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11. La folle journée d’Olaf. Acte III : côté mère.



11. La folle journée d’Olaf. 

Acte III : côté mère.

 


 

 

Véronique Rousse venait de perdre son travail car la direction de sa boîte avait décidé qu’il fallait        augmenter la marge des bénéfices pourtant en augmentation constante depuis des années : il faut savoir faire, parfois, des sacrifices si l’on veut se donner les moyens d’acheter un yacht plus gros ! Total : la boîte avait été délocalisée dans un pays lointain et Véronique avait refusé de partir y vivre pour conserver son job à 360 € par mois. Au fond du désespoir, elle n’en avait encore parlé à personne. Son routier de mari rentrerait ce soir pour le weekend end et elle verrait à ce moment là…

Debout depuis trois heures du matin, elle n’avait pu fermer l’œil de la nuit  occupée à réfléchir  à ce qu’elle allait bien pouvoir faire de sa journée et des suivantes… Elle décida de partir de chez elle comme si de rien n’était. Elle errerait la journée et reviendrait le soir.

Elle réveilla Olaf à 7h30 et s’en alla « travailler ».

Olaf se rendormit aussitôt.

Véronique partit voir sa sœur. Elles prenaient le café quand Véronique décida de se confier à sa frangine. Des confidences interrompues par le téléphone.

Véronique, en larmes, à sa sœur – Attends deux minutes… Qui c’est, à cette heure ?

Une voix – Madame Rousse ?

Véronique – Oui ?

La voix – Bonjour, c’est le collège… je vous appelle à propos de l’absence d’Olaf…

Véronique – Comment ça ? Je l’ai réveillé ce matin !

La voix – Le professeur d’EPS vient de me le noter absent… J’ai eu votre époux au téléphone mais je n’ai pas pu lui parler des absences de votre fils…

La mère – Mon époux ? Il est pas chez moi !

La voix – Comment ?

Véronique, pour elle-même – Il s’est fait passer pour son père ce petit con ! – Un instant - Ecoutez, je suis au travail, là ! Je ne sais pas où il est… Je vais téléphoner à son père et je vous tiens au courant !

La voix, gênée – D’accord… je vous remercie…

Véronique – Non, c’est moi qui vous remercie d’avoir appelé !

La voix – Je ne fais que mon travail…

Véronique - …je sais très bien que vous pourriez vous en foutre, de mon fils, vu comment il se comporte ! Et vous ne le faites pas ! Alors merci !

La sœur, préoccupée – Qu’est ce qu’il te fait, ton fils, encore ?

Véronique – J’en peux plus de ce gosse ! Il me fait les pires conneries à longueur de temps !

La sœur – Et Charly, qu’est-ce qu’il en dit ?

Véronique – Il pense à changer de travail ! Il dit que c’est de sa faute si Olaf a mal tourné…

La sœur – Faut pas que vous culpabilisiez ! Vous faites ce que vous pouvez !

Véronique – Et c’est pas maintenant que je me trouve au chômage qu’il va pouvoir se mettre à chercher autre chose !

La sœur – Tu fais quoi ?

Véronique – Je cherche son numéro de portable ! Je vais l’appeler… il va m’entendre ! – Après un petit moment – Allo ?

Olaf – Ouais ?

Véronique – Olaf ? T’es où, là ?

Olaf, exaspéré – C’est bon ! Qu’est-ce que tu veux, encore ?

Véronique – Le collège m’a appelé et m’a dit que tu étais absent ! Qu’est-ce que tu fais, là ?

Olaf – Je suis en ville ! C’est bon ! Arrête de me soûler !

Véronique – Tu vas aller tout de suite à l’école sinon je te jure qu’on va régler ça ce soir, ensemble…

Olaf – C’est bon ! J’m’en bats les couilles !

Véronique – De quoi ? Tu veux bien répéter ce que tu viens de dire ?!

Olaf – J’m’en bats les couilles !

Véronique – Très bien ! Ton père rentre ce soir avec le camion ! Je vais lui dire deux mots de tes agissements !

Olaf, prit de terreur – Attends ! C’est pas ce que je voulais dire…

Véronique, coupant cours à la communication – Mon propre fils me dit « je m’en bats les couilles » !

La sœur, désolée – De quoi ? Tu rigoles, là ?

Véronique, éclate en sanglots – Mon propre fils me parle comme de la merde ! Mais… qu’est-ce que… j’ai fait pour… mériter ça ?...

La sœur – Arrête ! Tu fais de ton mieux…

Véronique – Je l’ai eu trop tôt ! J’ai foiré son éducation !

La sœur, muette - …

Véronique – Si je lui en avais moins passé, aussi ! Tu sais… je sais que c’est affreux, ce que je vais te dire mais…

La sœur, devant l’hésitation de Véronique – Mais ?...

Véronique – Je crois que je n’aime pas mon fils !

La sœur - …

Véronique – Il m’en fait trop voir et j’en peux plus… - Puis, se saisissant de son téléphone pour faire le numéro de son mari – Allo, Charly ?

Charly – Tiens ! Qu’est-ce qu’il y a, chérie ?

Véronique – Tu rentres bien ce soir ?

Charly – Y’a quelque chose qui ne va pas, toi !

Véronique - …t’inquiète pas…

Charly – Quoi ? C’est encore le gosse qui te fout les nerfs à vif ?

Véronique – Y’a pas que ça… j’ai perdu mon boulot !

Charly – Ecoute, ce n’est pas la première fois que ça arrive ! Tu rebondiras et moi, j’attendrai avant de trouver autre chose, d’accord ?

Véronique – Mais il n’y a pas que ça ! Olaf me fait vivre l’enfer ! Tout à l’heure, le collège m’a téléphoné pour me dire qu’il séchait les cours et quand je l’ai appelé pour savoir où il était… si tu avais entendu comment il m’a parlé !

Charly – Ecoute, je suis là dans deux heures à peine ! Je vais m’occuper d’Olaf et toi tu vas te reposer un peu, d’accord ?

Véronique – D’accord… à tout à l’heure, chéri !

Charly – A toute à l’heure !

Véronique, à sa sœur – C’est un amour ! Il faut que j’appelle le collège…

La sœur – Vas-y pendant que je vais faire chauffer de l’eau pour le thé !

Véronique – Allo ?

Une voix – Vie scolaire, bonjour…

Véronique – Oui, c’est madame Rousse… J’ai réussi à joindre Olaf alors ne vous inquiétez pas !

La voix – Et vous savez où il se trouve ?

Véronique – Il traîne, pardi ! J’ai appelé son père : il s’en occupe dès qu’il rentre du travail. Par contre, j’espère que vous n’allez pas le rater quand on va vous le ramener !

La voix – C’est-à-dire ?

Véronique – Que vous allez lui coller une vraie sanction ! Parce qu’il croit qu’il peut faire ce qu’il veut, à l’école ! Et moi, j’ai beau faire ce que je peux, ça ne sert à rien ! Vous comprenez, je travaille et son père est routier, donc il n’est jamais à la maison !

La voix – J’en parle à mes chefs qui décideront de la sanction à prendre…

Véronique – Je vous remercie ! Je me charge de le trouver et de vous l’amener !

La voix – Au revoir, bonne journée !

Véronique – Au revoir !

La sœur – Alors ?

Véronique – C’est bon ! Charly va faire ce qu’il faut ! Mais j’appréhende lundi prochain, quand Charly sera parti ! Là, Olaf va m’en faire chier !

La sœur – Attends ! Charly n’est même pas encore arrivé que tu as peur de ce qui va se passer quand il sera reparti lundi matin! Respire un peu !

Véronique – Tu as sans doute raison… - Avec un peu de gaité dans la voix – Tu as raison ! Allez, tu m’offres un thé ?

La sœur – Tu le veux à quoi ? Citron, fruits rouges ou passion ?

Véronique, interrompue par le téléphone – Mais qui c’est encore ?

La sœur – Pas moyen d’être tranquille avec ces engins !

Une voix – Madame Rousse ?

Véronique – Oui ? C’est le collège ?

La voix – Non, c’est le poste de police ! Vous êtes bien la mère d’Olaf Rousse ?

Véronique – Oui…qu’est-ce qu’il a fait encore ?

 

 




20/05/2011
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