27. LA REUNION DE VICE SCOLAIRE.
Tony et Anna s’apprêtaient à quitter la vie
scolaire pour aller à leur réunion de service quand une femme entra :
Les surveillants – Bonjour madame.
Madame Troque – Bonjour… je viens vous voir parce que j’ai un problème avec un surveillant !
Anna – Qu’est-ce qu’on peut faire ?…
Madame Troque – Hier ma fille, Olivia, s’est faite gronder par une surveillante et il se trouve qu’elle a été grossière avec elle !
Tony – Ah… la surveillante a été grossière ?
Madame Troque – Oui, c’est une certaine Olga …
Anna, en sourdine, à Tony – J’y étais…
Tony – Et pourquoi s’est elle faite réprimander ?
Madame Troque – Parce que, pendant le cours, le professeur de Français l’a laissée sortir pour aller aux toilettes… et voilà : Olivia est détraquée, au niveau intestinal… elle est allé aux toilettes mais quand elle a voulu prendre du papier dans le dévidoir, il n’y en avait plus ! Alors elle s’est retrouvée coincée sur la cuvette, sans papier et elle est restée jusqu’à la récréation enfermée parce que, vous la connaissez ? Elle n’a pas osé demander aux autres élèves d’aller chercher du papier auprès des surveillants !
Tony, perplexe – C’est pour ça qu’elle s’est faite enguirlander ?
Anna – Non, Olga et Ed l’ont cherchée pendant un bon moment… et quand ils l’ont trouvée, elle leur a dit qu’elle ne pouvait pas venir avec eux et là, Olga a pété un câble !
Tony, perplexe – Elle a pété un câble ? Mais pourquoi ?
Anna – Olga a cru qu’elle refusait de venir pour ne pas aller en cours ! Et comme la petite ne lui a pas dit qu’elle n’avait pas de papier pour s’essuyer…
Madame Troque – De toute façon, ma fille est restée une heure quarante assise sur la cuvette, elle était tout ankylosée… même si elle avait pu sortir, elle n’aurait pas pu se lever ! Votre collègue n’aurait pas du penser à mal…
Tony – Je suis navré mais…
Anna – Ne vous inquiétez pas, les CPE ont eu une discussion avec la surveillante et je pense qu’elle ne recommencera pas !
Madame Troque – Merci… Olivia a déjà eu des problèmes avec le personnel éducatif et j’aimerais que les choses aillent mieux…
Tony – On y veillera, ne vous inquiétez pas !
Madame Troque – Merci. Bonne journée, au revoir !
Anna et Tony – Au revoir !
Anna – Si tu avais été là, tu aurais halluciné !
Tony – A ce point ?
Anna, expliquant les faits à Tony, sur le chemin de la réunion – A ce point ! Même les CPE n’ont pas compris pourquoi Olga était aussi sèche ! Quand ils ont trouvé Olivia, Ed est venu à la vie scolaire chercher du papier… mais Olga s’est énervée en lui disant qu’ils l’avaient cherchée pendant une plombe, qu’elle était- je cite - une « pauvre débile », qu’elle n’avait qu’à se retenir, qu’elle empestait toutes les toilettes !...
Tony, effaré – La vache !
Anna – Et quand Olivia s’est essuyée, Olga lui a ordonné d’aller à la vie scolaire et c’est là que la gamine s’est retrouvée ankylosée, à ne plus pouvoir bouger ! Et là, Olga l’a pourrie deux fois plus ! Je ne te dis pas le langage !
Monsieur Dufour – Ah, les voilà ! Venez vous asseoir !
Monsieur Lagardère – On a failli attendre !
Tony, se justifiant – Une mère d’élève est venue…
Monsieur Lagardère – Vous n’aviez qu’à prendre vos dispositions !
Monsieur Dufour – Moi je crois que si les surveillants sont restés au bureau c’est qu’il y avait quelque chose à faire ! Ce n’est pas leur genre de rester à se rouler les pouces !
Monsieur Lagardère, ironique – Oui, c’est à nous tous de descendre et d’aller à eux !
Monsieur Dufour – Ecoutez, si ça doit continuer comme ça j’aime mieux mettre un terme à cette réunion !
Monsieur Vandeputte – Bon, je crois que nous avons commencé sur un mauvais pied… reprenons posément !
Madame Bretelle, décidée – Je voudrais tout d’abord soulever un problème relatif à la vie scolaire : plusieurs fois je me suis aperçue que des élèves étaient laissés sans surveillance en salle d’étude !
Monsieur Lagardère – Comment ça ?
Madame Bretelle – Oui ! Et récemment un élève de SEGPA a été surpris dans les toilettes en train de fumer ! Alors, comme me l’a dit Edouard, il est vrai qu’il n’avait pas à introduire de cigarettes dans l’établissement mais d’où vient la faute ? De l’enfant qui veut transgresser la règle, ce qui, je le rappelle, est le propre de l’adolescence, ou des surveillants qui préfèrent aller fumer plutôt que de rester à leur poste, ce pour quoi, au fond, ils sont payés !
Monsieur Dufour, à Lagardère – Il est vrai que certains surveillants ont commis des fautes et, avec ma collègue, nous envisagions de régler le problème au moment opportun ! Maintenant, il est vrai qu’un surveillant de permanence n’a pas à quitter son poste pour aller fumer ou quoi que ce soit d’autre !
Madame Sauzéon – Je voudrais ajouter que tous les surveillants ne sont pas concernés par cette remarque…
Monsieur Lagardère – Mais on s’en fout de ça ! C’est pour tout le monde la même chose, un point c’est tout !
Madame Sauzéon – Non, je ne suis pas d’accord ! On ne va tout de même pas faire le même reproche à tout le monde alors que certains n’ont pas commis de fautes !
Monsieur Lagardère – On s’en fout de ça ! Moi je dis que s’il faut sanctionner, je le ferai !
Madame Bretelle – Autre chose : certains élèves de SEGPA m’ont rapporté que les surveillants leur parlaient mal… et ça, ce n’est pas admissible ! J’estime que nous, adultes, devons leur montrer l’exemple… sinon comment exiger d’eux qu’ils se comportent comme nous l’attendons ?
Cédric – Non mais ça ce n’est pas tous les surveillants !
Monsieur Lagardère – Comment ça ?
Cédric – Oui, même moi, parfois, je fais la remarque à certains membres de l’équipe !
Ed, se sentant visé – Non mais c’est bon, tu ne vas pas la ramener maintenant que la question ne te concerne plus !
Cédric – Tu veux dire quoi ?
Ed – Je veux dire que quand il était question des surveillants qui vont cloper au lieu de rester à leur poste, tu ne la ramenais pas ! Mais là, parce que moi ou d’autres ont pu avoir, ponctuellement, un mot plus haut que l’autre, tu viens nous la jouer pédagogo !
Monsieur Vandeputte – Ecoutez, je crois que nous ne sommes pas là pour instruire le procès de qui que ce soit…
Madame Bretelle – Peut être, monsieur Vandeputte, mais quand je constate que les écarts de langage concernent plus mes élèves de SEGPA que les autres, je me dis que l’école devrait être tout sauf le lieu où l’on reproduit les injustices sociales !
Monsieur Dufour – Alors, je sais que certaines choses qui n’auraient pas du être dites l’ont été mais je n’ai jamais remarqué qu’elles l’étaient plus aux SEGPA qu’aux autres !
Monsieur Lagardère – Ils ne le seraient à personne que je m’en porterais mieux…
Tony, coupant Lagardère – Tenez, tout à l’heure, une mère est venue se plaindre des propos des surveillants et la jeune fille n’était pas de SEGPA !
Monsieur Lagardère – Vous me coupez la parole maintenant !
Tony, gêné – Euh…
Monsieur Dufour – C’était qui, l’élève ?
Tony, rebondissant – Olivia Troque !
Madame Bretelle – Comme par hasard !
Tony – Quoi ?
Madame Bretelle – Vous vous occupez d’une élève qui a toujours des problèmes avec les enfants de SEGPA !
Tony – Quoi ?
Madame Bretelle – Mais oui ! Quand ça va dans votre sens, alors là vous vous montrez pédagogue, mais dès que c’est un petit qui n’a pas la chance d’être un nanti, alors là, excusez moi, mais il n’y a plus personne !
Ed – Mais de quoi elle parle, là ?