SEVICE PUBLIC

Ed – Ce qui est sûr, c’est que Vandeputte veut ma peau !
Bastien – Heureusement que tu as madame Sauzéon dans la poche !
Ed – Je sais pas… j’en ai tellement marre de ce boulot !
Tony – Ouais mais faut être sûr de trouver quelque chose avant de tout plaquer !
Ed, songeur – Je me demande, des fois.
Myriam, accompagnée de deux filles – Excusez-nous…
Tony – Oui ?
Myriam – Voilà : ce matin on devait faire des gâteaux pour s’entraîner et on sait pas quoi en faire alors si ça vous intéresse, on vous les donne !
Bastien – C’est gentil, ça !
Ed – Chocolat-banane ! Fait péter !
Tony – Mais vous ne les donnez pas à vos profs ?
Myriam – Non, on préfère vous les donner à vous !
Ed – Je suis sûr que c’est parce qu’on est trop sympa ! – Rires de Bastien.
Myriam – Tu rigoles mais oui ! Y’a que vous qui nous traitez pas comme des cassos ! Alors on préfère vous faire plaisir à vous !
Tony – C’est gentil les filles !
Bastien – Les garçons aussi ! – Rires d’Ed.
Tony, pensif – J’ai pas compris…
Myriam – Allez, on retourne en cours parce que notre prof de cuisine va nous attendre !
Ed – Merci les filles ! Revenez quand vous voulez ! – Rires des gamines ; à Tony – J’en reviens pas !
Miranda – Excusez-moi…
Bastien, la bouche pleine – Tu veux quoi Miranda ?
Miranda, le regard fixé sur ses chaussures – Voilà, en fait, je voudrais aller en cours… mais je peux pas vraiment y aller…
Bastien, sous les regards étonnés de ses collègues – Pourquoi tu ne peux pas y aller ?
Miranda – Parce que j’ai plus de trousse…
Bastien – Tu n’as plus de trousse ? Elle est passée où ?
Miranda, hésitante – En fait… y’a des garçons de ma classe qui me l’ont jetée dans les toilettes.
Bastien – Pardon ?
Tony, la bouche pleine – C’est malin ça !
Bastien – Qui te l’a jetée ?
Miranda – Je sais pas mais je les ai entendu le dire en sortant de la cantine…
Bastien – Mais qui disais ça ?
Miranda – Des garçons qui ont vu ceux qui l’ont jetée dans les toilettes.
Ed, une part de gâteau à la main – T’aurais du leur coller un bon coup de pied dans les roupes, tiens !
Miranda, l’air triste – J’ai pas le droit…
Bastien – Et tu sais pourquoi ils t’ont jeté la trousse dans les toilettes ?
Miranda – Je sais pas… c’est parce que je suis nouvelle.
Bastien – Non Miranda, les garçons de ta classe sont peut être pas très malins mais ils n’auraient quand même pas fait ça juste parce que tu es nouvelle dans leur classe !
Miranda – On voit bien que tu les connais mal…
Bastien – Ecoute : je vais t’accompagner en classe et on va régler ça ! Ed, tu peux venir avec moi ?
Ed – Yep ! – Il enfourne une part de gâteau toute entière dans le museau avant de décoller.
Tout le monde monte au troisième étage et arrive devant la porte de la classe. Toc toc.
Val, prof de physique – Oui ? Ah ! Bastien ! J’ai oublié de te mettre le billet d’appel sur la porte, c’est ça ? – Puis elle se tait en voyant suivre Ed et Miranda.
Bastien – Je peux faire une déclaration à la classe deux secondes ?
Val – Bien sûr mais qu’est-ce qui se passe ?
Bastien – Voilà : Miranda est venue nous voir à la vie scolaire parce qu’entre midi et deux, des garçons de sa classe ont jeté sa trousse dans les WC. Elle n’a pas vu qui avait fait ça alors moi, je veux savoir ! – Silence de la classe – Je veux que les fautifs se dénoncent ! – Pas un mot.
Val – Alors là, je suis impressionnée par votre courage ! Embêter une jeune fille parce qu’elle ne fait pas partie des personnes « in », là c’est facile ! Par contre, se dénoncer quand on a fait une bêtise de trop, là y’a plus personne !
Bastien – De toute façon, Val, je les lâcherai pas tant que je ne sais pas qui a fait ça ! – Un long silence.
Ed – Faut coller toute la classe pour vous faire réagir ?
Perrine – Eh ! C’est pas juste ! C’est des mecs qui ont fait ça ! On n’y est pour rien, nous !
Bastien – Pas si vous savez et que vous vous taisez ! Ca ferait de vous des complices je te fais remarquer !
Perrine, tournée vers les deux fauteurs – Bon ! Dites-le que c’est vous, c’est bon, là !
Diego, honteux – C’est nous…
Jean Marie – On a fait ça pour rigoler, c’est tout…
Bastien – Je suis sûr que ses parents vont bien rigoler quand on va leur expliquer qu’ils doivent tout racheter à leur fille parce que deux nigauds lui ont jeté sa trousse dans les toilettes ! – Silence de l’assemblée – En tout cas, je suis pas fier de voir comment vous traitez les nouveaux ! – Les deux « nigauds » se regardent, l’air gêné - Et je vous parle à vous deux mais à tous les autres aussi ! Parce que la moindre des choses, quand on a un peu de solidarité, c’est d’aider ceux qui ont des ennuis et je constate qu’aucun d’entre vous n’est venu nous dire ce qui se passait avec Miranda ! Alors vous deux, là : je vais vous laisser continuer le cours, y’a pas de raison de vous en dispenser, mais je veux vous voir dès la sonnerie à la vie scolaire ! Et je vous déconseille d’oublier !
Val – Merci les garçons… Allez, va t’asseoir Miranda.
Les garçons descendent à la vie scolaire.
Tony – La remplaçante de Johanna arrive lundi.
Bastien – Enfin !
Ed – J’espère qu’elle est mignonne…
Les garçons s’empiffrent de gâteau jusqu’à la sonnerie. Tony s’en va au portail tandis qu’Anna reste au bureau pour faire l’appel. Arrivent les deux coupables.
Bastien – Bon : alors… qu’est-ce que vous avez à nous dire à propos de cette histoire ?
Diego – Meuh…
Bastien – Quoi ?
Diego – Mah… non…
Bastien – Dis : tu peux faire une phrase complète, oui ?
Jean-Marie – En fait, on n’a pas fait que ça !
Bastien – C’est-à-dire ?
Diego, qui semble protester – Meuh… na mai…
Jean-Marie – Non mais c’est bon Diego ! – A Bastien – On l’embête aussi… mais c’est parce que elle nous embête tout le temps !
Bastien – Elle vous embête ?
Jean-Marie – Mais oui ! Elle nous suit tout le temps alors qu’on veut pas d’elle !
Bastien – Je vois ! Vous préférez rester avec les filles qui assurent !
Jean-Marie – Ben ouais ! Miranda, elle trop ringarde !
Bastien – Je n’en reviens pas !
Ed, à Jean-Marie – C’est marrant comme les garçons ont changé, hein ? Moi à votre âge, quand une fille me suivait partout, eh ben j’étais courtois avec elle ! J’allais pas chouiner comme quoi elle m’embête !
Jean-Marie – Mais ouais mais quand on lui dit qu’on veut pas d’elle, elle fait genre qu’elle est copine avec nos amies question de squatter ! Mais on n’en veut pas, nous !
Bastien, hors de lui – Mais vous avez quoi dans la tête ? Vous ne pouvez pas comprendre qu’elle et nouvelle et qu’elle a besoin de se faire des amis ? Vous êtes en troisième les gars ! Il serait temps de grandir un peu !
Jean-Marie, avec un air de péteux – Peut être mais t’as pas le droit de nous forcer à être ses amis !
Bastien, dégouté – Le droit ? – Silence des deux zozos – Le droit ? – Silence – D’accord : j’ai pas le droit de vous forcer à vous montrer humains ! C’est vrai ! Par contre, j’ai ce droit : si jamais j’apprends que vous l’avez embêtée une fois de plus, je vous enferme chez madame Sauzéon après lui avoir raconté votre façon de vous comporter avec les filles ! Vous savez ce que ça veut dire, ça, non ?
Jean-Marie, penaud – Qu’on va se faire engueuler ?
Ed – Déchirer le cucul tu veux dire !