SEVICE PUBLIC

38. Prendre acte. En un acte.






38. Prendre acte.

En un acte.

 

 

VENDREDI  09 JANVIER.

 

 

 

Tony – Ce que je veux dire, c’est qu’on a forcément ses préférés mais ça ne veut pas dire qu’on les traite différemment des autres !

Monsieur Dufour – Je me demande… Vos chouchous, vous les engueulez moins que ceux que vous pouvez pas piffrer, non ?

Tony – Pas à faute égale !

Monsieur Dufour – Comment ça,  « pas à faute égale » ?

Tony – Il se trouve que mes préférés sont ceux qui font le moins d’âneries, du coup je les engueule moins. Mais la dimension éducative ne découle aucunement de l’affective.

Une jolie nana – Bonjour…

Monsieur Dufour, soudain affable – Bonjour ! Que puis-je faire pour vous ?

La jolie nana – Voilà, j’ai eu un petit problème avec un élève…

Monsieur Dufour – Mais où ça ?

La jolie nana, décontenancée – Ici, pourquoi ?

Monsieur Dufour – Mais où, « ici » ?

La jolie nana – Euh… je suis professeur, ici, moi…

Monsieur Dufour – Ah bon ? Et de quoi ?

La jolie prof – De français.

Monsieur Dufour – Bien ! – En regardant Tony – On en a de la chance !

La prof – Bref ! J’ai récupéré des rédactions et voici ce que j’ai vu sur l’en tête de celle-ci…

Monsieur Dufour, copie dans les mains – « je vous aime vous ete trop belle »… et c’est de qui cette poésie ?

La prof – Jean Broute ! Il est resté en débardeur tout le cours… Je ne sais plus quoi faire avec lui !

Monsieur Dufour – Bon, ce qu’on va faire, c’est que je vais l’appeler à la récréation et je vais voir ça avec lui ! Dans tous les cas, ne vous inquiétez pas, je le connais : il est pas méchant !...

La prof – Merci... – Elle s’en retourne dans sa classe.

Monsieur Dufour - Enfin : on peut pas lui reprocher d’avoir mauvais goût en tous cas !

Tony – En fait, c’est madame Bibes. 

Monsieur Dufour – Pourquoi vous dites « en fait » ?

Tony, hébété – Euh…

Monsieur Dufour – Vous le connaissez notre bovin ?

Tony, étonné – Notre bovin ?

Monsieur Dufour, amusé – Notre brouteur si vous préférez !

Tony, un éclair de conscience – Ah ! Broute ? Oui… Il devient un peu lourd, surtout avec les filles !

Monsieur Dufour – Moi, je dirais surtout avec les années !

Tony – Comment ça ?

Monsieur Dufour – Ce que je veux dire, c’est que c’est un peu de son âge, les filles !

Tony – Eh bien c’est lui qui voulait faire essayer un préservatif à une gamine de sixième…

Monsieur Dufour – Pff… Bon, si c’est un pervers, je préfère laisser ça à ma collègue… Moi je vais chez moi, vous lui en parlez ? Je vous laisse la copie !

Tony, scié – D’accord… - Tony se met à lire la rédac – « quand j’arrive au concère booba n et pas monté encore mais ya un autre group que jaime pas ais qui fait du rap alors j attend avec vous parce qe malgré que vous etes ma prof vous etes aussi ma meuf et les autres du public y sont jalou parceque vous etes adultes. Apres il y a booba qui arrive et il chante et c’et geniale. Panadant  le concer on s’embrasse meme si vous avais un mec mais vous en avai mar alors vous prféré sortir avec un mec comme moi. A la fin on part sur le pare quingue et vous montez dans mon alfa romeo tuning. Tous les autre y sont jalou parce que c’et moi qui a la plus belle meuf et la plus belle caisse et on sen va tous les 2. » - Un instant perplexe – Je n’en reviens pas… - Tony regarde au-dehors – Mais… qu’est-ce qu’il fout ? – A cet instant, Tony aperçoit Nick Lemaire piétiner les cheveux d’une gamine. Tony sort comme un V2 de la vie scolaire et se rue sur Nick. – Sort ton pied de là immédiatement !

Nick, rouge – J’ai rien fait !

Tony – Tu te fous de moi ?

Nick – Mais qu’est-ce que j’ai fait, encore ?

Tony – Non mais je rêve, là ! – A la petite qui se lève – Chloé : vous vous amusiez, là ou quoi ?

Chloé – Non ! Il me colle par terre parce que je veux pas me laisser toucher les fesses !

Nick, scandalisé – C’est pas vrai ! – Air furieux de Tony – C’est bon, je vais me faire engueuler pour rien maintenant !

Tony – Vas à la vie scolaire avant que ça ne tourne mal ! Dépêche-toi ! – Nick s’exécute – Chloé : dis-moi ce qui s’est passé en détail je te prie.

Chloé – Mais il est là, il me passe derrière et d’un coup il me touche les fesses. Alors moi je lui dis d’arrêter et il recommence. Et comme je lui attrape les mains pour l’empêcher, il me pousse par terre et il me met le pied sur les cheveux pour m’empêcher de me relever !

Tony, mécontent – Bon, je vais régler ça. Reste dans le coin au cas où…

Madame Sauzéon entre dans la vie scolaire en même temps que Tony – Vous venez fumer avec moi, cinq minutes ?

Tony – Euh… j’ai un petit souci à régler et j’arrive…

Madame Sauzéon – Qu’est-ce qui se passe ?

Tony – Non mais vous, vous revenez de la réunion ! Allez-vous détendre…

Madame Sauzéon – On règle ça d’abord et on se prend une petite pause après. Alors ?

Tony – Bon, madame Bibes est venu avec cette copie : regardez un peu le contenu…

Nick, regard de cocker – Je peux sortir Tony maintenant ?

Tony – Toi, tu attends !

Madame Sauzéon – Je la garde avec moi, on va le convoquer ! Il commence à me courir sérieusement celui-là ! La dernière fois, il a voulu se battre avec Bastien parce qu’il lui disait d’arrêter d’importuner une sixième avec ses capotes… - Un regard vers Nick – Et toi, qu’est-ce que tu fais, là ?

Nick, lacrymal – Mais rien…

Tony, ulcéré – Rien ? Je vous explique : il touche les fesses d’une petite sixième, elle  essaie de l’en empêcher parce qu’il insiste et de colère, il la jette au sol et la plaque en lui tenant un pied sur les cheveux !

Madame Sauzéon, hors d’elle – De quoi ?

Nick – Mais… mais…

Madame Sauzéon – Quoi « mais, mais » ? C’est tout ce que tu as à dire ? – L’élève regarde ses pieds – Tu dirais quoi si quelqu’un faisait ça à ta petite sœur ?

Nick – M’en fiche, moi !

Madame Sauzéon – Comment ? Tu t’en fiches ? Très bien : je vais appeler ton père et lui demander de venir te chercher ce soir ! J’en ai marre de tes bêtises maintenant !

Nick – Mais…

Tony – N’aggrave pas ton cas, un conseil !

Madame Sauzéon – Monsieur Lemaire ? Bonjour, c’est madame Sauzéon, la CPE du collège Casero. Je vous appelle parce que votre fils a été surpris en train de tenir plaquée au sol une élève en lui marchant sur les cheveux ! – Là, la CPE met le haut parleur.

Le père – Ah… Moi je connais mon fils et ça m’étonne qu’il ait fait ça !

Madame Sauzéon – Ecoutez, le surveillant l’a vu faire à l’instant…

Le père – Mais vous êtes sûre qu’il a bien vu, votre surveillant ?

Tony, à sa CPE – Non mais il plaisante là ou quoi ?

Madame Sauzéon – Ecoutez monsieur, mon surveillant est intervenu pour libérer la jeune fille…

Le père – Moi ça m’étonnerait que mon fils, y se soit amusé à faire un plaquage à une fille !

Madame Sauzéon, agacée – Mais puisque je vous le dis, monsieur !

Le père – Bon, écoutez, là je roule vers chez moi ! Je fais vite et j’arrive pour tirer ça au clair ! Ca va pas se passer comme ça, croyez- moi !

Madame Sauzéon – Eh bien je vous attends monsieur ! A tout de suite – Elle raccroche le combiné -  C’est moi qui règlerait ça tout à l’heure ! Je ne veux pas que vous le voyiez !

Tony – D’accord… Euh… Je vous appelle Jean Broute maintenant ou après…

Madame Sauzéon – Oh écoutez ! Moi je me suis tapé la réunion à la place de mon collègue qui avait soi-disant des dossiers à terminer et vous, vous n’avez même pas pris votre pause déjeuner ! Alors on se prend cinq minutes !

La prof, de retour – Excusez-moi mais là je reviens des couloirs : le petit Broute m’appelle carrément « ma poule » devant toute la classe maintenant !

Madame Sauzéon, dépitée, paquet de cloppes à la main – Oh c’est pas vrai ! – Elle regarde dans le bureau de son homologue – Et puis : il est où, à la fin, Christian ?

Tony, penaud – Euh… je sais pas trop…

 

 

 

 







12/12/2011
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