SEVICE PUBLIC

37. J-2.





Tony et Anna discutaient de l’article paru sur le journal concernant l’arrestation de Mattheus et d’Alexandre quand  le téléphone sonna :

Tony – Vie scolaire, bonjour !

Une femme – Oui, bonjour ! Je téléphone pour un renseignement…

Tony – Oui ?

La femme – C’est quand le brevet ?

Tony – Dans deux jours…

Ed, entrant dans la vie scolaire, journal régional à la main – Ca y’est, je l’ai !

Maria, excitée – Vas-y, fais voir !

Anna, convaincue de la nécessité de parler plus fort que Maria – Mais attend deux minutes…

Tony, essayant de percevoir les propos de la femme au bout du fil - …pardon ?... je vous entends mal…

Olga, hystérique – Mais vas y, fais voir Ed au lieu de faire ton malin !

Ed, grande gueule – Je ne fais pas mon malin, je vous fais chier !

Olga, vociférant – Vas te faire voir !

Tony - …allô ?... je… je n’entends pas…

Maria, criant pour se faire entendre – Mais arrête Ed !

Tony, pendant un court silence – Vous pourriez arrêter de gueuler quand je téléphone ? La bonne femme a raccroché !

Olga – Va te faire voir !

Ed – Bon ! Je vous lis l’article ?

Tony – Vas-y !

Ed – « Alors qu’il rentrait tranquillement du collège, un adolescent de 13 ans a été agressé par deux garçons plus âgés que lui. Une raclée totalement gratuite et d’un genre très particulier, puisque la scène a été filmée selon la méthode bien connue du « happy slapping ». Le premier agresseur frappait le collégien au visage tandis que le second faisait des images avec son téléphone portable, tenant de l’autre main un couteau. La semaine suivante, la victime constatait que la séquence était diffusée sur le site Internet Youtube. Une plainte a alors été déposée à la brigade locale de gendarmerie par les parents de l’adolescent. Lequel n’a pas été blessé mais reste très choqué par ce qu’il a vécu. Trois jours plus tard, les gendarmes interpellaient les auteurs à leur domicile… »

Tony – Mais… c’est une blague ? Je suis allé chercher Mattheus en classe !

Mario – Ouais mais les journalistes, ça transforme tout…

Cédric – Mais arrête ta parano ! C’est peut être juste une erreur !

Anna – En tout cas, les faits ne sont pas rapportés tels quels !

Johanna – Enfin… c’est peut être pas si important !

Olga – Bon ! On peut entendre la suite ?

Monsieur Dufour, sortant de son bureau – La suite de quoi ?

Ed – La suite de l’article sur Mattheus et Alexandre…

Monsieur Dufour – Vous savez que Mattheus a écopé d’une garde à vue de quarante huit heures ?

Johanna – C’est honteux !

Ed – Et Alexandre ?

Monsieur Dufour – Encore plus… le problème c’est qu’on n’a pas préparé son exclusion ! On n’avait aucun projet et il se retrouve là, déscolarisé, à traîner devant le collège tous les jours parce qu’il n’a rien d’autre à faire !

Johanna – De toute façon, ce collège est à l’image de la société : de droite !

Monsieur Dufour – Ouais… enfin, c’est un peu plus compliqué que ça !

Johanna – Mais venez pas me dire qu’il est normal qu’un enfant fasse quarante huit heures de garde à vue ! Quoi qu’il ait fait, ça reste un enfant ! Quant aux gamins comme Alexandre, Johnny ou Ludovic, le conseil de discipline les a viré parce qu’ils étaient considérés comme des indésirables ! On n’a pas cherché la meilleure solution pour eux, on a adopté la meilleure pour notre tranquillité de petit bourgeois !

Monsieur Dufour – Je suis d’accord pour l’essentiel ! Notre tort, c’est d’avoir voulu à tout prix éjecter des gosses qui posent problème sans chercher à les insérer durablement…

Lisa V., élève de troisième – Bonjour ! Je m’excuse mais si vous faites rien, je vais l’éclater l’autre connard !

Monsieur Dufour – Hé, jeune fille ! D’abord, je pense que le vocabulaire que tu emploies ne correspond pas à ce que je suis tenu d’exiger…

Lisa V. – Pardon monsieur…

Tony – Que se passe-t-il, Lisa ?

Lisa – C’est Vincent ! Y fait que de me toucher le cul…

Monsieur Dufour – Vous y allez, Tony ?

Tony, à Lisa – Allez, amène-moi à lui !

Lisa V. - …et en plus, y dit que je me rase la chatte…

Tony, manquant de s’étouffer – Hum ! Non mais c’est bon ! Passe-moi les détails !

Lisa V., agacée – Mais comment tu veux que je te dise ce qui va pas si je te passe les détails ?

Tony – Tu peux le dire en employant un autre vocabulaire, c’est tout !

Lisa V. – Oh, c’est bon ! La chatte, c’est la chatte !

Tony, sur le point de vomir – Vincent ! Oh ! Vincent, tu es sourd ou quoi ?

Vincent – Quoi ?

Tony – Lisa m’a dit que tu te comportais mal ! C’est vrai ?

Vincent, s’essayant à la spiritualité – Ca dépend !...

Tony – Non, ça ne dépend pas ! Tu n’as pas à toucher les fesses d’une jeune fille ! C’est la première et dernière fois que je te le dis ! Tu as bien compris ?

Vincent, étonné de la colère de Tony – Euh… oui… excuse, Tony !

Tony – Ce n’est pas à moi que tu dois présenter des excuses mais à cette jeune fille !

Vincent, à Lisa – Excuse Lisa…

Lisa V. – C’est ça ! Va te faire sucer par ton chien !

Vincent, indigné – Eh ! Tony ! T’as entendu…

Tony, tournant les talons – T’avais qu’à lui foutre la paix !

Vincent, au loin – C’est dégueulasse !...

Tony, de retour à la vie scolaire – Bon, tu en étais où, Ed ?... Il est où, Dufour ?

Anna – Parti voir le principal…

Ed – « En attendant d’être jugés devant le tribunal pour enfant, le parquet a souhaité qu’ils soient placés en liberté surveillée préjudicielle, sorte de contrôle judiciaire adapté aux mineurs. Par ailleurs, une enquête sociale a été demandée afin que la justice puisse mieux apprécier leur personnalité. » Et là, attention à la conclusion – sur un ton amusé -, ça déchire : « Il s’agit de primo-délinquants. »

Johanna – Je ne vois pas ce qu’il y a de marrant, Ed !

Tony, regardant à ce moment précis dehors – Oh putain ! Mais ils vont nous les casser jusque à la fin ! – La scène qu’il contemplait était affligeante : Vincent avait topé une petite sixième ; un copain lui tenait les mains dans le dos pendant que Vincent lui pelottait l’emplacement qui serait réservé dans quelques année aux nénés ! Tony sortit en moins de deux et attrapa les deux garçons par les bras pour les mener sans ménagement à la vie scolaire.

Yan, le pote de Vincent – Mais lâche moi ! T’as pas le droit de nous brutaliser !

Tony, sous le regard étonné des autres pions qui n’avaient rien vu de ladite scène – Et toi ! Tu as le droit, peut être, de pelotter de force une gamine de sixième ?!

Anna, outrée – Quoi ? Non mais je rêve, là !

Tony – C’est lamentable ce que vous avez fait ! Et toi, Vincent ! Je viens juste de te dire que je ne voulais plus te voir tripoter les filles ! Tu te fous vraiment de moi !

Vincent – Non… mais j’ai rien fait de mal…

Anna – Tu aimerais, toi, que l’une d’entre nous te tienne les bras dans le dos et que moi, j’en profite pour te tripoter ? Ca te ferait plaisir ?

Vincent – Ben… moi je veux bien ! Ca ne me dérange pas !

Anna, plus moquée qu’offusquée – Quoi ?... je…

Ed, devant un Vincent médusé – Et ça te dérange toujours aussi peu, si c’est moi qui te touche la queue ?



19/02/2010
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