23. Le Bush à oreille. Acte I.
23. Le Bush à oreille.
Acte I.
JEUDI 23 OCTOBRE.
Tony et Ed signaient des dérogations pour sortir et des justificatifs d’absences à un tas d’élèves quand Ed fut attiré par Alexis qui imitait un sixième bègue.
Ed – Oh ! Si tu es entré pour emmerder ton monde, tu déguerpis tout de suite !
Alexis – Et la liberté d’expression ? On est en démocratie, il me semble !
Ed, belliqueux – J’emmerde la liberté d’expression et j’emmerde la démocratie ! C’est assez clair comme ça ?
Alexis, retors – T’as pas le droit de parler comme ça…
Ed – Sans déconner ? Eh ben, va te plaindre ! – Sur ce, Alexis, prend la porte.
Ed signe un justificatif d’absence à Adam, un élève de quatrième. Incommodé par l’odeur de son haleine, il regarde Adam et s’aperçoit qu’il a les dents tellement sales qu’elles ont l’odeur et la couleur de la crotte.
Ed – Dis : ton nom… c’est pas Bros?
Adam – Euh…
Ed – Ok, je vois ! – Il lui rend son carnet.
Aurore entre brusquement dans la vie scolaire – Y’a une bagarre ! Venez m’aider !
Ed se précipite dans la cours – J’arrive Aurore !
Tony regarde son cousin sortir – Une bagarre à huit heures vingt cinq ! Non mais c’est invraisemblable ! – Il continue de signer des carnets de correspondance.
Ed sépare « virilement » les deux belligérants – Oh ! Ca suffit maintenant vous deux !
Olaf, vindicatif – Touche moi pas ! J’vais le niquer, moi, ce fils de pute !
Alexis, la figure rouge – Vas-y ! Répète enculé de ta race !
Olaf, décidé à se battre malgré l’intervention d’Ed – Vas-y ! J’vais t’niquer !
Ed, à Olaf – Tu te calmes ou quoi !
Olaf bouscule Ed – Qu’est-ce que tu me casses les couilles !
Ed, à Alexis – Laisse-moi m’en occuper ! – Olaf s’agite.
Alexis – J’vais le dire à mon frère et il va le crever cet enculé !
Olaf bouscule de nouveau Ed – Vas-y, j’vais vous niquer tous les deux !
Ed, dans une colère noire – Tu me touches encore et c’est moi qui t’en colle une !
Olaf – Vas-y ! Tu veux te battre ?
Aurore, à Alexis – Pourquoi vous vous battez, Alexis ?
Alexis – Ce bâtard, il arrête pas d’insulter ma mère !
Aurore – Calme-toi s’il-te-plaît ! – Alexis proteste de manière inintelligible – Alexis : si tu l’insultes, ça va aggraver les choses ! Tu peux le comprendre, ça ?
Ed, à Alexis – Qu’est-ce qu’il t’a dit au juste ?
Olaf arrive à gifler Alexis – J’vais t’niquer, toi !
Ed prend Olaf par le col – Oh ! Tu arrêtes tes conneries maintenant !
Olaf, hystérique mais apeuré – Lâche-moi ! T’as pas le droit de me toucher, enculé ! – Il prend le pion par le col.
Aurore, à Ed – Ed ! Je vois les CPE au fond de la cour ! Je vais les chercher !
Ed, à Olaf – Soit tu arrêtes, soit je te mets par terre ! Je te le redirai pas !
Olaf retrouve son calme malgré un regard plein de haine – J’vais le niquer à la sortie !
Ed retrouve aussi peu à peu son calme – Ne t’y avises pas, un conseil !
Monsieur Dufour, accompagné d’Aurore – Qu’est-ce qui se passe encore, Olaf ?
Olaf, au CPE – C’est bon ! Ca vous regarde pas !
Monsieur Dufour, à Olaf – Tu vas me parler sur un autre ton jeune homme ! – Olaf regarde ses pieds – Je crois que je t’ai parlé correctement, moi !
Ed, à Monsieur Dufour – Il veut en découdre à la sortie du collège…
Monsieur Dufour – Il ne va rien faire du tout ou j’appelle les gendarmes ! C’est simple ! – A Alexis – Qu’est-ce qui s’est passé ?
Alexis, encore sous le coup de la colère – Il traite ma mère…
Monsieur Dufour – C’est-à-dire ?
Alexis – Il dit que ma mère doit arrêter de mettre du rouge à lèvres parce que quand elle lui suce la bite, ça lui fait un arc-en-ciel !
Monsieur Dufour, à Olaf – Je peux savoir pourquoi tu te permets de lui parler comme ça ?
Olaf, désinvolte – C’est bon !
Monsieur Dufour, furieux – Je te parle ! Tu me réponds ! Tu vas pas venir me la jouer racaille, c’est moi qui te le dis ! – Silence embarrassé d’Olaf – Alors : est-ce que tu as insulté sa mère ?
Olaf – C’est bon, je rigolais…
Monsieur Dufour, dégoûté – Mais tu es immonde mon pauvre Olaf ! Parler d’une mère comme tu le fais à un fils ! Mais tu te prends pour qui ?
Olaf, mal à l’aise – C’est bon…
Monsieur Dufour – Non c’est pas bon ! Ca le sera quand je le dirai, compris ? J’en ai assez de t’entendre insulter des élèves à longueur de temps ! Cette fois je te colle un rapport et je téléphone à tes parents pour qu’ils viennent te chercher !
Olaf – Quoi ? Vous allez appeler mes parents pour ça ?
Monsieur Dufour – Oui, pour ça, comme tu dis ! Tu insultes un élève, tu déclenches une bagarre avant même le début des cours et il faut que le surveillant te menace d’employer la force pour te calmer ! Je crois que c’est bien assez !
Ed – Et puis, si je peux me permettre : qu’il se ravise pas de me parler comme il l’a fait parce que la prochaine fois, ça se passera pas aussi bien !
Lola intervient sous le regard étonné d’Aurore – Qu’est-ce qui se passe ?
Monsieur Dufour, excédé – Alors toi, tu vas me faire le plaisir de monter en cours directement et de t’occuper de tes affaires ! Je te rappelle que tu es ici parce que ton lycée t’a viré au bout de quelques jours, alors reste à ta place ou je me charge de t’y renvoyer !
Lola, vexée – Vous avez pas le droit de me parler comme ça !
Monsieur Dufour, explosif – Pardon ? Déjà, tu vas éviter de me donner des leçons de morale, d’accord ? C’est à des adultes de régler le problème et moi, là, je ne vois qu’une toute petite fille ! Alors tu vas me faire le plaisir de monter en cours tout de suite et d’apprendre tout ce que tu dois apprendre pour pouvoir un jour venir m’expliquer mon travail ! Compris ? – Devant le silence de Lola médusée – Aurore, accompagnez-là en classe ! Quant à vous deux, dans mon bureau ! On va régler ça !
Lola, à Aurore, hors de portée des oreilles de monsieur Dufour – Putain, il a pas le droit de me parler comme ça ! Tu crois que je peux porter plainte ?
Aurore – Non Lola… tu ne peux pas porter plainte pour ça.
Lola – Putain, la loi, c’est dégueulasse pour nous, les jeunes ! En plus, Alexis, il risque de se faire taper par Olaf…
Aurore – Mais non ! Le CPE va régler le problème…
Lola – C’est ça ! Tu crois peut être qu’il va pas y avoir une baston à la sortie du collège ?
Aurore – Je connais monsieur Dufour ! A mon avis, ils n’ont pas intérêt de se battre une fois que le problème sera réglé…
Lola sort son téléphone – Je vais appeler Alexandre au cas où…
Aurore – Alexandre ?
Lola – C’est le frère d’Alexis ! Tu vas voir, il va le défoncer l’autre enculé d’Olaf !
Aurore – Lola ! Arrête de parler comme ça ! Et puis je te rappelle que le téléphone est interdit dans le collège !
Lola résiste à Aurore qui essaie de confisquer le portable – Non, s’il-te-plaît ! J’en ai besoin !
Aurore – Je suis désolée Lola mais tu sais très bien que tu n’as pas le droit de sortir ce téléphone de ta poche et tu te permets de le faire quand même ! En plus, je te dis qu’Alexis ne risque rien et tu t’entêtes à vouloir téléphoner à son frère ! Tu veux quoi ? Une bagarre ?
Lola – Excuse… mais j’en ai besoin ! Ma mère est gavé malade et elle m’a dit qu’il fallait que je le garde sur moi au cas où elle aurait un malaise !
Aurore, perplexe – Ta mère est malade ?
Lola – Ouais et mon père est parti de la maison et depuis, ma mère dépresse !
Aurore – Bon… Je te le laisse mais à condition que tu n’appelles pas le frère d’Alexis !
Lola – Oh merci Aurore ! Tu me sauves la vie !
Aurore – Tu me promets que tu ne te sers plus de ton portable ?
Lola – J’te le jure sur la tête de ma mère !
Aurore – Ok… je te fais confiance.
Lola – De toute façon, vaut mieux même pas que je call Alexandre parce que si je lui dis que son frère, y va se faire défoncer, il va venir mettre le dégât, lui !
Aurore – Ah bon ?...
Lola – Tu le connais pas ? Il était là l’année dernière… il a même failli taper un pion !
Aurore – Il n’y a pas longtemps que je suis arrivée…
Lola – Ah oui, c’est vrai ! Mais tu vas bientôt le connaître, mon homme ! Il traîne souvent devant le collège avec des lascars ! J’te jure, tous les pions, ils en ont gavé peur, même les CPE !