SEVICE PUBLIC

Tony aidait, à la vie scolaire, un élève à faire ses exercices d’anglais quand Mario eut une altercation avec l’élève qu’exécrait Tony : Alexandre.

Tony – Bon Vincent, tu réponds à la question ? – L’altercation se poursuivait dans la cour sans que personne n’y prenne garde.

Vincent – Ben…Je comprends pas ce qui est écrit !

Tony – Si tu le lisais à voix haute! « Who killed J.F.K? »

Vincent - …

Tony, au trot – Qui… a… tué…

Vincent, l’air d’avoir résolu une énigme – Qui a tué ?

Tony – D’accord, mais la suite ?

Vincent – J.F.K … Je sais pas ce que ça veut dire, Tony !

Tony, fatigué – On parle de John Fitzgerald Kennedy depuis vingt cinq minutes, Vincent ! Si tu n’y mets pas du tien, on ne s’en sortira pas !

Vincent – Ah ouais ! Désolé Tony !

Tony – Alors, qui l’a tué ?

Vincent, pris d’un doute – Mais attend, je comprends pas, qui c’est Kennedy ? C’est bien le DJ des Beatles ?

Tony – Quoi ?

Vincent – Qu’est ce qu’il faisait dans la série « Dallas » ?

Mario, entrant furieux à la vie scolaire – Vas-y, entre Alexandre, parce que je crois que ça va mal tourner !

Alexandre – Vas-y ! Mais lâche moi ! Je vais appeler mon frère !

Monsieur Dufour – Qu’est-ce qu’il y a, Mario ?

Mario – Il y a qu’Alexandre a frappé un garçon de troisième dans le foyer !

Alexandre, à Mario – Et alors, tu vas faire quoi ?

Monsieur Dufour – Tu te calmes Alexandre ! Pourquoi tu l’as frappé ?

Alexandre, regardant de travers Tony qui lui-même le regardait – Il m’a manqué de respect alors je l’ai niqué !

Mario – Parle autrement !

Alexandre – Et tu vas faire quoi, sinon ?

Monsieur Dufour, à Mario visiblement excédé – Calmez-vous Mario !

Mario – Il a cogné l’autre gamin pour lui voler ses balles de baby foot !

Tony, atterré – C’est pas vrai, c’est la deuxième fois cette semaine !

Monsieur Dufour – C’est vrai ? Tu l’as frappé pour lui prendre ses balles de baby ?

Alexandre – Et alors ? Il a mis une pièce et il avait deux balles de plus que moi !

Mario – Du coup il les a prises à l’autre gamin et quand l’autre lui a demandé de les lui rendre, il l’a cogné !

Alexandre – Et alors ?

Ludovic, toujours dans le coin quand Alexandre faisait des siennes, intervenant avec ses grands airs et ses binocles en cul de bouteille – L’est o’vert le baby et l’autre il a tapé Alexander !

Mario – Tu déconnes ou quoi ?

Ludovic – Mange tes morts !

Mario – Mange tes morts toi-même !

Ludovic, entrant dans une rage folle – Comment ta m’a pa’lé enculé !

Monsieur Dufour – Ludovic, je vais t’emmener voir le proviseur ! Ca fait trop longtemps que tu crées des ennuis ! Alexandre, tu vas en permanence et tu m’y attends !

Alexandre, s’adressant en aparté à Mario – J’m’en bats les couilles, Dufour y me dira rien !

Monsieur Dufour, en prenant Ludovic par l’épaule  - Tony, emmenez-moi Alexandre en étude ! Je reviens !

Tony n’en revint pas : il bossait avec un gamin, les autres surveillantes bavassaient en prenant leur café et c’est lui qui devait se taper le convoi de prisonnier ! Dans le couloir qui menait à la salle de permanence, un élève de cinquième s’approcha de Tony les mains jointes comme s’il retenait de l’eau.

L’élève, à l’agonie – Tony, j’ai vomi ! Qu’est-ce que j’en fais ?

Tony, que l’odeur de petit déjeuner aux acides gastriques vint brûler aux naseaux – Oh putain ! Va vite déverser ça dans les toilettes Jules !

Alexandre, moqueur – Ah, c’est dégueu !

Tony – C’est bon ! Arrête de te moquer de lui !

Alexandre – Vas-y lâche moi toi !

Tony – Eh ! Je te parle correctement, d’accord ?

Alexandre, s’approchant de lui, très vindicatif – Et tu vas faire quoi ?

Tony, excédé – Change de disque un peu !

Alexandre, toujours agressif – Vas-y ! Qu’est-ce que tu vas faire ?

Tony – On y est ! Va en étude !

Alexandre entra en permanence et faisant le mariole. Tony fit demi-tour, feignant de ne rien voir : d’abord pour s’épargner l’énervement et surtout pour éviter un conflit qui pouvait mal finir.

Tony – Ca y est Jules ? Tu t’es lavé les mains ?

Jules, qui le prit par la manche, titubant – Non…

Tony – Quoi ?

Jules – Ca va pas…

Tony, résigné à ce que sa belle chemise noire sente le vomi – Bon, on va aller à l’infirmerie et je vais appeler tes parents pendant que tu te reposes pour qu’ils viennent te chercher.

Jules, entrant dans l’infirmerie – D’accord…

Tony, de nouveau agressé par une forte odeur de vomissure – Mais tu as vomi ici ?

Jules – Oui…

Tony – Oh non ! Fallait pas vomir dans le lavabo Jules !

Jules – Désolé mais j’ai pas eu le temps…

Tony, résigné – Ce n’est pas grave…Mince ! Je crois que c’est bouché ! Bon, assis toi sur le lit et je vais téléphoner à tes parents pour t’évacuer.

Jules – Merci…

Tony, entrant dans la vie scolaire – Anna, tu peux appeler les parents du petit Jules ? Il a vomi dans le lavabo ! Je vais avertir les agents d’entretien pour qu’ils le débouchent…

Johanna, accompagnée des plaintes des autres filles – Ahhh ! Mais tais toi, t’es dégueulasse !

Madame Sauzéon – Tony, où est Alexandre ?

Tony – En permanence…

Madame Sauzéon, s’emportant – Non mais ce n’est pas vrai ! J’avais dit que je voulais lui parler ! Je commence à en avoir marre que personne n’en ait rien à foutre de ce que je dis !

Tony, bredouillant – Mais…c’est monsieur Dufour…qui m’a dit…

L’agent d’entretien entrant, furieux, dans le bureau – Qui c’est qui a dit au gosse de vomir dans les lavabos des toilettes des garçons ?

Tony, terrifié – Quoi ?

Madame Sauzéon – Comment ça ?

L’agent – Ouais, le siphon est complètement bouché ! C’est la seconde fois cette semaine !

Tony, bredouillant – J’ai dit au gamin d’aller vomir aux toilettes…

L’agent – Ouais mais il faut leur expliquer qu’il faut vomir dans la cuvette des toilettes ! Sinon ils font ça dans le lavabo ! Alors c’est bien beau, mais je vais finir par vous faire déboucher le siphon, comme ça vous verrez !

Tony, hésitant – Désolé mais quand j’ai mis le gamin malade à l’infirmerie je ne pouvais pas deviner qu’il vomirait dans le lavabo !...

L’agent – Comment ça, le lavabo de l’infirmerie ? Ah non, ne me dites pas que celui-ci est bouché aussi ! Faudrait arrêter de se foutre de la gueule du monde !