29. La permanence ou le devenir.
29. La permanence ou le devenir.
LUNDI 1ER DECEMBRE.
Un matin comme les autres au collège Eric Casero : neuf profs absents et non prévus. Neuf fois trente élèves ! Dès huit heures et demie, une permanence saturée.
Gina – Je vais prendre la permanence principale mais il va falloir que vous trouviez des salles pour faire entrer les autres élèves !
Johanna – Je suis désolée mais moi j’en prends pas, ce matin !
Gina – Attends ! Je crois que tout le monde va s’y mettre…
Johanna, irritée – Je m’en tape une à onze heures et demie alors comptez pas sur moi ! – Johanna plante toute l’équipe.
Ed, à Tony – Putain mais elle est pas toute seule à les enchaîner ! – Ed fait entrer « ses » élèves – Bon, allez ! On y va ! Et au calme !
Madame Montagné – Tony ?
Tony – Oui ?
Madame Montagné – Oui, excusez-moi mais j’ai un problème : normalement le lundi, à cette heure, je prends la moitié de la troisième D une semaine sur deux… et je ne sais plus si je prends le groupe 1 ou le groupe 2, cette semaine !
Tony – Ben… allez à la vie scolaire et demandez à Anna, elle va vous dire !
Madame Montagné – Moui… mais comme je vois que vous avez déjà pas mal d’élèves, je crois que je vais vous les laisser !
Tony, écœuré – Quoi ? Mais quel groupe ?
Madame Montagné – La classe entière, si ça ne vous dérange pas ! Les élèves sont tous venus parce que je ne savais pas lesquels faire venir ce matin… De toute façon, je vais en salle des professeurs, j’ai des copies à corriger !
Tony, coi - …
Madame Montagné – Merci !
Johanna revient dans la cour – C’est quoi ces élèves en plus ?
Tony – C’est madame Montagné qui s’en débarrasse parce qu’elle ne sait pas quel groupe elle doit prendre ce matin !
Johanna, le visage violet – Putain ! Tu fais chier Tony ! Tu pouvais pas lui dire de se les garder ?
Tony, vexé – Mais…
Johanna – Tu vois pas qu’on ne sait pas quoi faire de ceux qu’on a déjà ?
Tony, énervé – Tu voulais que je lui dise quoi ?
Ed – Ma perme est pleine ! Faut en ouvrir une cinquième !
Johanna – Et voilà ! J’en étais sûre !
Tony – Je vais la prendre s’il le faut !
Johanna – Mais non, sur le planning, c’est moi qui suis censée la prendre ! Ca m’arrange pas ! Mon chéri passe au portail pour m’amener des cloppes !
Tony – Eh bien… je peux la prendre le temps que tu ailles chercher tes cloppes si tu veux…
Johanna, les joues roses – Ok, merci ! T’as une salle de libre au troisième étage.
Tony, aux élèves – Bon : nous montons au troisième étage…
Vincent Lanusse, à Olaf – Mais ta gueule connard !
Tony – Vincent ! Tu n’entends pas ce que je dis ?
Vincent – Mais il me met un doigt dans le cul !
Tony – Je vous préviens tous ! Soit c’est le calme dans les étages, soit je confisque tous les carnets de correspondance en entrant en perme! C’est clair ?
Les élèves montent dans les escaliers : c’est le Bronx ! Tony à beau gueuler, non seulement il n’arrive pas à leur faire fermer leurs bouches mais en il fait encore plus de bruit que les élèves. Ils entrent dans la salle – Vous vous fichez de qui, bon sang ? Je vous ai dit quoi avant de monter ? – Les élèves se taisent - Vous mettez tous vos carnets de correspondance sur vos tables, je vais les ramasser et je colle un avertissement conduite au premier qui bavarde !
Vincent – Tony, c’est qui qui fait la perme ?
Tony – Laquelle ?
Vincent, sur un air d’évidence – Ben celle-là, tiens !
Tony – Non mais tu te fous de moi ? Tu ne vois pas que c’est moi, nom de nom ?
Vincent, sous les moqueries d’Olaf – C’est bon, j’ai rien dit !
Tony – Bref ! Je vais vous faire passer une feuille sur laquelle vous allez noter vos noms prénoms et classe… - Juliette s’agite – Juliette ! Tu me donnes ton carnet de correspondance ! J’en ai marre, je punis maintenant !
Juliette – Mais j’ai rien fait !
Tony – Et c’est quoi le mot que tu passe à ton voisin ?
Juliette, gênée – C’est rien…
Tony – Donne-moi ce mot ou tu vas voir madame Sauzéon !
Juliette, les trémolos dans la voix – S’il-te-plaît Tony…
Tony – Je suis navré mais tu sais que c’est interdit ! Donne-moi ce mot !
Juliette, la main tendue – Mais c’était pour rire…
Tony, lit le billet pour lui-même – Alors :
« tu me fé un cuni ?
Oué apré la perm
Super jé tro envi ! »
Juliette, la tête dans les mains – Oh non !...
Tony – Péio, c’est à toi que s’adressait ce mot ?
Péio – Ouais, pourquoi ? T’es jaloux ? – Rires de la permanence.
Tony – Pardon ? Toi, tu vas aller voir madame Sauzéon tout de suite !
Péio, moins flamboyant – Non, non ! Excuse !
Tony – Je ne veux pas savoir !
Péio – Non mais excuse, c’est pas ce que je voulais dire !...
Juliette, les yeux larmoyants – Non, s’il-te-plaît Tony ! Il va se faire défoncer !
Tony – Quoi ? Tu as peur qu’il ne soit plus d’attaque, après ?
Johanna, la tête par la porte – Tony ? Tu peux garder ma perme ?
Tony – Mais…
Johanna – Je fais la troisième perme de la matinée alors bon : j’ai pas envie de m’en taper deux !
Tony, amer – Ok… - Pour lui-même – Putain ! J’en ai marre de me faire entuber ! Vivement qu’elle se barre cette faux-cul ! – Dérangé par une élève de cinquième – Dis-donc, toi ! C’est quoi ton nom ?
La gamine – Hein ?
Tony – On dit « comment » ! C’est quoi ton nom ?
La gamine – Je suis indisposée !
Tony, excédé – Mais qu’est-ce que tu me dégueules, là ? – Rires de la permanence.
Vincent Lanusse – Tony ! Tu veux que je l’amène à la vie scolaire ?
Tony, à l’ouest – De quoi ?
Vincent – Tu veux que j’amène Péio voir madame Sauzéon ?
Péio – Mais ta gueule, toi !
Tony – Oh ! Péio ! Tu parles correctement !
Péio – Mais de quoi il se mêle l’autre blaireau !
Tony – J’ai dit : « Ca suffit » ! Et toi Vincent, occupes-toi de tes affaires, je te prie ! Je suis assez grand pour savoir ce que j’ai à faire !
Vincent, déçu – C’est bon, je demandais, juste…
Tony – Péio, Juliette : on règlera ça à la fin de la permanence ! Pour l’instant, je ne veux pas à avoir à vous faire la moindre remarque !
Johanna revient dans la permanence de « Tony » – Tony, je pars en sortie cinéma avec madame Montagné ! Tu pourras prendre ma perme pendant que les autres vont manger ?
Tony, vexé – Ouais mais moi, je vais m’en taper trois dans la matinée !
Johanna – C’est bon, ça arrive à tout le monde de les enchaîner !
Tony, dans sa barbe – Sauf toi ! – Il se mord l’intérieur des joues - Putain, que j’en ai marre de ce boulot !
Vincent, au bureau de Tony – Tony…
Tony – Que fais-tu debout ?
Vincent – Non, je veux juste te demander un truc…
Tony, las – Quoi ?
Vincent – C’est vrai que Juliette, elle a dit à Péio qu’elle voulait se faire brouter le minou ? – Hilarité de la permanence.