SEVICE PUBLIC

31. The Gruge.




31. The Gruge.

 

 

JEUDI 4 DECEMBRE.

 

 

 

Anna, une tête de déterrée – Je ne sais pas comment je vais faire quand Johanna sera partie !

Tony, original – Eh oui…

Anna – On se cotise pour son cadeau de départ. Tu vas mettre combien ?

Tony – Euh… combien avez-vous mis ?

Anna – Ah mais c’est comme tu veux !

Tony – Non mais je vais mettre comme les autres…

Anna – Moi j’ai mis 20 euros mais bon : c’est mon amie ! Toi, tu mets ce que tu veux…

Romain Gallo, un gamin ordinaire de sixième – Excusez-moi…

Tony – Oui, Romain ? Que veux-tu ?

Romain – Je suis sorti de cours…

Tony – Et pourquoi ça ?

Romain – Monsieur Bellevue m’a mis une claque.

Anna, étonnée – Une claque ? – Constat de la marque – Regarde la marque sur la joue, Tony !

Tony – Que s’est-il passé pour que monsieur Bellevue te mette une claque ?

Romain – Rien !

Tony – Arrête Romain : il a bien du se passer quelque chose pour que monsieur Bellevue te donne une gifle !

Romain – En fait, c’est toujours le bazar, chez monsieur Bellevue. Y’a Alexis qui montre ses fesses et qui fait des bruits de cochon, les autres jettent des boulettes de papier… et à un moment, le prof était en train d’écrire au tableau quand il a reçu une boulette de papier dans la tête ! Il s’est retourné et quand il a vu Alexis rigoler, il a d’abord dit qu’il fallait se calmer… et puis il m’a regardé et il m’a demandé ce que je faisais avec ma sarbacane. Moi, je lui ai dit que j’avais pas de sarbacane et il est venu à mon bureau et il m’a pris mon stylo de mes mains. Il a enlevé la mine, le capuchon et le bouchon du bout du stylo et il m’a dit que c’était facile de faire une sarbacane ! Moi, je lui ai dit que c’était pas moi et il a commencé à me casser mon stylo. Il m’a dit qu’il allait me coller et moi, je lui ai dit qu’il préférait s’en prendre à moi parce qu’il avait peur d’Alexis. Quand il a dit de me taire, moi je lui ai dit qu’il ferait mieux d’arrêter le bazar dans sa classe et là, il m’a mis une grande claque. Alors moi, je suis sorti de la classe !

Anna – Tony, tu vas chercher monsieur Dufour ? Il est au secrétariat.

Tony – Ok… - Avant de s’exécuter – Tiens, les dix euros pour le cadeau… - Ed entre à ce moment.

Ed, au moment où part Tony – Pourquoi il te donne dix euros ?

Anna -  On se cotise pour le cadeau de départ de Johanna. Tu veux donner quelque chose ?

Ed – Euh… j’ai deux euros sur moi… Ca suffit ?

Anna, consternée – Quoi ?

Monsieur Dufour, accompagné de Tony – Allez, Romain, entre dans mon bureau et tu vas m’expliquer ce qui s’est passé dans le cours de monsieur Bellevue.

Ed, gêné – Euh… non, j’apporterai de l’argent demain…

A peine Romain sorti, entre monsieur Bellevue.

Monsieur Bellevue – Christian… je peux te parler ?

Monsieur Dufour – Justement, je voulais te voir.

Monsieur Bellevue, décomposé – Voilà : j’ai eu une altercation avec un élève…

Monsieur Dufour – De sixième ?

Monsieur Bellevue – Comment ?... Oui… je crois qu’il est en sixième…

Monsieur Dufour – Oui ! Je suis au courant ! Il est venu me voir juste après être sorti de ta classe !

Monsieur Bellevue, mal à l’aise – Ah… et il t’a dit ce qu’il a fait ?

Monsieur Dufour – Oui… et ce que toi, tu as fait !

Monsieur Bellevue – Alors je ne sais pas trop ce qu’il t’a dit mais voici ce qui s’est passé. Il avait une sarbacane et il s’est amusé à me tirer un projectile, tu sais : une boulette de papier ! Et ce, dans la tête, alors que j’écrivais au tableau !

Monsieur Dufour – Ce n’est pas la version que j’ai eu…

Monsieur Bellevue – Ah ! Et qu’est-ce qu’il t’a dit ?

Monsieur Dufour – Que tu avais effectivement reçu une boulette de papier mais que ce n’était pas lui ! Que tu serais venu à son bureau et que tu l’aurais accusé après avoir réduit son stylo à une sarbacane !

Monsieur Bellevue – Non mais tu ne vas pas le croire ?

Monsieur Dufour – Eh bien écoute ! Je vais voir avec les autres élèves de la classe et puis je te dirai ça…

Monsieur Bellevue essaya de protester mais la peur l’en empêcha. Il quitta le bureau du CPE anxieux. Monsieur Dufour demanda à ses surveillants d’aller chercher les élèves de la classe de Romain. Après que soit sorti le septième élève témoin de l’altercation, Tony demanda le verdict au CPE.

Tony, à monsieur Dufour – Alors ?

Monsieur Dufour – Ben… je crois que sept témoignages qui vont dans le même sens ont plus de poids qu’un témoignage confus qui cherche manifestement à se dédouaner !

Tony – Donc, monsieur Bellevue l’a réellement giflé sans raison ?

Monsieur Dufour – Voilà ce que les gamins m’ont raconté : Alexis, qui est dans la même classe que Romain, met le bazar. Bellevue n’ose rien lui dire : il y a deux ans, il avait provoqué Alexandre en lui disant qu’il n’était pas capable de lui mettre une gifle. Total : Alexandre lui a collé un coup de poing. A l’époque, monsieur Vandeputte et moi avons fait valoir, lors du conseil de discipline, que quand on lançait un défi à un ado, et qui plus est perturbé, il fallait s’attendre au pire. Alexandre n’a pas été exclu et par la suite, Bellevue a eu la trouille de ce gamin. A la rentrée, il a voulu refuser de faire cours à cette classe sous prétexte qu’Alexis était le frère d’Alexandre. Du coup, il a peur, Alexis le sait et met le bazar ! Et comme il n’ose pas s’en prendre à lui, il trouve le premier bouc émissaire venu !

Tony, le regard perdu – D’accord…

Monsieur Dufour – Je vais voir Vandeputte : on va décider de la marche à suivre pour la suite !

Ed, accompagné de madame Sauzéon et d’Anna – Alors, Tony, cette histoire ?

Tony – Ben… il semble que ce soit monsieur Bellevue qui lui ait mis la claque sans raison…

Anna, outrée – C’est pas vrai…

Ed – Attends : Romain, il en fait deux par jour quand même !

Madame Sauzéon – Oui mais là, il s’est pris une gifle pour une bêtise qu’il n’a pas faite !

Ed – Eh ben : vu le nombre de fois où il aurait du en prendre une et où il est passé à travers les mailles du filet, disons que ça rattrape !

Anna – Tu exagères là, Ed !

Madame Sauzéon – Non mais attendez : il n’a pas le droit de le toucher, monsieur Bellevue !

Ed – Oh ça va ! Il l’a pas tué, non plus !

Madame Sauzéon, exaspérée – Mais il n’a pas le droit de le toucher !

Tony – Ed : c’est Alexis qui met le bazar. Romain a pis une gifle parce que monsieur Bellevue a peur de s’en prendre à Alexis !

Anna – De toute façon, il ne sait pas tenir ses élèves, monsieur Bellevue ! Moi, quand je passe dans les couloirs pour chercher les billets d’appel, à chaque fois, j’entends un bazar pas possible dans sa classe !

Ed – Et voilà ce que je reproche à l’institution : chaque fois qu’on ne veut pas mettre un nom sur quelque chose, on en met un sur autre chose !

Madame Sauzéon – Attendez Ed : moi ça fait des années que je le vois faire. Il n’a aucune autorité et il est systématiquement injuste dans ses sanctions !

Ed – Je trouve un peu facile de se décharger sur les profs ! Ils ont trente élèves à charge et des cours à leur faire avaler ! Ils n’ont peut être pas non plus le temps de faire et la police et le cours ! Alors que ce soit Alexis qui foute le bordel, moi ça m’étonne qu’à moitié ! Je le dis depuis la rentrée : c’est un petit con et on va avoir de sacrés problèmes avec lui ! Mais Dufour le couvre systématiquement ! Quant à Romain, même s’il n’est pas du même acabit qu’Alexis, ça reste un merdeux qui a besoin qu’on le cadre un peu !

Tony – Qu’on le cadre, pas qu’on l’encadre !

 

 

 







11/11/2011
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