30. Je vous trouve très beauf !
30. Je vous trouve très beauf !
MARDI 2 DECEMBRE.
Tony, sans âme – Noémie, je veux que tu ailles manger ! Tu vas encore faire un malaise, sinon !
Noémie, pleure-sans-larmes – Je vais crever et tout le monde sera content !
Olaf Rousse fait irruption dans la vie scolaire, les mains plaquées sur la kékette – Putain ! Il m’a écrasé les couilles cet enculé !
Madame Sauzéon, hors d’elle – Non mais qu’est-ce que c’est que ce vocabulaire ?
Olaf, plié en quatre – Mais j’ai mal aux couilles !
Tony – Qu’est-ce qui t’es arrivé ?
Olaf – C’est l’autre pédé qui m’a mis un coup de pied dans les couilles !
Madame Sauzéon, déchaînée au point de secouer Olaf – Tu vas arrêter de dire des gros mots, oui ?
Olaf, soupe à la grimace – Ah ! Arrêtez ! J’ai gavé mal !
Tony – Qui a fait ça ?
Olaf – C’est Vincent !
Madame Sauzéon – Lanusse ?
Olaf – Mais oui… !
Madame Sauzéon – Gina, vous l’accompagnez à l’infirmerie s’il-vous-plaît ?
Gina – Allez, viens avec moi, Olaf !
Olaf, plié en 4,8 – J’ai mal…
Madame Sauzéon – Tony, allez me chercher cet abruti de Vincent immédiatement… - Passant d’un coup de 60 à 160 décibels – Et toi Noémie tu vas manger sinon je t’en colle une ! – Noémie tourne les talons en mode pleurs-sans-larmes – J’en ai marre de ta comédie maintenant ! C’est tous les jours que tu monopolises un surveillant !
Noémie, théâtrale – Mais n’importe quoi ! Je parle à Tony !
Madame Sauzéon : 180 décibels – Et Tony c’est quoi ? C’est pas un surveillant peut être ?
Tony, accompagné de Vincent – Le voici ! Il était juste à côté de…
Madame Sauzéon, l’oreille de Vincent dans la main – Qu’est-ce que tu as fait à Olaf ?
Vincent – Aie ! Mais rien, on s’amusait ! Aie aie aie !
Madame Sauzéon : 185décibels – Tu te fous de moi ou quoi ?
Vincent – Non mais je vous jure qu’on s’amusait !
Madame Sauzéon : 190décibels – Alors pourquoi tu lui as mis un coup de pied dans les testicules ?
Vincent, en larmes – Mais c’était un pari !
Madame Sauzéon et Tony – De quoi ?
Vincent – Mais oui, c’était un pari !
Madame Sauzéon – Je te préviens que si tu me mens, ça va mal aller !
Gina – L’infirmière n’est pas là.
Madame Sauzéon – Mais ce n’est pas possible, je viens de la voir ! Je commence à en avoir marre qu’elle se promène dans le collège au lieu de recevoir les élèves ! – A Olaf – C’est vrai que le coup de pied de Vincent c’était pour un pari ?
Olaf, rictus incontrôlé – Ben ouais…
Tony, coi – Je crois rêver…
Gina, déconcertée – Super !
Madame Sauzéon, la tignasse d’Olaf dans la main – Mais j’en ai marre de tes âneries ! Tu me fais perdre mon temps !
Olaf – Aie aie aie ! Putain mais arrêtez !
Madame Sauzéon, furieuse – Tu me parles comment, là ? – Olaf est médusé – Tu t’assieds ici et tu attends monsieur Vandeputte ! Je vais l’appeler : il va s’occuper de toi parce que moi, j’en ai marre !
Vincent, avec ses airs de petit malin – Bon, ben… j’y vais moi ! Ok ?
Là, madame Sauzéon lâche son téléphone et bouscule Vincent qui manque de se crouter – DE-HORS ! Et vite ! – A Gina, tout en reprenant son calme - Je ne sais pas ce qu’ils ont mais ils sont insupportables !
Gina – Mais ça, ce sont les vacances qui approchent ! Chaque fois, c’est la même histoire ! – En voyant débarquer un élève à la vie scolaire – Tenez ! Regardez qui arrive !
Jérôme était en troisième: sa face de cake lui donnait un air con qu’aucun contact ne pouvait démentir !
Gina – Que fais-tu ici ?
Jérôme, naturel – Je suis sorti du cours d’Anglais !
Gina – C’est qui, la prof ?
Jérôme – Madame Langlais !
Gina, devançant une madame Sauzéon qui se contient – Et pourquoi ça ?
Jérôme – Parce que j’aime pas les enculées !
Madame Sauzéon – De quoi ?
Jérôme hausse le ton – Quoi ? Elle est là qu’elle me casse les couilles parce que je dors en classe !
Madame Sauzéon – Moi j’en ai marre, je vais demander un conseil de discipline ! Depuis le temps que tu fais n’importe quoi avec madame Langlais, je crois qu’on a trop attendu !
Jérôme, larmoyant – J’m’en fous d’être viré de ce collège de merde !
Madame Sauzéon, furieuse – Arrête avec ton langage ordurier ! Tu ne peux pas faire une phrase sans sortir des abominations, ma parole ! – Jérôme pleure comme quoi il est « strigmatisé » - Tu remontes en cours et tu verras ça avec madame Hachiche, la principale !
Jérôme – Non, j’y revais pas !
Madame Sauzéon – Pardon ? Tu vas me faire le plaisir de remonter avant que je t’en colle une !
Jérôme – Non, j’y vais pas ! – Crise de larmes et coups de pieds dans le mobilier de la vie scolaire.
Gina, inquiète de la tournure des évènements – Non mais ça ne va pas ? Calme-toi, Jérôme !
Jérôme, en larmes – Mais je la déteste !
Gina – D’accord mais on ne peut pas te garder à la vie scolaire ! Alors tu sèches tes larmes et tu retournes en cours avec un billet de retard que je vais te faire !
Madame Sauzéon – Je vais à ma réunion ! Ils m’ont mise en retard ces crétins ! – A Jérôme et Olaf – Dans tous les cas, ce n’est pas fini, croyez-moi !
Jérôme, la voix déformée par les pleurs – Putain mais qu’est-ce qu’elle a à me casser les couilles !
Olaf, moqueur – Tsss !
Jérôme – Quoi ?
Olaf, narquois – Mais rien !…
Jérôme, furax – Pourquoi tu rigoles, enculé ?
Gina – Oh ! Jérôme ! Tu te calmes maintenant !
Jérôme se rue sur Olaf et lui assène coups de poings et coups de pieds : Olaf bascule de sa chaise et essaie de rendre les coups avec ses pieds. Rien n’y fait : Jérôme est plus fort. Tony est obligé d’intervenir pendant que Gina part chercher madame Bretelle qui traverse, à cet instant, la cour.
Tony s’interpose – Arrête! Tu vas le tuer !
Jérôme assène autant de coups que possible – M’en bats les couilles ! Je vais le tuer cet enculé !
Tony attrape le bras de Jérôme – Arrête maintenant !
Jérôme, encore plus hystérique – Tu me touches pas ! Tu me touches pas !
Tony – Alors arrête de le cogner !
Jérôme empoigne Tony par le col – Mais qu’est-ce qu’t’as à me casser les couilles, enculé ?
Madame Bretelle – Ca suffit Jérôme !
Jérôme, comme médusé – Quoi ?...
Madame Bretelle – Tu agresses un adulte ? Tu vas prendre une correction, ce soir, quand je vais appeler ton père ! Faudra pas venir te plaindre, après !
Jérôme, terrorisé – Non, non…
Madame Bretelle – Non mais qu’est-ce qui te prend pour agresser un surveillant ?
Jérôme, en larmes – Mais il me touche…
Madame Bretelle, impitoyable – Et alors ? Tu crois qu’il te touche pour quoi ? – Silence de Jérôme – Il est obligé de s’interposer pour t’arrêter de frapper Olaf ! Mais lui, quand il te touche, c’est pas la même chose qu’un élève qui fait le même geste ! Tony, c’est un adulte et c’est son travail de faire ce qu’il a fait ! – Un long silence – Non mais tu te prends pour quoi ? Lever la main sur un surveillant ! – Jérôme pleure, Gina et Tony aident Olaf à se relever bien qu’il les envoie chier – Très bien : tu viens avec moi dans mon bureau. Je téléphone à ton père pour qu’il vienne te chercher ! Je ne veux pas de toi dans ce collège !
Tony regarde la directrice des SEGPA partir avec Jérôme en larmes – Alors là, je ne pensais pas qu’elle prendrait ma défense !
Gina – Et t’as vu comme t elle l’a calmé ?