SEVICE PUBLIC

46. UN CON FONDU.





8h13. Maria et madame Sauzéon s'avoinaient copieusement quand Mario et Tony sortirent dans la cour. Anna était partie ouvrir le portail tandis qu' Ed arpentait la cour dans l'attente des premiers boulets.

Mario – C'est pas possible de gueuler comme ça de bon matin!

Tony – Heureusement qu'il n'y a plus que deux jours !

Mario – T'inquiète pas, va ! En deux jours, ça a le temps de barder !

Tony – Le pire, c'est qu'elles se disputent pour rien !

Ed, arrivant derrière les deux garçons – Qui ça ?

Mario – La chef et Maria !

Ed – Quoi ? C'est elles qu'on entend gueuler depuis le fond de la cour ?

Tony – Ben… ouais !

Mario – De toute façon, Maria n'a pas encaissé de retrouver sa place de surveillante quand Sauzéon est revenue de son congé maladie ! Depuis, elle se sent lésée, un peu comme si la CPE lui prenait sa place…

Vincent, approchant presque discrètement – Tony…

Tony, se détournant de ses collègues – Quoi ?

Ed, à Mario – Purée ! Il ne peut pas le lâcher, un peu ?

Mario – Il est trop patient avec ce genre d'élève ! Il devrait lui dire ses quatre vérités une fois pour toutes !

Vincent, plein de mystères, à deux mètres – Je peux te parler ?

Tony – Oui… mais approche un peu, que je t'entende !

Vincent – Non mais là… je dois te parler en particuliarité !

Ed, amusé – Il peut pas parler devant nous, Tony !

Tony, résigné – D'accord… que t'arrive-t-il ?

Vincent – Qui c'est qui fait la perme ?

Tony, exaspéré – Non mais c'est pour ça que tu fais tant de mystères ?

Vincent – Non, c'est pas ça !

Tony – Alors c'est quoi ?

Vincent, l'air étonné – De quoi ?

Tony, s'enfonçant inexorablement dans la dépression du matin – Mais… de quoi tu veux me parler, nom de nom ?

Vincent – Ah ! Je voulais savoir qui c'est qui fait perme parce que j'ai un problème et que j'ai besoin d'un ami !

Tony – Qu'est-ce qui t'arrive ?

Vincent – Y'a des SEGPA qui m'ont fait du racket hier soir…

Tony – Ils t'ont racketté ?

Vincent – Ouais… et puis ça fait depuis la fin des vacances de Noël !

Tony, mécontent – Tu aurais du le dire plus tôt !

Vincent – Ouais mais avant, tu travaillais pas là ! Comment tu voulais que je te le dise ?

Tony – Non mais il y avait d'autres surveillants, à l'époque !

Vincent – Ouais mais ils étaient pas aussi sympa que toi ! Toi, tu vois, parmi tous les pions, tu es mon préféré !

Tony, gêné – Bon… écoute : je vais en parler aux CPE dès que je peux…

Vincent, l'interrompant – Tu crois que ca sera fini à la récré ?

Tony – A la récré ?... Euh… non, ça je ne peux pas te dire quand j'arriverai à leur en parler parce qu'ils sont vraiment occupés mais dès qu'ils ont une minute, je leur demande de régler ton cas ! Ok ?

Vincent – Ouais ! Merci Tony ! T'es vraiment un pote de confiance !

Ed, venant vers Tony – Alors, ça y est, il a fini ?

Tony – Bah… il a des soucis ! Il faut que j'en parle à Bretelle…

Ed – Ben tiens ! Elle arrive, justement ! – Après un bref instant - Putain, je me casse, elle a sa tronche de merde des mauvais matins !

Tony – Madame Bretelle ?

Madame Bretelle – Oui ?

Tony – Je viens de voir un élève qui aurait, paraît-il, des problèmes avec des élèves de SEGPA…

Madame Bretelle, maussade – Décidément, s'il n'y avait pas de SEGPA, je ne sais pas ce que la vie scolaire ferait !

Tony – Non mais je ne cherche pas de bouc émissaire ! Je veux juste que l'on tire au clair certains faits afin de régler le problème…

Madame Bretelle – Bon ! Et de quoi il s'agit, cette fois ?

Tony – Apparemment, des élèves de SEGPA rackettent Vincent Lanusse depuis les vacances de décembre…

Madame Bretelle – Pardon ? – Devant la tête de merlan frit de Tony - Attention à ce que vous dites Tony ! Vous portez des accusations très graves, là ! Vous êtes passibles de poursuites pour diffamation !

Tony, k.o. – Non mais je n'accuse personne, là ! Je cherche seulement à tirer au clair cette histoire !

Madame Bretelle – Je vais voir ce que je peux faire ! En attendant, vous feriez mieux de faire rentrer les élèves en permanence !

Tony, hébété, pour lui-même – Non ! Je crois que je rêve…

Ed – Alors ? Qu'est-ce qu'elle t'a dit ?

Tony – C'est ma faute !

Ed – Quoi ?

Tony – Laisse-tomber ! J'en ai plein le cul de cette grosse conne !

Ed, satisfait du propos – Ah ben voilà ! On y arrive ! Tu reconnais que c'est une grosse conne !

Madame Sauzéon, l'air contrarié – Tony… ou Ed : vous pouvez me rendre un service ? Il faudrait que l'un d'entre vous aille faire visiter l'établissement à un élève qui viendra ici à la rentrée…

Ed – Moi je dois faire rentrer ma perme mais…

Tony - …je vais m'en occuper !

Madame Sauzéon – Merci Tony ! Je devais le faire mais vu ce qui s'est passé avec Maria, j'ai besoin de faire une petite pause !

Tony – Pas de problème… il est au secrétariat,  je suppose ?

Madame Sauzéon – Oui… merci Tony !

Tony – Pas de quoi… au fait : j'ai vu Vincent Lanusse tout à l'heure et il m'a raconté que depuis…

Anna, la tête dans l'entrebâillement de la porte – Madame Sauzéon ! Quelqu'un veut vous parler au téléphone !

Madame Sauzéon – Oh zut ! Pas moyen d'avoir deux minutes… excusez-moi Tony !

Tony – Pas de problème… bon, allez : je vais chercher ce gosse au secrétariat…

Olga, sortant tout juste des toilettes, hostile – Tu fais quoi, là ?

Tony, pour une fois peu amène – Je ne sais pas ce que tu as mais tu as failli être aimable ce matin !

Olga – Et alors ? Je ne suis pas ici pour me faire des amis, ok ?

Tony – Alors ne me parle pas !

Olga – Pauv'con, va !

Tony, sourd, à la secrétaire – Salut Dana… - Puis, se tournant vers la mère et son fils – Bonjour ! Tu es l'élève qui doit venir ici à la rentrée ?

L'élève – Ouais…

Tony – Je vais te faire faire le tour de l'établissement… vous voulez venir avec nous, madame ?

La mère – Euh… non, je vais rester boire un café !

Tony – Ok… allez, viens avec moi… tu viens d'où ?

L'élève – D'Issy !

Tony – D'ici ? Mais tu étais dans quel collège ?

L'élève – Boudelaire !

Tony, perplexe – Baudelaire ? C'est pas ici, ça ?

L'élève, insolent – Mais si ! C'est à Issy ! Je sais ce que je dis quand même !

Tony, fatigué – Je suis désolé mais je ne comprends pas !

Madame Bretelle, se promenant dans le couloir – Ah, Tony ! Vous tombez bien ! Je vous ai laissé à la vie scolaire un livre de sociologie qui parle de racket ! Vous seriez bien avisé de le lire !



23/04/2010
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