42. Poing trop n’en faut.
42. Poing trop n’en faut.
VENDREDI 30 JANVIER.
Madame Sauzéon – Ecoutez, Gina : vous rentrez chez vous vous occuper de vos filles malades !
Gina – Vous allez faire comment, vous ?
Madame Sauzéon – On se débrouille ! Filez !
Gina – Ouais mais avec Aurore et monsieur Dufour en moins…
Madame Sauzéon – Oh mais qu’elle est pénible ! Filez je vous dis !
Gina – Bon, d’accord… Merci… A lundi…
Anna – J’ai vu que Gina partait par l’accueil ; elle va où ?
Madame Sauzéon – Ses deux filles sont malades et son mari ne peut pas les garder alors je lui ai donné sa journée.
Anna, consternée – Je peux savoir qui c’est qui m’a bouffé mes croissants ?
Tony – Tes croissants ? – Expression d’incrédulité de madame Sauzéon.
Anna, énervée – Oui, mes croissants ! Je m’en étais acheté deux et là, je retrouve plus que la poche !
Tony – Je sais pas…
Anna – J’ai compris ! Ca m’apprendra à faire confiance !
Madame Sauzéon, pour elle-même – Je ma demande quel âge vous avez parfois…
Crystal, affolée, arrive en trombe à la vie scolaire – Tony, Tony, Tony…
Tony, brusqué dans ses fiches – Oui ?! Calme-toi…
Crystal – J’ai déchiré mon pantalon en sport… Ca se voit que j’ai un trou au cul ?
Ed – Non mais ça se sent ! – Regard médusé d’amusement de Tony.
Crystal – Quoi ?... – Elle réalise – Putain mais t’es nul !
Madame Sauzéon, depuis son bureau – Dis donc, tu parles autrement au surveillant je te pries ?
Crystal, moquée – Non mais madame, il a dit…
Madame Sauzéon – Je ne veux pas savoir ! Le surveillant, c’est pas ton petit copain je te rappelle ! – Ed est hilare mais prend le soin de rester silencieux.
Bastien entre dans la vie scolaire – Excusez-moi mais il y a au moins deux permes à faire rentrer…
Madame Sauzéon – C’est pas vrai… Mais comment se fait-il qu’il y ait autant d’élèves ?
Tony – On a pas mal de profs absents…
Madame Sauzéon – Oui mais quand même… - Un instant – Bon, qui prend la seconde permanence ?
Tony – C’est Gina d’habitude…
Madame Sauzéon – Et la troisième ?
Tony – Ben… c’est Aurore.
Ed – Je prends la seconde… tu sais où est-ce qu’il y a une salle libre ?
Tony – Prends la salle 3…
Ed – Ok… à tout à l’heure.
Madame Sauzéon – Bon, Anna, vous prenez la troisième ?
Anna – J’en ai déjà fait deux ce matin ! Et je sors du réfectoire que j’ai du me taper pendant deux heures !
Madame Sauzéon – Qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? On est en sous effectifs…
Anna – Peut être mais ça n’a pas empêché Gina de partir chez elle !
Madame Sauzéon – Ses filles sont malades ! Vous voulez quand même pas que je l’empêche d’aller s’en occuper !
Anna – S’il suffit d’avoir un bébé pour rentrer au moindre pépin, je vais finir par en faire un aussi, moi !
Madame Sauzéon – Vous avez toujours quelque chose à redire Anna ! C’est fatiguant à la fin !
Anna – Je suis désolée mais je me suis tapé deux permes ce matin plus le réfectoire ! Et regardez la perme qui m’attend dehors : y’a que des SEGPA ! Je vais péter un câble !
Madame Sauzéon – Mais qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? Et puis c’est bien vous qui prenez systématiquement la défense de ces élèves en prétendant qu’on fait une différence de traitement, non ?
Anna, amère – C’est ça…
Madame Sauzéon – Quoi ?
Anna – Comme par hasard Ed a prit une perme de sixièmes mais moi je dois me taper les quatrièmes et troisièmes SEGPA !
Madame Sauzéon – Oh mais que j’en ai marre de ces histoires ! Je vais aller lui donner les SEGPA et vous vous allez prendre les autres ! – Elle arrive dans la perme d’Ed – Ed ! J’aimerais que vous preniez des SEGPA avec vous question de pas tout laisser à Anna !
Ed – Je veux bien mais j’en ai déjà quelques uns…
Madame Sauzéon – Ah oui… mais vous en avez combien, là ?
Ed – J’ai une demi-classe de sixième et une douzaine de SEGPA.
Madame Sauzéon – Vous pouvez en prendre quelques uns de plus ? Anna en a autant que vous mais elle me fait des esclandres depuis tout à l’heure…
Ed – Pour ?
Madame Sauzéon, à voix basse – Elle fait des histoires parce qu’elle a des SEGPA !
Ed – Non mais faut arrêter le délire un peu ! Regardez ceux-là… Y’en a deux qui n’avaient rien à faire, ils m’ont demandé du travail !
Madame Sauzéon – Je sais bien… mais il faut dire qu’Anna a fait deux permanences ce matin et qu’elle a Bastien et Anthony… les autres, ça va, mais elle a Bastien et Anthony !
Ed – Ok… envoyez-moi ces deux cons et je lui envoi deux calmes.
Madame Sauzéon, étonnée – D’accord…
Ed – Chloé ! Tu prends tes affaires et tu va suivre madame Sauzéon. Et toi, Arnold… eh ben tu fais pareil !
Chloé, inquiète – Mais… qu’est-ce qu’on a fait ?
Ed – De quoi ?... Mais rien ! Vous allez dans une autre perme, c’est tout ! Tirez pas des tronches pareilles !
Madame Sauzéon – Bon… eh bien merci Ed… je vous envoi les deux autres…
Myriam, de SEGPA – Ed… j’ai entendu ce que vous disiez… pourquoi tout le monde croit qu’on est de la racaille ?
Ed – Non mais c’est pas nous qui croyons ça…
Myriam – Ouais, je sais, c’est l’autre là… Anna. Mais pourquoi c’est toujours nous ?
Ed – Pff… je sais pas bien quoi te dire ! C’est sans doute parce que vous avez deux ou trois merdeux bien lourds et que certains adultes font rapidement des amalgames !
Myriam – Ouais mais des merdeux, y’en a aussi dans le collège normal que je sache !
Ed – Je suis bien d’accord ! Mais les gens ont des préjugés et tu peux rien faire contre ça !
Myriam – Mais il faut montrer le contraire sinon ils comprendront jamais que c’est des idées fausses !
Ed - Mouais… y’a du vrai…
Bastien – Y’a pas de place, je retourne avec l’autre !
Ed – Il y a une place à chaque extrémité de la permanence, ça suffira !
Bastien – Ah mais moi je refuse d’être séparé de mon ami !
Anthony – Ah ouais, moi je reste pas !
Ed, à Anthony – Toi tu fais un pas dans le sens opposé et je t’éclate! C’est clair ça ?
Anthony, moqué- Hein ?...
Ed bouscule la chaise qu’il destine à Anthony – Tu te poses et tu arrêtes de jouer au con ! Magnes-toi ! – Anthony s’exécute avec un air péteux.
Bastien – T’as pas le droit de nous parler comme ça ! Je vais voir madame Bretelle…
Ed – Vas-y ! Sort de la salle de permanence et tu vas voir ce qui te tombe dessus !
Bastien – T’as dit quoi, là ?
Ed – Tu t’imagines quoi, petit ? Que tu vas m’impressionner en faisant le mariolle ? Ca marche peut être avec des ventres mous qui te regardent comme un petit prodige mais moi, ça, j’en ai rien à foutre ! Alors tu te poses et tu commences pas à me faire chier, c’est clair ?
Bastien s’assied et sort ses affaires pour travailler…
Anna, qui a assisté à la scène depuis le seuil de la salle – Tiens Ed, le registre pour faire l’appel…
Ed – Merci.