ouais, ton copain !
Tony – Lanusse ? Mais ce n’’est pas mon copain, merde ! Et qu’est-ce qu’elle fout dans les couloirs ?!
Yolande, toujours euphorique – Elle sort avec Vincent ! C’est le mec de ses rêves !
Tony, furieux – Putain, cette fois je la colle !
Yolande, étonnée – Mais pourquoi ?...
Tony, passé dans la gueulante – Parce qu’il est interdit d’aller dans les couloirs entre midi et deux heures ! J’en ai marre qu’elle me fasse perdre mon temps avec ses conneries ! J’en ai marre de tout me taper et de me faire dire que je ne fous rien ! J’en ai plein le cul, voilà !