SEVICE PUBLIC

38. J-1.





Le mercredi matin, Maria était de portail. Mais, une fois de plus en retard, Ed alla ouvrir accompagné de madame Sauzéon.

Ed – Bon, on n’a pas les troisièmes, aujourd’hui, ce devrait être calme…

Madame Sauzéon, contrariée – Ouais…

Ed – Quelque chose ne va pas ?

Madame Sauzéon – Comme d’habitude Maria est en retard et c’est vous qui ouvrez le portail à sa place ! Et bien sûr, madame Bretelle est déjà au portail ! Elle va en parler en réunion, ce matin, vous allez voir !

Ed – Elle a rien d’autre à foutre, nom de dieu ! Elle peut pas s’occuper de ses SEGPA !...  Mais qu’est-ce que tu fais là, Lola ?

Lola, la gueule enfarinée – Ben quoi ? Je viens en cours !...

Ed – Mais t’es lourde ! Les troisièmes n’ont pas cours aujourd’hui !

Lola, toujours enfarinée – Pourquoi ?

Madame Sauzéon – Parce que demain vous avez le brevet ! On vous a laissé la journée pour réviser…

Ed, amusé - …c’est banalisé aujourd’hui !

Lola, dégoutée – Ca daille !

Madame Bretelle, décidée à s’occuper des oignons d’autrui – L’information n’a pas été distribuée !

Madame Sauzéon, ne laissant même pas à Ed le temps de réagir – Comment ça ? Bien sûr que si ! Les surveillants ont fait leur travail ! Ce n’est pas notre faute si les élèves perdent les papiers qu’on leur donne !

Madame Bretelle – Mais ne t’énerve pas…

Madame Sauzéon – Je ne m’énerve pas mais j’en ai assez que chaque fois qu’il y a un problème, c’est de la faute de la vie scolaire !

Lola – Qu’est-ce que je fais alors ?

Ed – Rentre chez toi, banane !

Lola – Bon… allez, à demain Tony !

Ed – Moi c’est Ed, mais ce n’est pas grave !... A demain Lola !

Lola – Euh… excuse ! A demain Ed…

Madame Sauzéon – Oh non ! Ce n’est pas vrai ! Voilà Johnny !

Ed – Tant que ce n’est pas Alexandre…

Madame Sauzéon – Il ne risque pas de venir ! Il est passé devant le juge pour enfant qui lui a interdit d’approcher le collège à moins de cinq cents mètres !

Ed – Damn !

Madame Sauzéon – Comment ?

Ed – Non, rien…

Madame Sauzéon – Mais dites !

Ed – Non ! C’est rien… Ah ! Il arrive vers nous !

Madame Bretelle – Et alors ? Il a bien le droit !

Johnny, à Ed – Qu’es’t’a toi à m’regarder ?

Ed, à la CPE – Voici ce qu’il en fait, de son droit ! – Puis à Johnny, sur un ton calme - Mais non, Johnny, personne ne te regarde !

Johnny, avec de grands gestes – Viens t’a battre, toi !

Ed, rapidement opérationnel – Approche, tu vas pas être déçu !

Madame Bretelle, à Ed – Vous vous calmez, s’il-vous-plaît ?

Ed – Pardon ?

Madame Sauzéon – Je suis désolée mais ce genre de choses est fréquent et Edouard commence à perdre patience…

Johnny, à madame Sauzéon – Qu’es’ce dit la vieille ? Vas t’ cacher, la vieille !

Madame Bretelle, à madame Sauzéon – Et tu crois qu’Ed lui parlerait comme ça si Johnny n’était pas un SEGPA ?

Ed, portable à la main– Ok, j’appelle les flics ! Tu te démerderas avec eux !

Johnny, commençant à battre en retraite – Quoi ? J’les emmerd’, moi, les frics !

Ed, amusé – Bien sûr ! C’est pour ça que tu te casses !

Johnny – Va enculer ta mère !

Madame Sauzéon, morte de rire – Ah ben ça ! Si j’y avais pensé avant !

Madame Bretelle, l’air réprobateur – Je vous rappelle, Edouard, que vous n’êtes pas habilité à téléphoner à la gendarmerie !

Madame Sauzéon, dégoûtée – Mais il lui fait juste peur, là ! – La sonnerie retentie – Bon, allez, Ed, fermez le portail !

Ed – Mouais… - Regardant Johnny monter sur un scooter dernier cri – Mais où a-t-il dégoté un scooter neuf ?

Madame Bretelle – Ce sont ses parents qui lui en on acheté un !

Ed – Eh mon con ! Ca doit être pour le récompenser d’avoir bien travaillé !

Madame Bretelle, sentencieuse – Tous les enfants ont envie de réussir, Edouard !

Madame Sauzéon, faisant diversion – Bon, Ed, je crois que vous avez une permanence !

Ed – Ouais… j’y vais !

Vincent, alpaguant Ed sur la route de la vie scolaire – Eh, Ed !

Ed, impatient – Quoi ?

Vincent - Mais c’est bon ! Je voulais juste te dire un truc…

Ed, se ravisant – Oui ?

Vincent – Je me suis fait gavé engueuler, hier soir, quand mes parents, ils ont lu le billet de colle que Tony a fait !

Ed – Ben… c’est un peu normal, non ?

Vincent – C’est gavé un con, Tony…

Ed, ulcéré – C’est gavé un con ? Considère ceci : je te colle pour avoir manqué de respect à un assistant d’éducation…

Vincent, interrompant Ed – Mais c’est dégueu !

Ed – C’est dégueu ? Depuis qu’il est là, tu lui colle aux basques comme une merde écrasée colle aux crampons ! Il t’écoute lui débiter tes petites histoires, il t’aide à faire tes devoirs et ce, presque tous les jours ! Et toi ! Tu le traites de con ?! T’es vraiment un ingrat, Vincent ! Personne d’autre n’aurait accepté de te faire croire qu’il est ton pote !

Vincent, vexé – J’ai pas besoin d’un vulgaire pion ! J’ai des potes partout ! – Puis, s’approchant de la petite Eva Niquet… - Salut, Eva, ca va ?

Eva – Dégage, papy!

Ed, hilare – « Papy papy, papy choulo, papy papy papy venga mi!”

Tony, au moment même où Ed entre dans la vie scolaire – Ed! Il faut que tu viennes avec moi au troisième étage pour préparer les sales du brevet !

Ed – Où sont Maria et Olga ?

Tony, acerbe – Elles sont allées faire pipi !

Ed – Elles sont chiantes ! Et ma perme ?

Tony – C’est Anna qui s’en occupe !

Ed – Ok !

En montant, les deux garçons trouvèrent Mario et Cédric. Ils collaient les listes d’élèves sur les murs. Et puis, comme d’habitude, quand il n’y a que des glandus, il faut que ça déconne ! Ed mit un coup de pied dans un rouleau de scotch, Mario riposta et très vite deux équipes se formèrent pour un petit match improvisé…Madame Bretelle, qui n’avait objectivement rien à faire dans la préparation de ce brevet, les surpris en train de chahuter :

Madame Bretelle - Non mais c’est ça le bruit que j’entends depuis le rez-de-chaussée ?

Ed – Attendez, on finit !

Madame Bretelle, s’en allant – Non mais on rêve ! Ce collège marche sur la tête, je vous dis !

Cédric – On va se faire tuer, si elle en parle !...

Tony – On est mort !

Ed – Bah ! Ca lui donnera un motif pour ne pas nous blairer ! Elle devrait nous remercier, au fond !

Monsieur Vandeputte, faisant irruption dans le couloir – Tout va bien, ici ?

Ed – Ca va…

Monsieur Vandeputte – Je viens de voir madame Bretelle et j’ai cru comprendre qu’il y avait du chahut !



27/02/2010
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