40. LE JOUR J.
EPREUVE II : HISTOIRE/GEOGRAPHIE.
La pause midi-deux passée, monsieur Vandeputte était en panique suite à
la perte des sujets de brevet d’histoire-géo. Tout le monde autour de lui s’activait…mais
pas pour les mêmes raisons : madame Bretelle, fidèle caniche, continuait
indéfectiblement de faire sa lèche tandis que monsieur Bellevue ainsi que deux
autres professeurs s’affairaient par crainte des foudres du principal adjoint.
Mario, à Ed, tous deux se dirigeant vers le secrétariat du brevet – Bon, qu’est-ce qu’ils attendent pour monter les sujets ? Ca fait cinq minutes que les élèves attendent!
Ed, toujours un mot gentil – Bah… laisse-les finir de prendre leur café !
Monsieur Vandeputte, enragé – Ah, vous voilà ! Où sont les sujets d’histoire-géo ?
Ed – Quels sujets ?
Monsieur Vandeputte – Les sujets des épreuves ! Ca ne peut être que la vie scolaire qui les a pris ! On ne les trouve pas !
Mario – Mais… on ne s’occupe jamais de donner les sujets ! On ne risque pas de les avoir touchés !
Ed, placide – On n’est même pas habilité à les manipuler !
Madame Bretelle, à monsieur Vandeputte – De toute façon ils ne font jamais rien, à la vie scolaire ! Ca ne m’étonne pas qu’ils ne les aient pas touchés !
Mario, amer – On n’a pas le droit de les donner ! Il n’y a que les personnels administratifs et les professeurs qui peuvent le faire… nous on n’est pas assez importants !
Monsieur Vandeputte, ulcéré – Bon… aidez nous à les chercher au lieu de faire des commentaires !
Mario et Ed, tournant les talons – Ok, on va voir…
Madame Bretelle, la main sur l’épaule de Vandeputte – Si ça se trouve, tu as raison : à tous les coups, c’est la vie scolaire !
Monsieur Vandeputte – Mais oui ! Je m’en souviendrais si je les avais eus en mains ! Mais ils ne font que des conneries, que veux-tu ?
Mario – Ils rêvent s’ils croient que je vais aller chercher leurs sujets ! Non mais t’as entendu ce qu’ils ont dit ?...
Ed, placide – Des conneries ! On dirait des gosses : quand ils ne savent pas, ils accusent ! C’est à force de travailler avec des enfants ! Ca conserve tellement qu’ils finissent par régresser !
Mario – Ils se montent la tête tous les deux ! Bretelle n’était pas comme ça, avant !...
Ed – Je me demande s’ils pinent ensemble ?
Mario – Mais non ! Ils sont amis… c’est tout.
Ed – Putain… rien qu’à l’idée, je crois que je vais gerber !
Mario – Pourquoi ? L’amitié ?
Ed – Non, la pine !
Anna, au moment où les garçons entrent dans la vie scolaire – Café les gars ?
Mario – Ouais…
Ed – Allez ! Un de plus !
Johanna, raccrochant le téléphone – D’accord ! J’envoie quelqu’un !
Anna – C’était qui ?
Johanna – Dana ! Elle a besoin de quelqu’un au secrétariat pour aider Tony à envoyer des courriers.
Ed – J’y vais…
Anna – Et ton café ?
Ed, en sortant – Je viendrai le siffler dans cinq minutes, quand il sera moins chaud.
Olaf Rousse, dans le couloir – Euh… salut Tony ! Il est où le secrétariat ?
Ed, mort de rire intérieurement – Salle 103, au premier étage. – Ed parle, là, du secrétariat du brevet,
formellement interdit aux élèves !
Olaf, le regard torve – Merci Tony…
Ed – Pas de quoi… et moi c’est Edouard !
Olga, sortant des toilettes, l’air désagréablement surpris – Qu’est ce que tu fous là, toi ?
Ed, agacement contenu et sourire aux lèvres – Je vais au secrétariat filer un coup de main à Dana… et toi, tu faisais quoi ici ?
Olga, énervée – Va t’faire voir, toi !
Ed, traçant sa route – Ouais… je sais où est le chemin, depuis le temps !
Tony, assis au bureau de Dana – Ah ! Tu viens me filer un coup de main ?
Ed, faisant la bise à Dana pour la saluer – Mouais… tu fais quoi ?
Tony – Je note les adresses sur les enveloppes et je mets des lettres d’invitation sous pli.
Dana, à Ed – J’ai dit aux filles de venir et c’est toi qui débarque !
Ed – Ouais… Johanna n’a pas précisé…
Dana, ironique – Oui mais moi j’avais précisé ! Enfin, bon…
Ed – Et au fait, tu sais si on a retrouvé les sujets ?
Dana – Et heureusement ! Monsieur Vandeputte est rentré ici comme une furie, il a regardé dans les tiroirs de mon bureau ! Moi je lui aie dit : « Comme si j’avais l’habitude de m’occuper de ça ! » Bon, il n’a pas trop apprécié mais que veux-tu…
Ed – Mais ils étaient où ?
Dana, sur le ton de l’évidence – A ton avis ? Dans son bureau !
Ed, sourire carnassier aux lèvres – La rognure ! Il nous a topé Mario et moi dans le couloir, près du secrétariat du brevet et il a commencé à dire que c’était la vie scolaire qui avait chouré les sujets !
Tony – C’est dingue d’être aussi malhonnête !
Ed – D’être aussi con, tu veux dire !
Dana – Il était en colère, quand il a vu que c’est lui qui les avait !
Ed – Bien fait pour sa tronche ! J’aurais aimé qu’il les paume vraiment !
Tony – Là, il aurait été dans le caca !
Olaf Rousse, entrant dans le secrétariat sans frapper – Je voudrais un papier d’irradiation !
Dana, offusquée – Bonjour, quand même !
Ed – Tu sais pas frapper avant d’entrer ?
Olaf – Pardon !... je voudrais un papier d’irradiation s’il-vous-plaît !
Dana – Un certificat de radiation, tu veux dire ?
Olaf, l’air bête – Je sais pas…
Dana – Un certificat de radiation, c’est pour quitter l’école dans laquelle tu es…
Olaf – Ouais, c’est ça qu’il me faut !
Dana – Bon… donne moi ton nom, ton prénom et ta classe…
Olaf – Olaf Rousse, 4D.
Dana – Voilà… je te l’imprime… tiens !
Olaf – Merci ! Mais en fait c’est pour ma sœur qu’il en faut un !
Dana, exaspérée – Mais pourquoi tu me donnes ton nom si c’est pour ta sœur ?
Olaf, véhément – Mais c’est vous qui m’avez demandé mon nom !
Ed – Change de ton, Olaf !
Dana – Bon, ce n’est pas grave ! Comment s’appelle ta sœur ?
Olaf – Emma Rousse !
Dana perplexe – Mais… je ne la trouve pas dans la base… elle est dans quelle classe ?
Olaf – Elle est en CM2 !
Dana, qui n’en revient pas – Mais c’est pas vrai ! Tu dois aller dans son école si tu veux un certificat de radiation ! Pas ici !
Olaf – Mais c’est ma mère qui m’a dit d’aller chercher un certificat de gradiation pour rentrer en sixième !
Dana, à bout – Mais non ! Elle n’a pas besoin d’un certificat de radiation pour entrer en sixième ! Donne moi son numéro de téléphone et je l’appelle parce que sinon, on ne va pas s’en sortir !
Olaf – Mais j’en ai marre, moi ! Je comprends pas ce que vous disez ! Et en plus je me suis fait engueuler quand je suis allé au secrétariat d’en haut !
Ed, à Tony, à voix basse – Qu’est-ce qu’il est con !
Tony – J’espère que la sœur le sera moins !
Monsieur Vandeputte, entrant – Tu es encore là, toi ?
Olaf – Mais j’ai rien fait…
Monsieur Vandeputte, à Tony – Et les élèves ! Ils n’ont rien à faire au premier étage ! Soyez logique, un peu !
Tony, interloqué – Quoi ?
Ed, à voix basse – Mais qu’il est con !