12. Les revenants.
12. Les revenants.
VENDREDI 19 SEPTEMBRE.
Comme tous les vendredis à 17 heures, Tony venait ouvrir le portail pour le « rush ». Et comme presque tous les jours, des merdeux qui n’avaient rien à y faire stagnaient devant le collège. Cette fois, c’était Johnny, accompagné de têtes patibulaires.
Tony, surpris par des chatouilles – Hein ?!
Emilie, ancienne élève de troisième, amusée – Salut Tony ! Comment ça va bien ?
Tony, content de revoir une tête amicale – Bien…
Emilie, hilare – Ah ! Je t’ai eu !
Tony, perdu – Hein ?
Ed – Tiens ! Une revenante !
Emilie – Hey ! Comment ça va bien ?
Ed – Et toi ?
Emilie – Bien…
Ed, amusé par la comique en herbe – Bah !...
Emilie, honteuse – Non ! Non, je ne voulais pas dire « bien »…
Ed – Pourtant, tu l’as « bien » dit !
Emilie, égarée – Quoi ?
Ed, à Tony – Même pas foutue d’échapper à ses propres blagues !
Tony, amusé – Bon, sinon, comment se passe le Lycée ?
Emilie, le regard fixé en coin sur Ed – Ben ça va… mais les maths, c’est dur !
Ed, le doigt dans la narine – Comme la saucisse sèche !
Emilie – Trop drôle !... – Elle crie – Beurk ! Tu te cures le nez !
Ed, le doigt tendu vers le visage d’Emilie – T’en veux ?
Emilie – Ah mais t’es immonde !
Ed – Ouais, le champion d’immonde !
Tony – Sinon, la vie de lycéen ? C’est mieux qu’au collège, non ?
Emilie, soudain plus grave – Gavé ! Mais tu vois, ce qui fait drôle, c’est que plein de choses changent… et des fois, je trouve que ça va trop vite !
Tony – C’est-à-dire ?
Emilie – Ben… tu te souviens de Olivia Troque ?
Tony – Oui… celle qui avait une moyenne générale de 18, dans ta classe, l’an dernier ?
Emilie – Ouais… elle était trop bonne, elle !
Ed, hilare de sa vanne – J’aurais pas pensé ça de toi !
Emilie – Trop drôle ! Non mais t’as fait l’école du rire ! – Ed se marre à en pleurer.
Tony – Tu disais ?…
Emilie – Euh… ouais : Olivia Troque…
Ed, cloppe au bec – Elle fait quoi ? Une école de commerce ?
Emilie, dans les choux – Quoi ?
Tony, amusé – Troc… commerce… tu n’as pas l’habitude d’Ed encore ?
Emilie, de bon cœur – Ah ! Trop drôle ! - De nouveau à Tony - Non… elle sort avec Alexandre…
Tony – Alexandre ?
Emilie – Ben tu sais bien, celui qui s’est fait viré l’an dernier et qui glande tout le temps devant le collège avec ses potes !
Tony, estomaqué – Quoi ? Non mais c’est pas possible ! Mais qu’est-ce qu’elle fiche avec lui ?
Emilie – Ouais… ça fait drôle, hein ?
Tony, toujours pas remis – Elle qui est si gentille…
Emilie – Et puis, depuis qu’elle s’est relookée un peu, tu vois, elle est mignonne maintenant !
Tony, pour lui-même – Mais qu’est-ce qui lui a pris de sortir avec ce paumé ?!
Emilie – Et tu te souviens de Lisa ?...
Tony, hermétique – Je ne comprends pas comment une gamine comme elle peut s’enticher d’un voyou…
Ed – Lisa ? Celle qui se marrait devant le film sur les camps de concentration ?
Emilie – Ouais ! Eh ben, elle est enceinte !
Ed – Hein ? Tu déconnes ?
Emilie – Non… en fait c’est le mec de sa mère qui l’a mise enceinte !
Tony, émergeant de ses pensées – Comment ? Lisa ? Enceinte de son beau-père ?!
Ed, amusé – Excellent… il a pas peur, beau-papa !
Emilie – Pourquoi ?
Ed – C’est un détournement de mineure, quand même !
Tony, sonné – Je n’arrive pas à y croire…
Emilie, sur le ton de l’évidence - Ouais mais il a que 21 ans… c’est pas comme si c’était un vieux !
Ed et Tony, en chœur – Quoi ? – Puis, Ed – Le jules de la mère de Lisa n’a que 21 ans ?
Emilie – En fait, c’est le fils de la meilleure amie de la mère de Lisa… ils sont sortis ensemble en douce pendant un bon moment. Et un soir, il a couché avec Lisa… là elle est tombée enceinte et elle lui a appris pendant les vacances d’été ! Du coup la mère a plaqué le mec et comme il avait pas de travail et qu’il savait pas ou aller pour vivre, il est sortit avec Lisa. Mais la mère a appris un mois après qu’elle était aussi enceinte du même mec ! Du coup, comme il en avait marre de Lisa, il est revenu avec la mère !
Tony, devant un Ed hilare – Mais qu’est-ce que tu nous racontes ?
Emilie, sincère – Demande à Lola, si tu veux !
Tony – Lola ?
Lola, une ancienne troisième, se retourne, interpellée – Qu’est-ce qu’y a ?
Tony – Mais…
Lola - Salut Tony ! Ca va comment ?
Tony, surpris – Lola ! Comment vas-tu ?
Ed – Vous qui râliez l’an dernier, maintenant que vous avez quitté le collège, vous venez y traîner vos guêtres à longueur de temps ! C’est dingue, quand même !
Lola – Ben ouais… non mais moi j’aimais bien le collège !
Ed, sur le ton de la moquerie – On va devoir ouvrir une classe rien que pour les anciens, si ça continue !
Lola – Ben… en fait, je reviens lundi !
Tony et Ed, décidément synchrones – Quoi ?
Lola – Au lycée, ils veulent pas me garder parce que soi-disant que j’ai pas le niveau…
Ed – « Soi-disant » ?
Lola – Y sont cons, hein ?
Ed – Mais dis-moi une chose : tu l’as, le niveau ?
Lola – Non… mais c’est pas la peine qu’ils disent des trucs comme ça…
Emilie, amusée – Eh ! Ca fait drôle de savoir que tu reviens au collège…
Lola – Ouais… c’est gavé casse couilles !
Tony – Ton langage, Lola…
Ed, à Emilie – Et tu n’as pas d’autres histoires sordides à nous raconter ?
Emilie, songeuse – Non… y’a bien celle qui s’appelait Mouton, l’an dernier…
Ed, impayable – Et alors ? Elle a changé de nom, depuis ?
Emilie, amusée – Trop marrant ! Non, elle était bourrée, à une fête, et quand elle a voulu sucer son mec, elle était tellement bourrée qu’elle s’est trompée de mec…
Ed, hilare – Excellent !
Emilie – Sa petite copine l’a vue et elles se sont battues ! Je te dis pas !
Lola, sautant du coq à l’âne – Et au fait, y’a toujours ton pote, Tony ?
Tony – Mon pote ?
Lola – Mais oui ! Celui qui te suivait partout !
Ed – Vincent Lanusse ?
Lola – Oui ! Il est toujours là ?
Tony – Non mais c’était pas mon pote…
Ed, à Emilie – Pas à l’époque… Mais ca l’est enfin devenu !
Tony, à Ed, sous le regard amusé des deux gamines – Tu as un grand sens de l’humour, Ed… Mais pas toujours évident !
Ed, à Lola – Oui ! Il est toujours ici… pourquoi, tu reviens pour lui ?
Lola, dans un cri de dégoût – Berk ! Trop pas ! Il était trop con, ce mec… et en plus il était moche !
Tony, moraliste – Lola… arrête un peu !
Ed, à Lola – Oh mais il l’est toujours !
Lola, amusée – De quoi ? Moche ou con ?
Tony, à Ed – Toujours prêt à tempérer les ardeurs, hein Ed ?
Ed, à Lola – Les deux !
Lola – Tu te souviens l’an dernier, quand je lui ai mis un coup de pied dans les couilles ?
Ed, devant un Tony en plein renoncement – Non, dans le plexus !
Lola, étonnée – C’est quoi, déjà ?
Ed - …autre chose…
Lola – Ah oui ! Dans le bide ! C’est vrai !... – Puis, comme prise d’un regret – C’est con ! J’aurais du lui éclater les couilles…
Ed – Eh bien, disons que ce sera le défi de ton redoublement !