SEVICE PUBLIC

7h50 : il fait encore nuit et Tony fume sa cloppe avec Anna devant la vie scolaire. Une petite brune débarque.
La petite Brune – Bonjour ! Anne Marie.
Anna – Anna !
Tony – Bonjour. Moi, c’est Tony.
Anne Marie – Tony ! Comme dans « Shining » !
Tony – Ah ! Je vois qu’on a les mêmes références !
Anne Marie – La CPE est arrivée ?
Tony – Non… pas encore. D’ailleurs on a deux CPE normalement mais là, il y en a un qui est en arrêt travail !
Madame Sauzéon, chargée comme pas possible – Jusqu’à lundi prochain ! – Les pions la regardent arriver – Il m’a appelé hier soir pour me dire qu’il était prolongé. – Elle fait la bise à tout le monde – Bon, Anne Marie : vous venez avec moi dans mon bureau, je vais vous montrer votre emploi du temps.
Anna, une fois sa nouvelle collègue rentrée – « Comme dans ‘Shining’ » ! Non mais bonjour les références !
Tony – Bah… elle a dit ça comme ça, pour causer…
Anna – Ben des fois, il vaut mieux se taire plutôt que de dire des conneries, crois-moi !
Madame Sauzéon, depuis son bureau – Tony !
Tony – Oui ?
Madame Sauzéon – Je vois que vous n’avez pas de permanence ce matin : c’est vous qui vous occupez d’aller chercher l’appel ?
Tony – C’est ça.
Madame Sauzéon – Alors je vous confie Anne Marie : vous lui montrez tout ce qu’il y a à lui monter. Je compte sur vous ?
Tony – Ok…
Madame Sauzéon – Et qui est de portail ce matin ?
Anna – C’est Ed mais il est en retard une fois de plus !
Madame Sauzéon – Pour pas changer ! – Un moment de flottement – Alors : qui va au portail ?
Anna – C’est pas à moi d’y aller de toute façon.
Madame Sauzéon – Ecoutez : Tony y va plus que sa part, alors vous pourriez faire un effort !
Anna – Mais c’est pas à moi d’y aller ! Vous n’avez qu’à résoudre les problèmes avec les concernés au lieu de vous délester sur les autres !
Madame Sauzéon – C’est bon, j’ai compris : je me démerde toute seule !
Tony – J’y vais si vous voulez…
Madame Sauzéon – Non ! J’en ai marre que ce soit toujours vous qui rattrapiez les âneries des autres ! – Elle sort.
Anne Marie – C’est toujours tendu comme ça ?
Tony – Disons que ça arrive…
Anna, amère – Le problème, ici, c’est qu’il y en a certains qui viennent juste pour toucher leur paie, c’est tout !
Tony – On peut quand même pas dire ça…
Olaf, le premier entré dans le collège – Je veux une déro !
Tony – Pardon ?
Olaf – Je veux une déro ?
Tony – Pardon ?
Olaf – T’es sourd ou quoi ?
Tony – Alors tu vas me faire le plaisir de me parler correctement et de nous demander les choses poliment, d’accord ? On n’est pas à ton service je te rappelle !
Olaf – C’est bon, j’ai rien fait !
Tony – Tant que tu ne nous demanderas pas les choses correctement…
Olaf – C’est bon, c’est bon ! Vous pouvez signer ma déro s’il-vous-plaît ?
Tony – Voilà ! – Il regarde la dérogation de sortie – Ca te fait quitter les cours à 10h30… tu vas manquer le reste de la journée ?
Olaf – Ben ouais… c’est ma mère qui vient me chercher.
Tony – Alors : c’est pas que ça m’intéresse mais je suis tenu de te demander pourquoi tu pars dans la mesure où tu va manquer le reste de tes cours.
Olaf – Je suis convoqué au tribunal des enfants.
Tony – Pourquoi ?
Olaf – Mais parce que j’ai soi-disant brûlé des extincteurs devant une école primaire !
Tony – Soi-disant ?
Olaf – Mais ouais ! Il comprend rien ce juge ! D’abord ça fait longtemps et en plus c’est pas moi, j’ai rien fait !
Tony – Tu n’as rien fait ?
Olaf – Mais non ! J’y suis pour rien, moi, j’étais juste complice !
Bastien – Salut tout le monde… - A Anne Marie – Ah salut, c’est toi la nouvelle ? – A Tony – Monsieur Vandeputte me fait vous dire que Jérôme est exclu du collège au moins pour la journée !
Tony – Déjà ?! Mais qu’est-ce qu’il a fait ? – Olaf sort de la vie scolaire avec sa dérogation.
Bastien – J’arrivais du parking quand je l’ai vu se battre avec son pote dans la cour. Il se trouve qu’au moment où j’ai essayé de les séparer, Jérôme m’a insulté et monsieur Vandeputte l’a entendu.
Tony – Il est insupportable celui-là !
Bastien – Qui ça ? Jérôme ou Vandeputte ? – Rires de Tony – Si t’avais vu ça ! Sur le coup, il courrait tellement que j’ai cru qu’il s’amusait. Il avait des poses impossibles sur le plan anatomique ! Il courrait comme un pantin démantibulé… bref ! Mais le pire c’est ses yeux ! Tu te souviens des mangas comiques ? Quand les personnages pleuraient, ils avaient des larmes qui leur jaillissaient à l’horizontale hyper loin…et bien là, c’était pareil !
Tony, hilare – Non mais ils m’épuisent, moi !
Olaf revient – Eh ! Je me suis fait engueuler par l’autre au portail !
Tony – Tu faisais quoi au portail ?
Olaf – Ben tu m’as signé ma dérogation ! Je voulais sortir !
Tony – Mais elle est pour 10h30 ta dérogation, pas pour maintenant !
Olaf – Ah ! J’avais pas compris, moi !
Bastien, un recul phénoménal – C’est pas vrai !...
Tony, étonné – Bon, va te ranger Olaf, ça va bientôt sonner.
Olaf, en sortant du bureau – Pauv’ type !
Tony, à Bastien – T’as entendu ce qu’il a dit ou c’est moi qui hallucine ?
Bastien – T’as pas senti sa bouche ?
Tony – Non… c’est pour ça que tu as reculé aussi loin ?
Bastien – Mais c’est pas possible que tu n’aie rien senti ! On dirait qu’il s’est lavé les dents avec du camembert !
Anne Marie – C’est vrai qu’il n’avait pas l’air très frais…
Bastien – Pas frais ?
Madame Sauzéon – Tony : vous me gardez Dahlia à la vie scolaire jusqu’à ce que je revienne du portail s’il-vous-plaît ?
Tony – Qu’est-ce qu’il s’est passé ?
Madame Sauzéon – Elle vient d’agresser Vincent Lanusse. Et comme elle a rameuté tous ses collègues, je vous dis pas ! On attend la gendarmerie, là !
Tony – Vous attendez les gendarmes ?
Madame Sauzéon – Ah oui ! Il y avait Johnny, Alexandre et toute la clique. Comme un élève du collège a été agressé par des personnes extérieures à l’établissement, on ne peut pas faire autrement !
Dahlia – J’m’en fous moi !
Madame Sauzéon – Oh mais je sais que tu t’en fous ! Seulement cette fois, ça va se finir à la gendarmerie parce que moi, j’en ai marre de voir ce que tu fais des chances que l’on te donne !
Dahlia, paniquée – Les gendarmes ? J’va me faire défoncer par mes parents, moi !
Madame Sauzéon – Alors écoute-moi Dahlia : j’en ai rien à foutre de ce qui t’arrive ! J’en ai plus que marre que les efforts soient à sens unique !
Dahlia – « Sens unique » ? C’est quoi ça ?
Madame Sauzéon – Ed n’est toujours pas arrivé ?
Anna – Oh mais il aurait tort de s’en priver puisque personne ne lui dit rien !
Tony, à Anne Marie – Bon, je crois que tu viens d’avoir un aperçu assez fidèle de ce qui t’attend ici !