SEVICE PUBLIC

12. JOYEUX ANNIVERSAIRE.


Part. one.




Johanna proposait à Tony d'aller fumer sur le parking du collège quand madame Sauzéon leur demanda un service :

Madame Sauzéon – Vous pouvez aller me chercher Vincent Lanusse à la papeterie, devant le collège ! Il faut que je le voie pour un problème…

Tony, visiblement mal luné – C'est systématiquement à moi que vous demandez les choses madame Sauzéon ! Si vous avez quelque chose à me reprocher, je préfèrerais que vous m'en parliez…

Madame Sauzéon – Comment ça ? Je ne vous reproche rien…

Johanna, fouille merde – Non mais c'est vrai madame Sauzéon ! Anna et moi buvons le café, quant à Freddy et Thomas, ils font la permanence à deux alors qu'ils n'ont qu'une dizaine de petits sixièmes ! Et c'est au moment ou Ben veut aller fumer sa clope que vous lui demandez quelque chose !...

Madame Sauzéon, haussant le ton d'exaspération – Bon, y'a toujours quelque chose qui ne va pas avec vous !

Johanna – C'est pas ça, mais vous lui demandez à lui alors que personne ne fait rien et en plus…

Madame Sauzéon – Bon, eh bien : allez-y alors !

Johanna – Non, moi c'est pas possible, ce n'est pas dans mes attributions de surveillante ! Vous ne pouvez demander ce genre de trucs qu'à des assistants d'éducation !

Madame Sauzéon, acrimonieuse – Très bien, ne venez rien me demander à l'avenir !

Johanna – Mais je ne vous demande rien !

Madame Sauzéon – Bon, Anna, vous y allez ?

Anna, désinvolte – Non, je suis désolée mais je commence à neuf heures et là il est moins cinq, alors je finis mon croissant !

Madame Sauzéon, très remontée – Bon, je vois, c'est encore à moi de me démerder !

Tony – Non mais c'est bon, c'est pas à vous d'y aller ! – Puis, dans sa barbe - Putain mais je rêve ! Tout ce blabla pour me lâcher ! Non mais j'en ai marre de ces feignasses ! Je fais l'appel et c'est quand même à moi de me taper le boulot alors que je ne suis pas censé quitter le bureau ! Putain ! Je vais pas pouvoir continuer ce boulot, c'est pas possible ! – Et, en arrivant devant la papeterie - Ah, Vincent ! Viens avec moi à la vie scolaire !

Vincent – Y'a un problème, Ben ?

Tony – Non Vincent, pas ce surnom ! Je ne t'appelle pas Vince, moi ?

Vincent – Ca me gêne pas, Vince !

Tony, à la fois étonné et cynique – Attends ! Ca ne te dérange pas que je t'appelle « Vince sent Lanusse » ?

Vincent, se sentant des ailes – Non…Parce que je suis tolérant peut être ?

Tony – Laisse tomber !

Vincent, s'arrêtant net devant la porte de la vie scolaire – Tu peux m'ouvrir la porte, Tony ?

Tony, s'exécutant, plus par envie de retourner à son appel que par gentillesse – Quoi ? Tu as une tendinite qu'il faut que je te serve de portier ?

Vincent, lui montrant un pouce enflé – Non, je me suis tordu le doigt du pouce !

Tony, entrant dans le bureau – Elle est où, madame Sauzéon ?

Johanna, la main dans une poche pleine de bons croissants au beurre – Elle est partie boire le café au secrétariat !

Tony – Non mais je rêve là ! Elle me fait un pataquès pour aller chercher Vincent en dehors du collège, c'est soi disant pressé et quand j'arrive, personne ! Il n'y a personne !

Anna, la bouche pleine – Mais non ! Elle est partie voir un parent dont le gosse est entre la vie et la mort, à l'hôpital…Tu veux un croissant ?

Vincent, tendant la main naïvement – Ouais…

Anna – Non mais tu te calmes s'il te plaît !

Vincent, s'asseyant juste en face de Tony – Excuse moi…

Tony, reprenant son appel – Oui, je veux bien un croissant, merci !

Johanna, tendant de la main une moitié de croissant rongée – Attend Anna ! C'est moi qui les ai achetés ! Tu pourrais lui filer celui que Dufour n'a pas fini !

Tony, prit d'un haut le cœur – Merci Johanna…

Vincent, qui ne cessait de lorgner avec avidité la petite viennoiserie – T'as de la chance Tony, en plus c'est mon anniversaire !

Tony, saisissant immédiatement l'occasion, après avoir vu le bord rongé, mouillé de salive – Ah ben tiens ! Moi je n'ai pas faim !

Vincent – Merci Tony ! C'est gavé sympa ! Au fait, c'est quand ton anniversaire ?

Tony – En décembre…

Vincent – Toi aussi ? T'es comme ma sœur ! Et c'est quel jour ?

Tony – Le treize…

Vincent – Cette année ?

Tony – Quoi ?

Vincent – C'est le treize cette année ?

Tony – Ben oui !

Vincent – Et l'année prochaine ?

Tony – Quoi ?

Vincent – L'année prochaine, ça tombe quand ?

Tony, excédé – Mais qu'est-ce que tu me dégueules encore ?

Vincent, vexé – Mais je veux juste savoir si ton anniversaire c'est aussi le treize, l'an prochain !

Tony – Mais évidemment ! Tu veux que ça tombe un jour différent tous les ans, toi ?

Vincent – Ben je sais pas moi !

Tony – Réfléchis un peu Vincent: un anniversaire tombe à la même date que celle de ta naissance ! Donc, c'est toujours le même jour tous les ans !

Vincent, décidément très pédagogue pour son âge – Non, tu te trompes Tony ! Moi, ma sœur, son anni est tombé un dimanche l'année dernière… et cette année ça va tomber un lundi ! Tu vois ? C'est pas toujours le même jour !

Tony, désespéré – Ok, je vois ce que tu veux dire ! T'as raison !

Vincent – Et au fait, pourquoi tu m'as fait venir à la vie scolaire ?

Tony – Je ne sais pas ! Madame Sauzéon m'a dit de venir te chercher, je n'ai pas demandé pourquoi !

Vincent, soudain la voix qui chevrotte – C'est chiant ! J'ai rien fait !

Tony, tachant d'être rassurant – Vincent, on ne vous fait pas venir ici que pour vous engueuler !

Vincent – Ouais mais j'ai gavé peur !

Tony – Mais non…

Vincent, la voix montant dans les aigus – Mais j'ai rien fait ! Je proteste !

Tony, souhaitant en finir vite – Tu protestes…mais madame Sauzéon t'as peut être fait venir ici pour te souhaiter un bon anniversaire !

Vincent – Tu crois…

Madame Sauzéon, entrant avec fracas dans la vie scolaire – Ah ! Tu es là toi ! Entre Olaf ! - dit-elle en se tournant vers un garçon qui aurait pu concourir pour la meilleure physionomie à claques.

Tony, le regard torve en direction d'un Vincent pétrifié – Oh là ! Ca va mal aller…

Madame Sauzéon, hurlant au point de foutre la trouille à Tony – Vincent ! Qu'est ce que tu as fait à Olaf en sortant des toilettes avant la récréation?

Vincent, blême, comme vidé de son sang par un vampire – Mais…mais y faisait rien que de me gaver !

Madame Sauzéon, hurlant encore plus fort – Tu avais besoin de lui coller ton chewing gum dans les cheveux ?

Vincent, larmoyant, au point d'inonder à partir de ses narines le bout de son menton couvert de poils d'un pouce de long – Mais il arrête pas de me traiter !

Olaf, avec sa tête de gland coutumière – Non, madame, quand je suis sorti des cabinets il m'a dit textus : « J'ai toujours eu envie d'une poubelle avec ta gueule de con ! » Et c'est là qu'il m'a collé le chewing gum dans les cheveux !

Vincent, pleurant – Ouais mais tu m'as dit que tu allais enculer ma mère à quatre pattes !

Madame Sauzéon, repoussant les limites de la vocifération – Non mais tu as perdu la tête Olaf !

Olaf, chouinant à son tour – Mais il arrête pas de me dire « roussette petite quéquette » !

Madame Sauzéon, transcendant le hurlement – A partir de maintenant je ne veux plus la moindre histoire entre vous ! Olaf, tu sors et toi Vincent, va dans mon bureau, on a autre chose à régler !

 



25/08/2009
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