23. Le Bush à oreille. Acte V.
23. Le Bush à oreille.
Acte V.
Vendredi 17 Octobre. Les émotions de la veille n'empêcheraient pas Tony de faire son travail, « nom de nom » !
Tony, combiné de téléphone dans la main – Vie scolaire du collège Eric Casero, bonjour…
Madame Lanusse – Tony ?
Tony – Euh… oui ?
Madame Lanusse – Tony ? Bonjour ! C'est Coco, la mère à Vincent !
Tony – Ah Oui ! Vincent Lanusse ?
Coco, donc – Oui… bon, je vous appelle d'abord pour vous remercier d'être resté avec lui hier soir le temps que j'arrive de mon boulot…
Tony – Ce n'est rien, nous n'avons fait que notre travail…
Coco – Non, ne dites pas ça ! Vous auriez pu débaucher à cinq heures ! Au lieu de ça, vous êtes resté avec lui jusqu'à six heures et quart malgré les risques de bagarre ! Non, vraiment : merci beaucoup !
Tony, gêné – Il n'y a pas de quoi…
Coco – Oh si, croyez-moi ! Sinon, je vous appelle pour vous dire que j'ai bien porté plainte comme vous et votre collègue me l'avez conseillé…
Tony – D'accord ! Vous avez bien fait…
Coco – Ah ! J'ai failli oublier ! Je garde Vincent pour aujourd'hui ! Je crois qu'il a peur de venir… il vaut mieux qu'il reste à la maison… et au cas où il y aurait des représailles…
Tony – D'accord… je vais le noter absent pour la journée.
Coco – Merci Tony ! Bonne journée… et au revoir !
Tony – Au revoir, bonne journée ! – Il raccroche le téléphone – La mère de Vincent a porté plainte…
Ed – Tant mieux ! Les flics feront peut être quelque chose, eux !
Tony, de nouveau dérangé par le téléphone – Vie scolaire, bonjour !
La principale – Oui, bonjour : c'est madame Hachiche…
Tony – Oui… bonjour…
Madame Hachiche – Vous êtes un des surveillants qui a assisté à l'agression d'hier soir, devant le collège ?
Tony – Oui…
Madame Hachiche – Bien ! La gendarmerie vient de m'appeler : il faudrait que vous passiez faire une déposition…
Tony – Ah ! – Un silence – Euh… le problème, c'est que je suis en train de faire l'appel et que je suis débordé !
Madame Hachiche – Ah bon… bon ! Je vais voir s'ils peuvent venir… à tout à l'heure.
Tony raccroche le combiné – Tu sais quoi ? Les gendarmes veulent qu'on fasse une déposition !
Ed – Pff… Ok…
Tony – Non mais attends ! Je n'ai pas envie que ça se retourne contre nous !
Ed – Comment ça ? Tu veux parler de représailles ?
Tony – Ben oui ! Imagine que les familles s'en mêlent !
Ed – Non ! Les flics savent ce qu'ils ont à faire ! Le seul truc qui me fait suer, c'est que la gendarmerie, c'est pas à côté !
Tony – Madame Hachiche m'a dit qu'elle allait demander aux gendarmes de venir ici…
Ed – Tu rêves, là !
Tony – Pourquoi ?
Ed – Si tu t'imagines que les poulets vont se déplacer pour nos dépositions…
Tony – Mais elle m'a dit…
Madame Sauzéon entre dans la vie scolaire – Tony et Ed : il faut que vous alliez à la gendarmerie faire une déposition !
Tony - Mais la principale m'a dit que les gendarmes viendraient pour pas que nous rations notre journée…
Madame Sauzéon – Mais j'en sais rien, moi ! Elle vient de me dire que vous deviez aller à la gendarmerie, c'est tout !
Ed, les clés de sa voiture dans les mains – Je t'emmène ?
***
Ed, au volant – Tu vois ? Qu'est-ce que je t'avais dit ?
Tony – Pourquoi elle ne m'a pas dit, à moi, que ce n'était pas possible de faire venir les gendarmes ?
Ed – Parce que tu crois vraiment qu'elle les a rappelé pour leur demander ?
Tony - …
Ed – Mais… c'est des faux culs ! Tous autant qu'ils sont !
Tony – Pas les CPE quand même…
Ed – Pareil ! Tu rêves si tu crois qu'ils ont de la considération pour toi ! Regarde Sauzéon qui t'envoie bouler quand tu lui dis que la principale s'est engagée à faire venir les flics ! Et Dufour ! Tu crois qu'il est sympa avec nous parce qu'il nous prend pour ses petits potes ?
Tony - …
Ed – C'est parce qu'il est en bisbille avec la direction qu'il se retourne vers nous ! Là qu'il commence à faire ami-ami avec Hachiche, il commence à nous prendre de haut ! Te laisse pas avoir ! Ils sont gentils parce qu'ils ont besoin de nous. Mais je crois que de Dufour ou de Sauzéon, il est impossible de savoir lequel est le plus faux !
Tony – Je ne sais pas…
Ed – Si je te le dis !
Tony – Ah… on arrive !
***
Ed, bloqué par une immense grille – Putain mais on peut pas rentrer ! On risque pas de les agresser, barricadés comme ils sont !
Tony – Tu devrais sonner à l'interphone…
Ed – Non mais c'est un monde : on est obligé de taper l'incruste pour rentrer dans une gendarmerie ! Ils sont pas censés être ouverts au premier venu ?
***
Un gendarme moustachu, aux deux pions – Bon, alors on commence par lequel ?
Ed – Par moi ! Allons-y !
Un autre gendarme, à Tony – Asseyez-vous ! Vous voulez un petit café ?
Tony – Non merci…
Un gradé, au gendarme – Dîtes : on n'a plus de sucre !
Le gendarme – Oh ! Ca ne nous fera pas de mal de freiner un peu sur le sucre !
Le gradé – Ah non mais moi, je ne peux pas prendre mon café sans sucre ! C'est pas possible !
***
Tony entre dans le bureau où Ed vient de faire sa déposition – Bonjour…
Le gendarme moustachu – Bonjour ! Entrez, entrez ! Vous voulez un café ?
Tony – Euh… non, merci.
Le moustachu – Un cappuccino ?
Tony – Non… merci !
Le moustachu – Un moka ?
Tony, plus par lassitude que par envie – Bon : un café peut être…
Le moustachu – Comme moi. – A son coéquipier – Eric ! Deux cafés s'il-te-plaît ! – Puis à Tony – J'ai un mal de chien à ouvrir ce colis…
Tony, étonné – C'est quoi ?
Le moustachu, aux anges – Figurez-vous que j'ai reçu ça des Etats-Unis ce matin et que ça m'a été envoyé par le club des Chicago-Bulls ! – Le gendarme se gratte l'intérieur de la narine.
Tony – Et pour ma déposition… je fais quoi au juste ?
Le moustachu – Ah ! C'est votre première ?
Tony – Oui…
Le moustachu mascagne son colis – Bon ! Vous avez vu quoi, au juste ?
Tony – Rien de plus que mes collègues, je crois… j'ai vu l'élève Lanusse se faire agresser sans raison…
Le moustachu – Bon ! – Il tapote sur son clavier – Je vais indiquer que vous n'avez pas plus d'éléments à relater et vous allez signer ! Ca vous va ?
Tony – Oui… mais ma déposition va compter pour du beurre, alors ?
Le moustachu – Non, non ! Ne vous inquiétez pas : là, on dit juste la vérité ! Vous avez vu les mêmes faits que votre collègue. C'est pas la peine de vous embêter une heure avec ça ! Par contre, nous, ces merdeux : ça fait des années qu'on chercher à les choper ! Les Johnny, Alexandre et compagnie ! Certains d'entre eux viennent d'avoir 16 ans et la loi ne les protège plus !
Tony – On risque des représailles ?
Le moustachu – Non ! Ils ne savent pas qui a fait une déposition ! Et puis, vous savez : quand on en aura fini avec eux, ils n'auront pas envie de faire les mariolles !
Eric – Vos cafés ! Par contre, je suis désolé mais il n'y a pas de sucre !
Tony – C'est pas grave !
Le moustachu à Eric et Tony – Regardez les gars : une réplique exacte du ballon avec lequel a joué Michael Jordan ! C'est pas magnifique ça ?