SEVICE PUBLIC

21. Un jour comme un autre.




21. Un jour comme un autre.

 

 

 

VENDREDI 17 OCTOBRE.

 

 

Tony surveillait la cour pendant que les élèves retardataires s’empressaient d’aller à la cantine. Pauvre garçon : il ne vit pas arriver le boulet.

Noémie, trop maquillée – Eh ! Tu sais quoi ?

Tony, agacé – Quoi encore ?

Noémie – Tu sais ce qu’il m’a offert, Vincent ?

Tony, désireux d’en finir – Oui, je sais ! Il t’a offert un canard en verre…

Noémie, dans un grand éclat de rire – Mais non ! Ca, c’est quand on avait pas cassé…

Tony – Cassé ? Mais ça fait à peine une semaine que vous sortez ensemble…

Noémie – Mais oui mais tu te rappelles quand tu étais au réfrectoire et que Tony m’a dit que j’avais un canard des chiottes ?

Tony – Non, c’est Bastien qui te l’a dit !

Noémie en plein essai de minauderie – Ah oui ! J’suis conne ! Je vous confonds !

Tony, énervé – Tu nous confonds ? Non mais tu te fous de moi ? On doit être quatre garçons dans cette maudite vie scolaire et tu trouves le moyen de nous confondre !

Noémie – Ouais mais c’est beaucoup, quatre ! Vous, vous vous trompez bien avec nos noms, parfois !

Tony – Vous êtes mille élèves, je te rappelle ! Ca m’est arrivé souvent de t’appeler par un autre prénom que le tien ?

Noémie, drôle de tête – De quoi ? Tu sors des mots d’outre tombe, toi !

Tony – Ce qui veut dire, je te prie ?

Noémie – Je comprends rien à tes mots scientifiques…

Tony, K.O. – Bref ! Que t’a offert Vincent ?

Noémie, de nouveau radieuse – Ah oui ! Il m’a offert du savon et du parfum… regarde !

Tony, d’un œil distrait – C’est bien… et en quel honneur ?

Noémie, toujours radieuse – Ben pour qu’on se remette ensemble !

Johanna, d’un pas pressé – Il paraît que le petit Hauc est monté au troisième étage pour sauter !

Tony délaisse Noémie – Sauter ? Mais pour quoi faire ?

Johanna, entre l’hystérie et l’agacement – Mais pour se suicider pardi !

Tony – C’est pas vrai !

Johanna, les gros yeux – Bon, ça t’embête de venir m’aider ?

Noémie, à Tony – Eh ! Mais tu vas où ?

Johanna, à Tony – J’espère qu’on va arriver à temps…

Olaf, accompagné de copains, au petit Hauc– Allez, saute !

Tony, à Olaf – Tu peux te taire, imbécile !

Olaf – Quoi ? C’est moi que tu traites ?

Tony, nez à nez avec Olaf – Tu vois bien que c’est un petit, qu’il est sur le point de sauter et toi, tu lui dis de le faire ! Et si ça arrive ?

Jérôme, un troisième particulièrement vilain – Ben… on mettra la vidéo à vidéo gags !

Johanna, sur un ton désagréable – Bon, viens m’aider et laisse-les tranquilles !

Jérôme, sous les ricanements de ses camarades – Ouais, obéis à la femme !

Olaf, à Tony – Pauv’type !

Johanna, à Tony – Il ne faut surtout pas lui faire peur… on va lui parler doucement…

Noémie – Ah ! T’es là, Tommy ?

Johanna, d’un cri – Bon, tu nous lâche et tu dégages, ok ?

Tony, plus conciliant – On est occupé, là !

Johanna – Thomas ! Je vais monter te voir juste pour discuter avec toi…

Thomas – Non ! Non ! Reste en bas où je saute !

Johanna – Non, surtout pas ! Très bien, je reste en bas… Tu vois, je ne bouge pas !

Thomas – Si tu bouges, je te préviens que je saute !

Anna arrive sur les lieux – On vient de m’avertir…

Tony, à Anna – Je ne sais pas trop quoi faire…

Johanna, à Thomas – Thomas : dis-moi pourquoi tu es monté.

Thomas – Non ! Je te préviens que si tu me demandes encore, je vais sauter !

Tony, à Anna – Je me demande si on ne ferait pas mieux de le prendre à revers par le couloir pour l’attraper !

Johanna, à Tony – Mais tu es fou ! Tu veux qu’il saute ?

Tony – Le muret est presque aussi haut que lui ! En faisant vite, il n’aurait pas le temps de sauter…

Johanna – Mais tu es inconscient ou quoi ? Tu crois qu’il plaisante ?

Thomas, hystérique – Et puis j’en ai marre que tout le monde m’engueule ! Je veux changer de collège ou alors je saute et vous aurez ma mort dans la conscience !

Johanna, mélodramatique – C’est pas vrai ! Il va le faire ! Je pourrais pas le supporter !

Anna, inquiète – Peut être qu’on devrait faire ce que Tony a dit !

Johanna, à Thomas – Qu’est-ce qui se passe, Thomas ? Pourquoi tu en es arrivé là ?

Thomas – C’est madame Montagné qui m’a mis zéro à mon contrôle de Français et qui m’a dit de le faire signer par mes parents !

Johanna – Ecoute, on va le jeter à la poubelle et on n’en parlera pas à tes parents ! Qu’est-ce que tu en dis ?

Thomas, toujours aussi hystérique – Je vais me jeter si je dois le faire signer…

Tony, à ses collègues – Il nous mène en bateau, là ! On ferait mieux de faire comme j’ai dit…

Johanna, castratrice – T’es fou ou quoi ? T’as toujours pas compris ! Il est à bout de nerfs, cet enfant ! Et c’est à cause de nous qu’il en est là ! La moindre des choses, c’est de l’écouter… - Johanna n’eut pas le temps de finir sa phrase, qu’à la surprise générale, on vit Ed attraper Thomas manu militari et le ramener dans le couloir ! Le plan de Tony avait marché sans la moindre concertation ! – Mais il est dingue d’avoir fait ça !

Anna – Bon, au moins il est en sécurité dans le couloir !

Johanna, furieuse – Et s’il avait eu le temps de sauter ?

Tony – Mais il n’avait pas le temps de passer par-dessus la rambarde… et ce qui compte, c’est qu’il soit sain et sauf, non ?

Johanna, en route vers la vie scolaire – Ouais ! Y’a que la répression qui compte, quoi ! – Puis, à propos d’Ed - Il va voir ce qu’il va voir !

Tony, à Anna – Il y a des fois où je ne la comprends pas !

Anna – Je vais y aller, j’ai peur qu’elle pète un câble ! Et dans l’état où elle est, je te dis pas comment elle peut être mauvaise !

Tony, pour lui-même – Mon Dieu !

Noémie, à deux pas de Tony, figée sur place, parfum et savon dans les mains – Putain ! J’en ai marre !

Tony, choqué par l’intensité de la gueulante – Eh ! Mais qu’est-ce que tu as à crier comme ça ?

Noémie jette son savon par terre – Putain ! Ca me casse les couilles !

Tony – Oh ! Tu te calmes où je te mets une colle !

Noémie cherche ses larmes – Mais tu comprends rien, toi !

Tony – Qu’est-ce que je ne comprends pas ?

Noémie – Le parfum ! Yolande m’a dit qu’il l’avait acheté à GIFI !

Tony – Et alors ? C’est un cadeau, non ?

Noémie – Mais c’est un cadeau de merde ! Et le savon, il l’a piqué dans le lavabo de ses parents !

Tony – Quoi ? Mais qu’est-ce que tu en sais ?

Noémie – C’est lui qui l’a dit à un de ses copains et Yolande, comme elle était assise derrière lui à la cantine, elle a tout entendu et elle lui a même dit que c’était un gros fils de pute…

Tony, énervé – Elle ferait mieux de s’occuper de ses affaires, celle-là ! Chaque fois qu’elle se mêle de quelque chose, ça tourne mal !

Olaf, passant à proximité de Tony, accompagné de ses camarades – Pauvre type !

Tony se retourne – Pardon ?

Madame Sauzéon – Tony ! J’ai besoin que vous veniez à propos du petit Hauc… J’ai besoin que vous fassiez un rapport !

Noémie, en pleurs – Putain mais y’a personne qui peut s’occuper de moi ! Ca me casse les couilles !

Madame Sauzéon – Oh ! Tu te calmes ou je t’en colle une !

 






30/07/2011
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