SEVICE PUBLIC

30. LES BARRICRADES.



Partie I.



Deux élèves, exclus d’un autre établissement et admis au collège Eric Caséro après l’éviction de Johnny et Ludovic, débarquèrent à la vie scolaire pour récupérer leurs affaires d’écolier. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’avaient pas fait bonne impression à la plupart des surveillants. Mario avait remarqué que l’un deux avait les jeans dans les chaussettes et que l’autre avait un tatouage sur le bras ! Ils retournèrent dans la cour après avoir pris leurs carnets de correspondance ainsi que d’autres affaires.

Un élève de cinquième – Tony, qui c’est qui fait la perme ?

Tony – C’est moi ! Va te ranger !

Anna – Tony, il y a CDI… si tu veux y envoyer des élèves, tu peux !

Tony – Merci ! Qui veut aller au CDI ?

Un petit – Ca dépend ! Qui c’est qui fait la perme ?

Tony, las – Pourquoi ?

Le petit – Parce que si c’est Olga, je vais au CDI !

Tony, intrigué – Pourquoi ?

Le petit – Parce qu’elle est méchante !

Tony – N’exagère pas ! Elle est peut être un peu stricte mais…

Emilie, l’élève de troisième, tapant l’incruste – Tu sais pas ce qu’elle a dit à mon frère ?

Tony, étonné – C’est ton frère ?

Emilie – Oui ! Il me ressemble pas, hein ?

Le petit – Heureusement pour moi !

Emilie – Petit con, va !

Tony – Chut ! Bon, rangez vous si vous voulez aller au CDI !

Emilie – J’ai pas fini de dire ce que je voulais…

Tony – Vas y, j’inscris les gosses, mais je t’écoute…

Emilie – Elle a dit à mon frère qu’il ne valait rien alors que depuis le début de l’année il ne s’est jamais fait remarquer !

Tony – Pfft… je ne sais pas quoi te dire…

Emilie – Et moi, parce que j’ai oublié de ranger ma chaise en quittant le réfectoire, elle m’a traité de grosse morue !

Tony, gêné – Elle était peut être énervée…

Emilie – C’est une conne…

Tony – Chut ! Je ne peux pas te laisser parler d’une collègue comme ça, Emilie…

Emilie – Mais arrête ! Tu penses la même chose que moi ! Elle te colle tout le temps et tu n’oses pas lui dire qu’elle te gave !

Tony, effaré – Quoi ? Mais qui t’as dit ça ?

Emilie – Je la vois faire quand tu es en permanence ! Dès qu’elle peut elle reste avec toi ! Même dans la cour elle te suit partout !

Tony, soudain décontenancé par un mouvement impressionnant d’élèves vers le fond de la cour, vers le portail de l’entrée – Euh…

Emilie – Qu’est ce qui se passe ?

Monsieur Dufour, sortant de la vie scolaire – Tony ! Venez avec moi au portail ! Il faut les empêcher de sortir !

Tony – Qu’est ce qui se passe ?

Monsieur Dufour – Des gens extérieurs au collège veulent en découdre avec des élèves d’ici !

Tony, arrivant aux clôtures sur lesquelles étaient perchée un nombre colossal d’élèves – Descendez de là et retournez dans la cour !

Monsieur Dufour – Tony, vous avez les clés du portail ? On va sortir dans le parking à vélo pour éviter que des enfants fassent le mur pour aller se battre !

Tony – Ok… mais c’est qui ces gars, dehors ?

Monsieur Dufour – Je suppose que ce sont les ados qui veulent se battre avec les nôtres…

Tony, presque effrayé – Des ados ? Mais ils ont quel âge nom de nom ?

Alexandre, qui était déjà dans le parking à vélo, haranguant les foules – Allez, venez ! On va les niquer tous ces fils de pute !

Tony – Alexandre, arrête ! A quoi ça sert de faire ça ?

Alexandre, visiblement très excité – Vas y, mais lâche-moi ! Venez tous, on va les tuer !

Monsieur Dufour, empêchant des élèves de sauter une partie de la clôture – Rentrez dans l’établissement !

Tony, voyant des élèves faire le mur de l’autre côté – Matthéus ! Que fais-tu ?

Matthéus – On va se battre !

Kevin, le nouveau – Ouais, on va casser des bouches !

Tony, craignant le pire – Matthéus, laisse tomber ! Pourquoi tu veux te battre ?

Matthéus – C’est des lycéens !

Tony – Et alors ? Pourquoi tu veux aller te battre ? Qu’est ce qu’ils t’ont fait ?

Matthéus, cherchant une justification – Euh… Alexandre nous dit d’aller les taper ! Et c’est mon pote !

Tony – Mais ils ne t’ont rien fait ! Tu vas t’attirer des ennuis, sans compter que tu risques d’être blessé pour faire plaisir à un pote ?

Matthéus, bousculant Tony – Ouais, laisse-moi maintenant !

Kevin, s’approchant du visage de Tony – Lâche nous enculé !

Tony – Quoi ?

Kevin, sautant le portail – Essaie de m’empêcher, pour voir !

Alexandre, faisant de même – Allez, venez tous avec moi !

Matthéus – Laisse-moi y aller Tony !

Tony – Laisse-les faire leurs conneries mais te fais pas avoir ! Retourne dans le collège ! T’as quoi à y gagner ?

Matthéus – C’est mon pote…

Tony, criant, excédé – Mais soit pas con ! Tu crois qu’il va faire quoi ton pote quand tu seras dans la merde ? Tu crois qu’il va te sauver d’un conseil de discipline ? Tu crois peut être qu’il va te sortir de la merde quand tu seras en garde à vue ? Et si tu te fais planter ?

Matthéus, hésitant – Ouais, mais je vais passer pour un lâche…

Tony, vindicatif – Et quand tu resteras sur le carreau, tu passeras pour un con ! C’est à toi de choisir !

Monsieur Dufour – Tony ! Donnez-moi les clés ! Je vais aller au devant des lycéens ! Aidez Mario à les faire retourner dans la cour !

Tony – Allez, viens avec moi Matthéus !

Matthéus – Bon, j’y vais pas… mais je veux voir la baston !

Tony – Y’aura pas de baston ! Monsieur Dufour va régler le problème !

Vincent Lanusse – Oh putain, Tony ! Dufour, y s’est pris un coup de poing dans la gueule!

Tony, effrayé – Quoi ?

Vincent – Vas-y !

Tony – Je suis désolé Vincent, mais je ne suis pas payé pour aller me battre !

Vincent, l’air déçu – T’as peur ?...

Tony, effectivement appeuré – C’est pas le problème ! Je ne suis pas un sauvage moi ! Je ne travaille pas ici pour finir à l’hôpital ! Tu peux comprendre ça…

Matthéus, pour qui la réaction de Tony n’était pas tombée dans l’œil d’un aveugle – T’es qu’un lâche ! Moi j’y vais !

Tony – Vas te faire crever ! J’en ai rien à branler ! Sale bâtard !

Vincent, mesquin – Tu dis ça mais tu as peur d’aller te battre…

Tony, furieux de voir que le gamin qui le collait le plus le lardait à la moindre occasion – Mais tu es qui pour me parler comme ça ? Tu es là que tu me colles aux basques dès que tu as trente secondes parce que tu n’as pas de copain et tu fais le malin parce que oui ! J’ai pas envie de me battre ! Vous êtes tous là, à attendre de voir du sang ! On dirait des mouches sur une merde ! Alors oui, je n’irai pas prendre un coup pour de la merde ! Parce que c’est ce que vous êtes tous : de la merde ! Vous me faites gerber ! Vas-y, vas te battre puisque tu es si courageux ! Et vas te faire crever si ça te chante ! J’en ai plus rien à branler ! – Puis, quittant les lieux, pour lui-même – Il faut que je me casse d’ici ! J’en peux plus ! Je ne peux pas rester dans cet égout !

Mario, voyant qu’il se retrouve tout seul à canaliser 250 élèves – Eh, Tony ! Tu peux pas me filer un coup de main ?

 



01/01/2010
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