37. Retour à la case départ ! Acte I.
37. Retour à la case départ !
Acte I.
LUNDI 5 JANVIER.
En descendant du bus, Tony ne vit personne au portail du collège : ni élèves, ni adultes. Il était en retard : 8h35 !
Tony, entrant dans la vie scolaire – Désolé du retard mais le bus d’avant est passé en avance et quand je suis arrivé à l’arrêt de bus, il…
Monsieur Dufour – Oui, oui… vous êtes là, c’est le principal !
Madame Sauzéon, affairée – Bon, ses parents ne répondent pas !
L’infirmière – Qu’est-ce qu’on fait alors ?
Monsieur Dufour, ironique – Ben je sais pas ! On appelle les secours, peut être ?
Tony – Quoi ? – Soudain il comprit les tenants et les mortaises de la situation : Noémie – encore elle ! – était assise au milieu des CPE préoccupés et de l’infirmière à l’ouest – encore ! – Que se passe-t-il ?
Madame Sauzéon, exaspérée – Elle a avalé des cachets en grande quantité mais elle ne veut pas nous dire lesquels et combien !
Monsieur Dufour – Et le plus grave, c’est qu’elle ne veut pas nous dire pourquoi !
Madame Sauzéon – Non, moi je dis qu’il faut qu’on appelle les urgences ! Faut pas prendre de risques ! – Regards de chien battu de Noémie.
L’infirmière, incrédule – Tu crois ?
Madame Sauzéon, sur un ton sec – Mais oui ! Et si jamais c’est des somnifères !
L’infirmière, molle – Ah oui…
Monsieur Dufour – Bon, on te laisse faire ?
L’infirmière – Qui ? Moi ?
Monsieur Dufour – Mais… évidement ! Il vaut mieux que l’appel vienne de toi puisque tu es l’infirmière du collège !
Madame Sauzéon, à Noémie – Je suis désolée Noémie mais tu vas aller à l’hôpital ! On se charge de prévenir tes parents : on ne peut vraiment pas faire autrement...
Noémie, sous les regards de l’infirmière – Putain mais je vais me faire défoncer par mon père !
Madame Sauzéon, à Noémie – On peut pas faire autrement ! Tu nous dis rien ! On sait pas les cachets que tu as pris…
Tony – Noémie, comprends ceci : on est responsable de toi. On ne peut pas se permettre de prendre le moindre risque avec toi. Si tu as pris des cachets, il vaut mieux que tu ailles faire une visite à l’hôpital où ils pourront éventuellement te faire un lavage d’estomac…
Noémie – En fait, j’ai voulu me suicider mais je crois que j’ai raté !
L’infirmière – Bon, ben je vais appeler, alors…
Monsieur Dufour, regardant l’infirmière sortir – Elle commence à me gonfler sérieusement, celle-là !
Tony – Tu as pris quoi ?
Noémie, la mine déconfite – Des cachets…
Tony – D’accord, mais quoi comme cachets ?
Noémie, à l’agonie – Je sais plus… j’ai la tête qui tourne…
Madame Sauzéon – On devrait l’allonger avant qu’elle tombe…
Monsieur Dufour – Bon, je vais prévenir la principale !
Tony – Mais quoi comme cachets ? Dis-le nous Noémie ! C’est important ! – Panique – Noémie ! Oh ! T’endort pas !...
Madame Sauzéon – Faut pas qu’elle s’endorme surtout !
Tony – Eh Noémie !
Noémie – C’était des cachets pour le mal de tête…
Tony – Pardon ? – Soudain la panique retomba comme un soufflet.
Monsieur Dufour, au téléphone, avec la principale – D’accord, j’arrive !
Madame Sauzéon – Tu as pris des cachets pour la tête ?
Noémie – Ben oui ! J’ai trouvé que ça !
Monsieur Dufour, dégouté – De quoi ?
Madame Sauzéon – Bon, Christian : rappelle madame Hachiche pour la rassurer et vous, Tony, allez prévenir l’infirmière !
Tony – Ok, j’y vais… - En courant, il mit deux minutes pour rallier l’infirmerie.
L’infirmière – Désolé Tony mais je ne trouve pas le numéro des urgences !
Tony – Ah… non mais elle a prit des cachets pour le mal de tête de toute façon.
L’infirmière – Et on sait combien elle en a prit ?
Tony – Euh… non, on n’a pas demandé !
L’infirmière – Bon, je retourne à la vie scolaire lui demander ! On sait jamais, elle a peut être besoin qu’on lui fasse un lavage d’estomac !
Bastien, accroupi face à Noémie – Tu devrais écouter les CPE : s’ils te disent de leur donner la boite de cachets, c’est pour ton bien !
Noémie – Non… de toute façon, je vais crever comme ça tout le monde sera content !
Madame Sauzéon, à bout de nerfs – C’est pas possible ! Non mais c’est pas possible !
Noémie, en cris – Eh ben mais allez-y ! Gueulez-moi dessus comme ils font mes parents !
L’infirmière, essoufflée d’avoir trop marché – Bon, qu’est-ce qui se passe ?
Monsieur Dufour, cynique – Oh, on a juste un élève qui fait une tentative de suicide !
L’infirmière, étonnée – Ben je sais ! J’étais là tout à l’heure !
Bastien – Les CPE disent à Noémie de leur donner la boite de cachets mais elle ne veut rien savoir…
Noémie – Putain ! J’ai hyper mal au ventre !
L’infirmière, dans la panique générale – Où ?
Noémie, tordue de douleur – J’ai mal !
L’infirmière – Mais où ça ? – La boite de cachets tombe de la veste de Noémie – Il va falloir avertir les secours ! Je crois qu’elle fait un empoisonnement !
Monsieur Dufour – Quoi ? Mais tu les a pas encore appelés ?
L’infirmière, agacée – Mais non ! Je trouve pas le numéro !
Bastien, ramassant la boite – Tenez, voilà la boite de cachets !
L’infirmière – Fuca !... – Un silence s’impose à tout le monde.
Noémie – Oh putain ! J’ai mal ! Je vais crever !
L’infirmière – Fuca ?... Mais c’est pas pour la constipation, ça ?
Madame Sauzéon – C’est contre la constipation, tu veux dire !
Noémie, presque par-terre – Aidez-moi ! J’ai trop mal !
L’infirmière – Oh bordel ! Y va y avoir un drame, là !
Monsieur Dufour, à Tony – Eh bien ! Réagissez !
Tony – Hein ?
Monsieur Dufour – Amenez-là aux chiottes avant qu’elle ne se vide !
Tony – Pourquoi moi ?
Monsieur Dufour, paniqué – Mais allez-y au lieu de discuter !
Noémie – Ahhh !... Je crois que je vais faire…
Tony, bousculant Noémie de sa chaise – Viens avec moi…
Monsieur Dufour – Mais vite nom de dieu !
Tony – Allez ! Magne-toi !
Noémie, dans une grimace atroce – Mais je peux pas bouger…
L’infirmière, retenant le bras de Tony – Arrête Tony ! Elle peut se retenir que tant qu’elle est assise !
Monsieur Dufour, levant Noémie de force – Faut agir, là !
Bastien, catastrophé – Oh la la !
Madame Sauzéon, à son collègue – Mais écoute ce que te dis l’infirmière…
Tony, bousculé de part et d’autres par l’infirmière et par Dufour – Oh mais zut ! Je fais quoi, moi ?
Une vibration longue et grave retentit dans le vacarme de la vie scolaire.
Noémie, l’air gêné mais le ton posé – Je crois que je viens de chier à la culotte, là !