23. Le Bush à oreille. Acte II.
23. Le Bush à oreille.
Acte II.
Madame Lacrampe, professeur d’Anglais de Noémie, était plus qu’inquiète à propos du comportement de « cette jeune fille ». Pauvre Madame Lacrampe : elle devait bien être la seule à croire tout ce que racontait la gamine et à y penser au point d’en attraper des insomnies !
Madame Lacrampe, à Tony – Donc vous croyez que cette histoire de garçon de Lisbonne que m’a raconté Noémie est fausse ?
Tony – J’en suis persuadé…
Monsieur Dufour, dans son bureau – Non mais toi tu la fermes ! J’ai l’âge d’être ton père, d’accord ?
Madame Lacrampe, étonnée par les hurlements de monsieur Dufour – Qu’est-ce qui se passe ?
Tony – Les CPE sont en train de régler une histoire d’insultes et de bagarre !
Madame Lacrampe, curieuse – Et c’est qui, l’élève ? – Elle aperçoit Olaf et Alexis – Ah ! C’est eux !
Madame Sauzéon ferme la porte vitrée du bureau de monsieur Dufour – Bon, y’a pas moyen d’être tranquille ici !
Anna, tout en continuant son appel – Mais ça sert à rien qu’elle ferme la porte ! On entend et on voit tout !
Ed, à Anna – Ouais… et puis je me demande ce qu’on fout là puisqu’on les dérange chaque fois qu’ils allument un gosse !
Madame Lacrampe, à Tony – Ils sont horribles ces deux là, non ?
Tony, étonné de la grimace du prof – Vous les connaissez ?
Madame Lacrampe – Oh ! M’en parlez pas ! Le Olaf, c’est le pire de sa classe ! Pourtant, sa classe, c’est à celui qui se montrera le plus minable ! Mais malgré ça, il trouve le moyen de se démarquer : il ment, il est toujours à insulter les autres élèves, il est bagarreur…
Tony – Justement : c’est pour toutes ces raisons qu’il est face aux CPE ! Il a insulté Alexis et apparemment, il l’a agressé quand le petit a essayé de se défendre…
Madame Lacrampe – Méfiez-vous d’Alexis ! Moi je le connais ! Il est fourbe, mais fourbe !...
Tony, la bouche ouverte – Ah…
Madame Lacrampe – Mais oui ! Il est là qu’il provoque à longueur de temps mais il sait rester dans les limites de sorte que quand on le punit, il pique sa crise de nerfs ! Et je vois ne vois pas pourquoi il changerait puisque les CPE lui donnent systématiquement raison !
Monsieur Dufour, dans son bureau – Mais tu respectes rien ! Même pas ton père ! Tu la fermes devant lui parce qu’il te file des tannées, c’est tout !
Madame Lacrampe, à Tony – Il n’y a que le grand qui se fait engueuler ! Vous allez voir qu’Alexis va encore s’en tirer !
Madame Sauzéon – Ed, Tony, vous pouvez venir ?
Tony, à la prof – Excusez-moi !
Les deux garçons entrent dans le bureau – Oui…
Madame Sauzéon – Vous étiez de surveillance dans la cour hier… est-ce que vous avez eu vent de la dispute entre ces deux gros malins ?
Ed – Non… juste qu’Olaf tient des propos orduriers !
Olaf, le regard rivé sur ses pieds – Ouais, c’est ça !
Monsieur Dufour – Tu te tais Olaf ou j’appelle ton père pour qu’il vienne te chercher immédiatement !
Madame Sauzéon – Non, ce n’est pas de ça que je parle ! La bagarre de ce matin est partie d’une altercation hier dans la cour entre midi et deux heures et apparemment, vous n’avez pas résolu le problème !
Ed – Mais si j’avais été au courant de cette altercation, j’aurais fait quelque chose !
Tony, perplexe – Non… moi ça ne me dit rien non plus !
Monsieur Dufour, à Olaf – Bon, c’est ta dernière chance : soit tu me dis ce qui s’est passé hier, soit j’appelle ton père !
Olaf – C’est bon !
Monsieur Dufour, reparti dans les aigus – Quoi « c’est bon » ?
Olaf – Il me traite et je dois rien dire !
Monsieur Dufour – Il t’a insulté ? Très bien, dis-moi de quoi !
Olaf, rictus incontrôlé – Mais il arrête pas de me traiter de gros !
Madame Sauzéon, sidérée – De gros ?
Monsieur Dufour, pas moins étonné – Mais toi, qu’est-ce que tu lui as dit ?
Olaf – Je lui ai dit que c’était lui qui était le plus gros des deux !
Monsieur Dufour – Et alors ? C’est tout ?
Madame Sauzéon – Vous, gros ? Mais… c’est n’importe quoi ! Vous trouvez n’importe quelle raison pour vous battre ! – Les deux garçons ont envie de ricaner – Mais qu’est-ce que vous avez dans la tête ?
Olaf – Ouais mais il m’a mis un coup de pied dans les boules et il m’a dit que ma mère pouvait me sucer pour que j’ai moins mal !
Alexis interrompt son adversaire – Ouais mais toi tu m’as dit que j’étais un fils de taulard !
Monsieur Dufour interrompt la réplique d’Olaf – Tu as osé parler de ça, Olaf ?
Olaf – Mais il traitait ma mère !
Madame Sauzéon, aux pions – De toute façon, si vous étiez intervenus hier, ça n’aurait pas dégénéré !
Ed, à Olaf – Ok ! Olaf, ce que tu racontes, là, ça s’est passé où ?
Olaf – Dans le couloir au troisième étage…
Ed, à madame Sauzéon – Voilà pourquoi on n’est pas intervenu ! Nous, on était de surveillance dans la cour, on ne risquait pas de savoir que ces deux andouilles étaient en train de se foutre sur la gueule dans le couloir du troisième !
Olaf et Alexis, en chœur – Quoi « andouilles » ?
Ed hausse le ton – Oui « andouilles » ! Parce que je vous rappelle que si je ferme les portes à midi et demi tous les jours, c’est pas pour entendre dire que deux andouilles sont entrées dans le couloir pour y faire les cons !
Madame Sauzéon, à Ed – Bon, ben… ça va aller !
Ed, surpris – Quoi « ça va aller » ?
Madame Sauzéon – Vous pouvez sortir tous les deux, maintenant.
Monsieur Dufour, à Olaf et Alexis – C’est pas à vous qu’on parle ! On n’en a pas fini je vous signale ! – Les deux surveillants sortent, avec un air réprobateur rivé sur la tronche d’Ed. Long silence des deux « andouilles »… - Bon, alors : qu’est-ce qu’on fait ?
Alexis – On arrête ?
Monsieur Dufour – Ben… je sais pas moi ! Vous arrêtez quoi, d’abord ?
Alexis – De nous traiter ?...
Monsieur Dufour – Pas seulement ! Vous arrêtez de vous battre et je veux être sûr qu’il n’y aura pas de représailles ! A moins, c’est un détour par le bureau de la principale et le conseil de discipline ! Alors : on fait quoi ?
Olaf – On arrête !
Alexis – Ouais, on arrête !
Monsieur Dufour – Très bien ! Je vais vous laisser un sursis, ce qui veut dire que la prochaine fois, vous paierez la note. C’est compris ?
Olaf et Alexis, en chœur – Oui…
Monsieur Dufour – Bien : quant à toi Olaf, ne t’avise plus de faire allusion à son père, c’est compris ? Il a peut être fait de la prison, mais c’est fini maintenant : il a payé sa dette ! Tu sais ce que ça veut dire « payer sa dette » ?
Olaf, le regard fuyant – C’est bon…
Madame Sauzéon – Je crois surtout qu’il devrait arrêter d’insulter les autres élèves !
Monsieur Dufour – Ce n’est pas compliqué : si jamais j’entends que tu as insulté n’importe qui, je te fais passer en conseil de discipline ! –Le téléphone sonne– Oui ?
Une voix – Y’a quelqu’un qui vient de s’introduire dans le collège du côté du parking à vélo !
Monsieur Dufour – Ok, je m’en occupe ! – Raccrochant le combiné – Tony, Ed !
Ed – Oui ?
Monsieur Dufour – Quelqu’un s’est introduit dans le collège ! Allez voir si vous le trouvez ! – A sa collègue – Bon, moi je vais fumer une cloppe ! Tu me les envoies en permanence ?
***
Tony, ouvre le portail du garage à vélos – Ils me font rire, moi, les CPE ! On fait comment si ça tourne mal ?
Ed – On cogne le plus fort possible !
Tony – J’suis pas là pour ça, merde ! Eh !... Je viens de voir quelqu’un partir en direction de la vie scolaire !
Ed – T’es sûr ?
Tony – Mais oui !
Ed – Passe par là ! On va le gauler à revers!