SEVICE PUBLIC

35. UN HOMME ANPE-TRE.





Pendant sa pause « déjeuner », Tony consultait les offres ANPE qu'il avait reçu sur sa boîte mail et le moins que l'on puisse dire, c'est que son moral n'était pas au beau fixe ! Emilie et une copine à elle, Sofia, entrèrent dans la vie scolaire dans l'indifférence totale du surveillant.

Emilie – Tu fais quoi ?

Tony – Mmhh ?

Emilie – Tu fais quoi ?

Tony, attentif à ce qu'il lit – Je cherche du travail !

Emilie – Tu veux travailler ailleurs ?

Tony, songeur - « Intitulé du poste : VENDEUR DE POULETS SUR LES MARCHES
Type et nature du contrat : CONTRAT A DUREE DETERMINEE DE 2 MOIS
Description du poste : CONTRAT A DUREE DETERMINEE : JUILLET ET AOUT.
VOUS CIRCULEREZ SUR LES MARCHES DE MAUBUISSON, LE PORGE, LACANAU VILLE »… que c'est naze !

Emilie – Pourquoi tu cherches dans la vente ?

Tony, quittant un bref instant son écran des yeux – D'abord parce que je ne trouve rien et ensuite parce que je veux me barrer d'ici le plus vite possible ! « Intitulé du poste : VENDEUR DE FRUITS ET LEGUMES. Type et nature du contrat : CONTRAT A DUREE DETERMINEE DE 3 JOURS… Expérience souhaitée de un an sur les marchés… » De mieux en mieux ! Et en plus il faut que je me lève à quatre heures du matin !

Sofia – Ma mère, elle dit qu'il faut se lever tôt, que le travail, il tombe pas dans les mains des fainéants ! C'est ce qu'elle dit à mon frère quand il ne veut pas prendre un job où il faut se lever tôt !

Tony – Attend ! Tu m'excuses, mais j'ai commencé un doctorat, quand même ! J'aimerais bien trouver autre chose qu'un job tout pourri qui ne dure que trois jours !

Sofia – Ouais mais tu vois, ma mère dit toujours à mon frère que c'est pas parce que il a arrêté au brevet que…

Tony – Non mais c'est bon ! Je me débrouille ! Laisse moi lire s'il-te-plaît ! « Intitulé du poste : TELEPROSPECTEUR ; Type et nature du contrat : CONTRAT A DUREE DETERMINEE DE 24 JOURS… » Mais c'est pourri ! Je ne vais jamais m'en sortir ! « Intitulé du poste: VENDEUR/VENDEUSE DE FRUITS ET LEGUMES. Type et nature du contrat: CDD DE 24MOIS. Description du poste : VOUS PREPAREREZ LE CAP VENDEUR EN PRODUITS FRAIS AU SEIN D'UNE ENSEIGNE DE GRANDE DISTRIBUTION. VOUS ASSUREREZ LA TENUE ET L'ANIMATION DU RAYON. PORTS DE CHARGES LOURDES »… De mieux en mieux !

Emilie – Oh mon Dieu !

Tony, paniqué par le cri d'Emilie – Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?

Emilie, désignant Sofia, suffocante– Sofia a avalé mon chouchou !

Tony – Comment ça, ton chouchou ?

Emilie – Mais mon chouchou pour les cheveux !

Tony, encore plus paniqué après un moment d'incertitude – Oh putain ! Mais comment tu as fait pour avaler ce chouchou, nom de nom ?

Emilie – Mais arrête de gueuler ! Tu vois pas qu'elle est en train de s'étouffer ?

Tony – J'appelle l'infirmière !

Emilie – Attend…ça va mieux Sofia ?

Sofia – Ouais…je crois que le chouchou est passé !

Tony – C'est pas possible ! Ca ne répond pas !

Emilie – Mais je crois qu'elle va mieux !

Tony – Mais non, ça ne va pas ! Elle a un chouchou dans le gosier ! Ca ne peut pas aller ! Et…il était gros, ton chouchou ?

Emilie – Ben ouais, c'est un chouchou pour les cheveux longs !

Tony – Non mais vous me les aurai toutes faites ! Allez, j'appelle tes parents !

Sofia, à Emilie – Je vais me faire tuer par mes vieux !

Tony – Allô ?

Un monsieur – Oui ?

Tony - Bonjour, c'est la vie scolaire !

Le monsieur – Oui, bonjour !

Tony – Je vous téléphone parce que votre fille Sofia a avalé un chouchou accidentellement et comme je n'arrive pas à contacter l'infirmière, je voudrais savoir si vous pouvez venir la prendre en charge !

Le monsieur, dépité – Mais comment elle a fait pour avaler un chouchou ?

Lola, faisant irruption dans la vie scolaire avec Thomas Perrier plié en quatre à son bras – Tony, c'est la merde !

Tony, à court de réponse et perturbé par l'irruption des deux élèves– Euh…

Le monsieur – Vous fatiguez pas, j'arrive ! A tout de suite !

Tony – Merci…au revoir…- Puis à Lola – Mais qu'est ce qui se passe ? Pourquoi il se tord de douleur ?

Lola – C'est ce gros con de Vincent qui lui a tapé dans les couilles !

Emilie, hilare – Déjà qu'elles sont pas bien grosses !

Tony – Emilie ! Je t'en prie ! Et toi Lola ! Fais gaffe à ton vocabulaire putain !

Lola – Désolé mais quand j'ai vu l'autre connard écraser les boules de mon petit cousin, je suis allé lui défoncer sa gueule de pédé !

Tony – Va me le chercher, s'il-te-plait !

Lola, sortant comme une furie – Ok, je vais le niquer !

Tony – Attend ! Ne le frappe pas…et merde ! Elle a rien entendu ! Et je suis tout seul, pour pas changer !

Emilie – Je peux faire quelque chose ?

Tony – Non, merci ! Bon, alors Thomas, que s'est-il passé pour que Vincent te frappe là où il t'a frappé ?

Thomas, toujours plié – J'ai trop mal aux burnes…

Lola, tenant Simon par la tignasse – Le voilà, Tony !

Vincent – Mais putain, lâche-moi !

Tony – Lola ! Lâche-le ! Tu vas finir par lui arracher la touffe !

Lola, s'exécutant – Il mériterait que je lui arrache la bite !

Vincent – Connasse !

Lola, lui tirant un coup de pied dans le scrotum – Va te faire mettre !

Tony, ramassant Vincent agonisant par terre – Putain Lola ! Je t'ai dit que je ne voulais pas que tu le cognes !

Lola – Désolée…

Tony – Alors Vincent, pourquoi tu as cogné Thomas ?

Thomas, reprenant son souffle – Il m'a pas cogné ! Il m'a poussé par terre, je suis tombé les jambes écartées et il m'a sauté sur les testicules !

Tony – Il t'a sauté sur les testicules ?

Thomas – A pieds joints !

Tony, à deux doigts d'en tirer une à Vincent – Mais pourquoi tu as fait ça ?

Vincent, en larmes – Mais il m'a traité !

Tony – Il t'a traité de quoi ?

Vincent – Il m'a traité de buisson !

Tony, effaré – Il t'a traité de buisson ? Non mais qu'est ce que c'est que ces conneries ? On n'écrase pas les boules d'un camarade parce qu'il a traité quelqu'un de buisson !

Vincent, chouinant – Mais il a dit qu'il pissait dans les buissons !

Thomas – Mais lui il arrête pas de me dire que je suis un castor habillé !

Tony – Un quoi ?

Emilie – Tony, je crois que le père de Sofia arrive !

Tony – C'est bien le moment !

Le monsieur – Bonjour ! Alors Sofia, comment tu te sent ?

Sofia – Je croyais que tu allais m'engueuler !

Le monsieur – Mais ma pauvre Sofia, si je devais t'engueuler à chaque fois que tu nous fais une connerie, je serais obligé de t'acheter un sonotone !

Sofia – Un quoi ?

Le monsieur – Non, rien ! – A Tony - C'est bon, je peux la prendre ou vous voulez que je vous la laisse ?

 

 



06/02/2010
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