39. LE JOUR J.
EPREUVE I : FRANÇAIS.
Sous la pression de la direction, madame Sauzéon était sur le qui-vive.
Pendant que son homologue vérifiait une dernière fois que tout ce qui
concernait les épreuves du brevet était bien en place au dernier étage,
Madame Sauzéon – Bon, Olga, vous vous occupez de l’appel, ce matin, c’est ça ?
Olga, visiblement mal réveillée – Oui, pourquoi ?
Madame Sauzéon, étonnée du ton vindicatif – Pour rien… je demande, c’est tout…
Olga – Ouais, ben c’est bon !
Madame Sauzéon – Ecoutez Olga, je n’ai pas envie de me disputer ce matin… - Après un bref instant - Anna ! Vous ouvrez le portail à huit heures et demie, au lieu de huit heures et quart. Et vous ne le refermerez qu’à neuf heures dix, au cas où il y aurait des retards… voyez avec vos collègues s’ils peuvent vous relever parce que vous risquez de trouver le temps long…
Olga – Non mais c’est bon ! Elle peut rester une demi-heure au portail, ça va pas la tuer !
Madame Sauzéon, feignant de ne pas entendre – Johanna, Cédric et Mario : vous irez dans les couloirs veiller à ce qu’aucun élève n’entre dans les étages avant le début des épreuves.
Mario – Il vaut mieux qu’on reste dans les escaliers pour les intercepter avant qu’ils ne soient dans les couloirs.
Madame Sauzéon – Euh… oui ! Faites comme vous croyez bon…
Olga, à Maria – C’est facile de distribuer les rôles…
Madame Sauzéon, contrariée mais l’air de rien – Maria, vous restez dans la cour…
Olga – Et qui va me chercher l’appel ?
Madame Sauzéon – Ca, c’est moi et monsieur Dufour qui nous en occupons.
Olga – Comme par hasard !
Madame Sauzéon, à bout – Bon, qu’est-ce qui ne va pas, Olga?
Olga – C’est bon, j’ai pas besoin d’un psy !
Madame Sauzéon – Mais pourquoi vous êtes agressive, comme ça ?
Olga – Je n’ai aucun compte à vous rendre !
Madame Sauzéon, décidée – Si, quand vous êtes en retard, comme ce matin par exemple. Mais si vous ne me rendez aucun compte c’est parce que, bien que CPE, je ne vous en demande pas !
Je crois qu’il faut faire cette nuance !
Olga – C’est bon ! Je les rattraperai vos dix minutes de retard ! Je ne veux pas être redevable !
Madame Sauzéon – Et ceci tiendra compte des retards quasi quotidien que vous avez eu ces trois dernières semaines ?
Ed, à Tony – Vache ! Elle l’a défoncée, là !
Tony, amusé – Chut !...
Madame Sauzéon, devant le silence coupable d’Olga – Ed, vous allez au secrétariat du brevet, au premier étage, et vous voyez si vous pouvez être utile, sinon vous redescendez à la vie scolaire. Quant à vous, Tony, vous allez venir avec moi pour faire l’appel des troisièmes et vous retournerez à la vie scolaire pour donner la liste des éventuels absents à Olga.
Tony – Ok…
***
Anna, au portail – Vous pouvez entrer…
Lisa V., sur un ton revendicateur – Mais ça commence à neuf heures, on a le droit de rester devant le collège !
Anna, calme – Lisa, je ne vous force pas à entrer ! Je dis juste à ceux qui le veulent qu’ils peuvent entrer… c’est tout !
Lisa – Ouais, c’est ça… je ne vais pas vous regretter, en tout cas !
Anna, exaspérée – Mais tu crois quoi ? Que je vais vous regretter ? Moi ? Bon débarras, oui !
Lisa, vexée – Mais t’es gavé méchante !
Vincent Lanusse – Salut Anna !
Anna – Mais qu’est-ce que tu fais là ?
Vincent – Ben quoi ? Je viens au collège !
Anna – Mais c’est le brevet, aujourd’hui, Vincent !
Vincent – Et alors ?
Anna – Et alors, il n’y a pas cours !
Vincent, énervé – Putain, tu dailles Anna !
Anna, encore plus énervée – Non mais tu te calmes ou je t’emmène voir un CPE ?
Lola, amusée – Bien fait pour ta gueule !
Anna – Lola ! Je t’interdis de parler comme ça !
Vincent, à Lola – Toi, la grosse, va te faire liposucer !
Lola, à grand coup de pied dans le plexus – Va te faire enculer par ta mère !
***
Mario, dans les escaliers – C’est bon, vous pouvez monter…
Olivia Troque – Déjà ?
Mario – T’as peur ou quoi ?
Olivia – Je suis morte de trouille !
Mario – C’est ton premier examen… c’est normal que tu aies peur ! Mais ça va bien se passer ! Tu as bien travaillé toute l’année…
Olivia – J’espère que tu as raison !... Bon, allez, j’y vais ! Souhaite-moi bonne chance, je vais en avoir besoin.
Mario – Bonne chance Olivia !
***
Tony, parcourant le troisième étage, pour voir si tous les professeurs, de surveillance, sont arrivés – Bonjour monsieur Bellevue ! Vous êtes tout seul dans cette salle ?
Monsieur Bellevue – Non ! Normalement non ! Je ne comprends pas ce que fait ma collègue…
Tony – Ce n’est rien, elle doit avoir un peu de retard !
Monsieur Bellevue – Oui mais moi je suis à l’heure ! Et c’est moi qui me fais avoir !
Tony – Mais non, personne ne se fait avoir…
Monsieur Bellevue – Ecoutez, tant qu’elle n’arrive pas, moi je vais aux toilettes. Vous pouvez surveiller à ma place de toute façon ?
Tony, accablé – Ben… ouais… mais j’ai un appel à faire et…
Monsieur Bellevue, décidé à aller aux toilettes – Bon, alors moi j’y vais ! Faudrait pas abuser, non plus !
***
Ed, s’adressant à monsieur Vandeputte – Les CPE m’ont dit de venir voir si je pouvais vous être utile !
Monsieur Vandeputte, sec – Non, c’est bon, madame Bretelle est avec nous ! On peut se passer de vos services !
Ed, pas surpris de l’accueil de Vandeputte – Bon, je vais à la vie scolaire, alors !
Madame Bretelle, l’interceptant au moment où il sort du secrétariat – Où allez-vous ?
Ed – Monsieur Vandeputte m’a dit que vous n’aviez pas besoin de moi !
Madame Bretelle, pas aimable – Et qui va distribuer les sujets de Français ?
Monsieur Vandeputte, mielleux – Ce sont les professeurs qui en ont la charge ! Nous, on va les leur monter !
Madame Bretelle, à Ed – C’est bon, vous pouvez redescendre !...
Ed – Ok !
Madame bretelle, sur un ton réprobateur – Non mais vous pourriez vous rendre utile ! Allez voir au troisième étage si personne n’a besoin de vous !
***
Madame Bey, professeur de français, pressée, croisant Cédric dans les escaliers sud – Bonjour Cédric ! Je surveille l’épreuve de français avec monsieur Bellevue… c’est dans quelle salle ?
Cédric – Euh… je ne sais pas ! Vous devriez aller voir les CPE qui sont dans les couloirs…
Madame Bey – Je suis à la bourre, je vais avoir des ennuis !
Cédric – Quand même ! Vous n’avez que cinq minutes de retard ! Quelqu’un doit bien vous remplacer…
***
Monsieur Dufour, à Tony – Et Bellevue, il est où ?
Tony – Je ne sais pas ! Il m’a dit qu’il allait aux toilettes…
Monsieur Dufour – Il est pas gonflé quand même !
Tony – Et puis… il ne m’a pas laissé trop le choix !
Monsieur Dufour – Il ne voulait pas être de surveillance, de toute façon !
Madame Sauzéon, paniquée – Et madame Bey qui n’arrive pas !...
Monsieur Dufour – Ah ! La voilà…
Monsieur Vandeputte, affublé de son petit chien de Bretelle – C’est maintenant que vous arrivez ?
Madame Bey, prise de panique – Je suis désolée, mon mari est parti cette nuit aux urgences pour un problème cardiaque ! J’ai passé la nuit blanche…
Monsieur Vandeputte – Ce n’est pas mon problème ! Tout le monde a ses soucis ! Si n’importe qui fait comme vous, nous ne nous en sortirons plus ! Vous n’êtes vraiment pas sérieuse !
Madame Bey, en sanglots - …mais…
Madame Bretelle, en pseudo aparté – Ca ne change rien de pleurer ! Comportez vous comme une adulte, un peu !