34. LE SOULEVEMENT DES MACHINS.
Tony, au téléphone – Vie scolaire, bonjour !
Une femme – Oui, bonjour ! Je vous appelle parce que j’ai vu sur le carnet de correspondance de mon fils que les cours s’arrêtaient le 3 juillet !
Tony – C’est ça !
La femme – Mais est-ce qu’ils doivent venir après ?
Tony, dubitatif – Euh… non puisque les cours finissent le 3 juillet !
La femme – Oui mais ce serait bien de le préciser ! On peut pas tout deviner non plus !
Tony, contenant son agacement – Non, il est en vacances le 3, ne vous inquiétez pas !
La femme – Bon, écoutez, il reste une semaine, je le garde chez moi !
Tony – Euh…
La femme – Merci, au revoir !
Tony, raccrochant le combiné – Salut Olga !
Olga, passant devant lui - …
Tony, étonné de son absence de réaction – Ca va Olga ?
Olga, saluant tout le monde sauf Tony – Salut les filles… - Sonne le téléphone.
Tony, perplexe – Vie scolaire, bonjour !
Une femme avec un accent impossible – Oui, bonjour ! Je vous appelle parce que j’ai reçu un message sur mon portable la semaine dernière qui disait que mon fils faisait l’école buissonnière !
Tony – Oui, qui est votre fils ?
La femme – Mattheus Panko ! Et comme j’ai perdu ma batterie j’ai pas pu vous appeler ! Heureusement que ma sœur en avait une dans ses affaires parce que, moi, dans le commerce, j’en ai pas trouvé !
Tony, essayant de se concentrer sur autre chose que le blabla de madame Panko – Alors, je vois sur le fichier informatique que Mattheus a été absent quatre jours la semaine dernière ! Et hier aussi !
Madame Panko – Ah mais ça, c’est à cause de son père ! Il a dit à Mattheus qu’il pouvait rester chez lui ! Parce que vous voyez, nous sommes divorcés et son père est très permissif ! Et depuis le divorce, Mattheus ne m’écoute pas parce qu’il est très impressionné par l’argent et c’est son père qui a de l’argent et moi je n’ai que ma pension alimentaire parce que je travaille pas…
Tony, désireux d’en finir – On fait quoi pour votre fils ?
Madame Panko – Ah mais moi je dis que vous devriez punir les enfants ! Moi quand j’étais enfant, les professeurs avaient le droit de nous frapper ! Et regardez comment je m’en suis sortie : je vais très bien ! Moi je dis que vous devriez les frapper de temps en temps…
Tony, las – Mais madame, nous n’avons pas le droit !
Madame Panko – Mais à force de tout leur passer ils finissent par faire n’importe quoi ! Et vous savez, quand on a des problèmes comme moi, c’est pas facile d’élever des garçons ! Surtout que moi, je touche une pension d’invalidité et je peux vous dire que c’est dur, la fin du mois…
Tony – Bon, je vais voir avec les CPE ce que l’on peut faire…
Madame Panko – Merci de m’avoir écouté !
Tony – Pas de quoi… au revoir !
Olga, à Maria – Ed est en perme ? Tant mieux ! Si l’autre pouvait se barrer aussi, tout irait super bien !
Tony, téléphonant aux cuisines – Bonjour, c’est la vie scolaire… je vous appelle pour les effectifs !
Le commis – Oui ?
Tony – J’ai trente six absents aujourd’hui !
Le commis – Les troisièmes sont en stage ?
Tony – Oui ! Les trente six ne tiennent pas compte des troisièmes qui sont demi-pensionnaires ! Vous voulez le nombre total de DP en troisième ?
Le commis – Non, on nous les a donnés ! Mais merci quand même ! Trente six ! Ok !
Tony – Au revoir !
Olga, à Maria – Ouais… bientôt les vacances ! Y’en a que je vais pas regretter !
Tony, pour lui-même – Mais qu’est-ce qui lui prend à cette cloche ?
Le cuistot, entrant dans la vie scolaire – Oui, j’aimerais comprendre comment vous faites vos effectifs !
Tony – Comment ?
Le cuistot – Ben oui ! Moi on me dit que j’ai environ 120 DP le mercredi, alors j’ôte les quarante troisièmes DP, d’accord ?
Tony – Oui ?
Le cuistot – Bon, moi, quand j’ôte les troisièmes de mon effectif habituel, il me reste 80 DP, parce que chez moi 120 moins 50, ça fait 70 !
Tony – Euh…je ne vois pas bien où vous voulez en venir !
Le cuistot – J’aimerais bien que vous m’expliquiez pourquoi vous avez dit à mon commis qu’il y avait 36 absents ?
Tony – Je sais pas trop quoi vous dire ! J’ai compté, en faisant l’appel, 36 absents, c’est tout !
Le cuistot – Montrez moi comment vous faites vos effectifs !
Tony – Non mais c’est bon là ! J’ai compté 36 absents en plus des troisièmes, c’est tout ! Je ne vois pas ce qu’il y a d’autre à dire !
Le cuistot – D’accord ! Alors moi je veux voir comment vous vous y prenez pour faire des effectifs aussi fantaisistes parce que j’en ai marre de ne jamais tomber juste en repas !
Tony, hors de lui – Non mais c’est pas vrai ! Il y a 36 élèves malades…
Le cuistot - …non ! Moi on m’a dit 50 !
Tony - …50 stagiaires en troisième et 36 malades dans les autres classes !
Le cuistot – Ah mais les 36, c’est pas les troisièmes ?
Tony – Non mais vous moquez pas de moi ! Ca fait une heure que je m’escrime à vous expliquer la chose !
Le cuistot, en sortant du bureau – Faudrait peut être vous expliquer correctement ! Je ne suis pas dans votre tête, moi !
Tony, vindicatif – Non mais je crois rêver ! Il se croit où cet abruti ?
Olga, encore plus vindicative – Oh ! C’est bon, là !
Tony, décidé à régler ce qui semble être un problème – Si tu veux me dire quelque chose, Olga, fais-le !
Olga, s’enfermant dans le bureau de madame Sauzéon – Va t’faire voir !
Anna, faisant entrer deux garçons dans la vie scolaire - …pourquoi vous vous battez ?
Thomas Perrier, le cou tout écorché – Je voulais qu’il me prête ses cartes et il m’a étranglé !
Kader Débar, les larmes aux yeux – Il m’a pas demandé, d’abord et puis il m’a traité !
Anna, furieuse – Comment ça, il t’a « traité » ?
Thomas Perrier – C’est pas vrai…
Anna, l’interrompant – Tu te tais s’il-te-plaît ? Je pose une question à Kader, tu le laisse répondre !
Kader Débar – Il m’a dit que j’étais bon qu’à niquer des meufs ! Et puis des mecs !
Anna, estomaquée – Quoi ? – Puis, se retournant vers Thomas – Pourquoi tu lui as dit ça ? Tu as déjà eu des problèmes avec d’autres élèves à cause de ta façon de parler ! Ca ne te suffit pas ?
Thomas, sûr de son bon droit – Mais c’est la fin de l’année !
Anna – Quoi ? Je ne vois pas le rapport…
Thomas – Mais comme c’est la fin de l’année, je croyais qu’on avait le droit…
Anna, regardant de travers Tony, prit d’un fou rire - …le droit d’insulter ses petits camarades ?
Thomas – C’est pas mon camarade, c’est un con !
Anna, piquant une gueulante – Non mais tu te crois où ? Je suis là que je te reproche d’avoir insulté Kader et tu persistes ! Tu te moques de qui ? Je te préviens, cette fois tu écopes d’une retenue ! La dernière fois, tu as eu le bénéfice du doute, pas cette fois !
Thomas – De toute façon, je ne sais pas ce que ça veut dire « le bénéfice du doute » !