SEVICE PUBLIC

44. Mémento.




44. Mémento.


MERCREDI 04 FEVRIER.


Anna – Mais pourquoi vous n’avez pas demandé à Gina de venir aujourd’hui ?
Madame Sauzéon – Parce qu’elle ne travaille pas le mercredi et que sa nounou est malade ! Je ne vais quand même pas la forcer à trouver quelqu’un pour lui garder les petites au dernier moment alors que pour une matinée on peut s’en sortir ! Mince !
Anna – D’accord mais je vous signale qu’on est que quatre à assurer le service ce matin puisque Aurore n’est toujours pas revenue de son arrêt maladie !
Madame Sauzéon – Vous êtes trois : Ed est convoqué chez monsieur Vandeputte ce matin.
Anna – Moi, je vous préviens : je reste au bureau faire l’appel ! Il est hors de question que je fasse une perme !
Madame Sauzéon, énervée – Eh bien, j’irai la faire moi ! Restez-y à votre bureau !
Myriam, une SEGPA – Tony, tu peux venir une seconde ?
Tony, heureux de quitter le champ de bataille – Quoi ?
Myriam – Tu vois qui c’est Noémie ?
Tony, d’un coup moins heureux – Oui, plutôt !
Myriam – Eh ben elle est enfermée dans les toilettes des filles et elle dit qu’elle va se suicider !
Tony – Oh merde ! C’est pas vrai, ça ! – Tony se rend dans les toilettes des filles.
Une élève de troisième – Eh ! T’as pas le droit de rentrer ici !
Tony – Ouais… eh bien tu m’excuseras ! J’ai autre chose à faire que de m’occuper de convenances, d’accord ?
Myriam – C’est cette porte.
Tony – Noémie ? Noémie ?... – Pas de réponse – Noémie ? Tu me réponds je te prie ? – Toujours rien – Noémie ?
Myriam – Peut être qu’elle a déjà fait une bêtise ?
Tony – Non, je l’entends gesticuler… - Plus fort – Noémie ! Ouvre-moi la porte s’il-te-plaît ! – Silence radio – Bon ! Soit tu m’ouvres la porte soit je vais chercher un agent d’entretien pour qu’il me l’ouvre avec son passe ! A toi de voir !
Noémie, avec une voix rauque – Putain mais j’en ai marre ! – La porte s’ouvre, elle chouine – Ouin ouin !
Tony – Non mais ça va pas de gueuler comme ça ?
Noémie – Mais putain, on peut jamais me foutre la paix !
Tony – Viens pas me la jouer ! Tu as dit à Myriam que tu allais te suicider ! Tu crois quoi ? Qu’on va te laisser bien gentiment dans les chiottes faire n’importe quoi ?
Noémie s’effondre sur la cuvette – Ah… je tombe dans les pommes !
Tony – Oh merde !... – Tony essaie de la réveiller – Bon, j’ai compris : tu peux m’aider à la mener à la vie scolaire, Myriam ? – Tony et Myriam portent Noémie sous les quolibets d’une partie des élèves.
Anna – Qu’est-ce qu’elle a encore ?
Tony – Je sais pas, elle a fait une sorte de malaise dans les toilettes…
Anna – Mais t’en as pas marre de t’occuper d’elle ?
Tony – Je le fais pas de gaité de cœur ! Mais il faut bien que quelqu’un la surveille !
Anna – Mais c’est du chiquet !
Tony – Peut être mais imagine qu’à vouloir faire du chiquet, elle rate son coup un de ces quatre et qu’elle fasse réellement une connerie ? – Silence d’Anna – Tu sais où est madame Sauzéon ?
Anna, perplexe – Elle est avec Ed chez Vandeputte…
Tony – Ok ! Tu peux m’appeler l’infirmière ? – A Noémie – Bon, tu m’expliques ?
Noémie, dans un état proche de la catatonie – Je… je… je peux… pas… par…parler…
Tony, exaspéré – Génial ! – Tony se contient - C’est quoi le problème ? Tu ne veux pas parler devant tout le monde ?
Noémie – O…oui… c…est…ça…
Tony – Euh… comment faire ? Tu veux un stylo pour m’écrire ce qui t’arrive en toute discrétion ?
Noémie – Ou…oui…
Tony – Bon, ben parle normalement pour me répondre, tu vois bien que ça sert à rien !
Noémie – Excuse ! – Et elle écrit. Arrive l’infirmière.
Tony – Bonjour ! Je vous ai fait appeler parce qu’elle est tombé dans les toilettes alors bon : je crois qu’il y a un peu de comédie mais j’aurais voulu que vous y jetiez un œil au cas où…
L’infirmière – Mais vous voulez que je fasse quoi au juste ?
Tony, l’air hébété – Je sais pas moi… que vous vérifiez qu’elle va bien par exemple !
L’infirmière – Ah mais je peux pas voir ça comme ça, moi ! Je suis pas médecin…
Tony – Alors on fait quoi pour s’assurer qu’elle va bien ?
L’infirmière – Non mais elle va bien là… enfin : elle à l’air…
Tony, dépité – Ok… bon, ben désolé pour le dérangement !
L’infirmière – Oh ! C’est pas grave : de toute façon je rentre chez moi, j’ai fini ma journée ! -
En sortant – Allez, bon courage ! Et si vous voyez qu’elle fait vraiment un malaise, n’hésitez pas à appeler les secours surtout !
Tony, à Anna – Je rêve là !
Noémie – Tiens… - Et elle s’avachie comme si elle s’évanouissait les yeux ouverts.
Tony – Alors ! – Il lit la missive – Je comprends rien !
Noémie, un air de merlan frit - …
Tony – Donc… j’y comprends rien : Olaf t’a menacé de te violer ? – Soudain pris d’effroi – Mais comment je parle, moi ?!
Noémie, sous le regard interloqué d’Anna – Mais non ! T’as rien compris !
Tony – C’est ce que j’ai dit ! Eclaire un peu ma chandelle parce que là…
Noémie, l’air plein de mystères – En fait, je parlais avec Olaf de hum hum… tu vois ?
Tony – Hum hum ? Non, je vois pas, non !
Noémie – Mais si, ce que je t’ai écrit !
Tony, un œil sur la feuille – Ce que tu m’as écrit !... – Avec exaspération – Ah oui ! Ce que tu m’as écrit, oui ! Bon et alors ?
Noémie – Bon, alors on parlait de règles et de tampons…
Tony – Mais !... Tu viens de me l’écrire pour ne pas le dire à voix haute et voilà que tu le dis… - Pour lui-même – Mais qu’est-ce que je raconte moi ?
Noémie – Pas grave ! Donc on parlait de règles et de tampons quand il m’a rappelé qu’il m’avait violé l’année dernière !...
Tony : sidéré – Olaf ? Olaf t’as violé l’an dernier ?
Noémie, l’air de circonstance – Oui…
Tony – Et tu n’en as jamais parlé à personne ?
Noémie – Non parce que j’avais oublié.
Tony – Tu as oublié que tu as été violée ?!
Noémie – Ben ouais... en un sens… - Elle se tient la tête – C’est à cause du traumatisme… j’ai tout oublié et quand il me la redit, je m’en suis ressouvenu.
Tony – Tu te rends compte de ce que tu me dis, Noémie ?
Noémie, ombrageuse – Mais quoi ? Ca vous fait rire, vous, qu’une ado a été violée ?
Tony – C’est pas ça …
Noémie – C’est pas ma faute si j’ai oublié ce qui m’est arrivé dans les chiottes des garçons l’an dernier ! – Silence perplexe de Tony – J’en ai marre moi aussi qu’on me prenne jamais au sérieux !
Tony – Bien ! Je vais mener mon enquête.
Noémie – C’est-à-dire ?
Tony – Eh ben je vais en parler à madame Sauzéon pour voir ce qu’elle en pense et on va convoquer Olaf… J’espère que tu ne l’accuses pas pour rien !
Noémie, avec une drôle de tête – Tony… j’ai un problème…
Tony – Quoi ?
Noémie – En fait, je viens de me souvenir que c’est mon inconscient qui a cru que j’étais violée mais je crois que c’était pas vraiment vrai…
Tony – Je vois… tu m’as raconté des salades encore ?
Noémie – Non ! C’est pas ça ! Mais mon inconscient m’a fait croire que j’avais eu ce viol… mais avec mes mots à moi !
Tony, la tête dans les mains, en marmonnant – On perd pas de temps, là !



06/01/2012
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