SEVICE PUBLIC

48. ET S’EN ALLER...





Madame Sauzéon, visiblement bien lunée – Bon, allez fumer votre cloppe et après rejoignez-nous au réfectoire pour le discours de monsieur Lagardère…

Ed – Je vous rejoindrez bien juste pour l’apéro mais bon…

Madame Sauzéon – Non Ed, ne déconnez pas aujourd’hui !...

Ed – Non… je plaisante !... Bon, Tony, on va la fumer, cette cloppe ?

Tony – Ok… - En allant sur le parking – Bien… j’espère que le discours de l’autre tyran ne va pas durer deux heures !

Ed – Qu’est-ce qu’il peut bien avoir à dire après tout ?

Tony – T’as du feu ?

Ed – Tiens !

Tony – Merci. Purée, ça fait bizarre de ne pas voir d’élèves !

Ed – Oh putain ! Ca fait du bien, tu veux dire !

Tony – Quand je pense à la façon qu’a eu de me parler Vincent Lanusse, hier, en sortant ! Je n’en reviens pas !

Ed – Te casse pas, va ! C’est un petit con, c’est tout !

Tony, l’air songeur – Tu as peut être raison !...

Anna – Vous venez ? Ca va commencer !

Ed – Je vais faire caca !

Tony, amusé – Allez, on y va…

Monsieur Dufour – Bon, vous êtes prêts à écouter un discours qui n’intéresse personne, ici ?

Ed – Bah… je penserai à ce que je vais faire pendant mes vacances !

Le maire, micro à la main – Bonjour… alors, je vois que l’équipe est au grand complet…

Ed, à Tony – Je ne savais pas que le maire devait se radiner !

Monsieur Bellevue, professeur – Chuut !

Le maire – Alors, aujourd’hui je suis ici pour faire l’éloge de Michel Lagardère, un ami de longue date ! – Se tournant vers ledit ami -  N’est-ce pas ?

Monsieur Lagardère – Oui, on peut le dire ! Ca fait quoi ? Quarante ans, qu’on se connaît ?

Le maire – A peu près… alors bien sûr, ça me fait tout drôle de faire l’éloge d’un ami qui se retire de la vie active ! Car c’est bien le sens de la retraite que de se retirer du tumulte quotidien. – Un long silence - Je veux d’abord saluer le héraut de la république qui a commencé sa carrière toute dévouée à autrui dans l’armée. Puis tu as rencontré Germaine, qui est devenue ta femme… et qui t’as donné trois beaux enfants ! Gérard, qui est aujourd’hui militaire de carrière, colonel dans l’armée de l’air, pour être précis, et qui attend une promotion, comme on dit dans le civil ! Eve, ta fille, qui est médecin et qui travaille à La Pitié Salpêtrière… un fameux médecin si je me fie à tout ce que l’on a pu me dire ! Et puis Quentin, ton petit dernier, qui est encore à Polytechnique ! Des enfants brillants, comme toi, toi qui après avoir servi le pays au péril de ta vie, a décidé de mettre ta vocation au service de l’état et de la jeunesse !

Ed, toujours à Tony – Il n’a pas fini de le sucer comme ça ?

Monsieur Bellevue – Chuuut ! Y’en a qui écoutent !

Ed, décidé – Où ça ?

Tony – Arrête, tu vas te faire enguirlander !

Le maire – C’est donc avec une joie non dissimulée que je vais te donner le cadeau auquel tous, ici, ont voulu participer…

Ed, à Tony – Tu as donné du flouse, toi ?

Monsieur Bellevue – Mais vous n’avez pas fini, non ?

Ed – C’est pas à vous que je parle !

Olga – Oh ! Tu peux pas te taire ?

Ed, qui louche pour narguer sa « collègue » - Comprends pas, moi !

Olga – Va t’faire voir !

Tony, à Ed – Pour en revenir à nos moutons : non. Je ne vois pas pourquoi j’aurai participé à son cadeau alors qu’il m’a pourri dès le premier jour !

Ed, étonné – Ah oui ?

Le maire - …une chaîne hi-fi haute fidélité ainsi qu’un système home vidéo…

Ed – Pourquoi c’est toujours à ceux qui en ont le moins besoin que l’on fait les plus beaux cadeaux ?

Madame Bretelle – Non mais c’est bon maintenant ! On n’entend que vous depuis tout à l’heure !

Ed, surpris – Désolé !

Le maire - …et c’est pourquoi je te propose d’aller prendre le verre de l’amitié !

Monsieur Lagardère, ému – Et bien écoute, je te suis !

Ed, à Tony – Putain, si je n’avais pas été obligé de revenir à la rentrée, je te jure que je l’aurais défoncée, la Bretelle !

Tony, pour une fois un peu grivois – Au propre ou au figuré ?

Ed, dégouté – Berk ! T’es fou ou quoi ? Même avec un sac sur la tête, je crois que je ne pourrais pas la lui mettre !

Une femme de cantine – Un peu de punch ?

Ed, toujours amer – Ouais… beaucoup même !

Tony, servi par la femme de service – Merci, Charlène !

Maria, déboulant vers les garçons – Vous restez pour l’apéro, vous ?

Ed – Attend ! On s’est pas  tapé le laïus de l’autre simplet pendant trois quart d’heures pour rien !

Maria – Eh bien vous n’avez qu’à picoler si ça vous amuse ! Moi, je me casse ! Je vous encule tous !

Tony, choqué – Pourquoi tu nous parles comme ça, Maria ?

Ed – Laisse-la se barrer ! Elle nous a cassé les couilles pendant des mois alors qu’elle aille se faire mettre ailleurs !

Tony – Chuut ! T’es fou de parler aussi fort ?

Ed, peut être attaqué par l’alcool – Et alors ? Celui qui n’est pas content, je lui crache au cul ! Y’a pas un autre verre de punch ?

Charlène, visiblement ravie d’avoir à faire à un indompté – Tiens, chenapan !

Ed – J’aime bien quand tu me parles comme ça, Charlène !

Monsieur Vandeputte, à madame Bretelle, parlant trop fort pour que la chose ne soit pas entendue - …je peux te dire que dès la rentrée, il va y avoir du recadrage !

Madame Bretelle, dans un rire orgasmique – Je vois ce que tu veux dire…

Ed, à Tony – Regarde moi ces deux cons ! Ils vont finir par faire des petits, si ca continue !

Tony, paniqué – Parle moins fort, Ed !

Charlène – Un verre, les garçons ?

Tony – Allez, un petit pour la route !

Ed – Tu pars ?

Tony – Oui ! Mon bus ne va pas tarder !

Ed – Ok… je t’appelle…

Tony – Ok ! Allez, tchao !

Ed – Tchou !

Tony – Anna… je viens te dire au revoir ! J’y vais !

Anna – Bon… je t’appelle pour te dire quand on fait un repas avec toute l’équipe ?

Tony – D’accord !

Anna – On arrête la semaine administrative vendredi prochain… je pense qu’on fera le repas mercredi ou jeudi… si tout va bien !

Johanna, bise d’adieu à la clé – Allez, salut… et bon courage pour ton job d’été !

Tony – Merci…

Monsieur Dufour – Vous partez ?

Madame Sauzéon, surprise – Il ne reste pas pour le repas ?

Tony – Euh… non… j’avais prévu autre chose !

Monsieur Dufour, lui serrant la main – Bon, ok ! Et bien bonne vacances et à la rentrée !

Tony – Merci… à la rentrée !

Madame Sauzéon – Allez, je vous fais la bise… Bonnes vacances et on vous appelle début septembre pour voir si vous êtes disponible.

Tony – D’accord… merci!

Mario – Eh ben, Tony ! Tu te barres sans dire au revoir?

Tony – Je te cherchais, justement !

Mario – Mouais… heureusement que Dufour est venu me dire que tu partais !

Tony – Allez, bonne chance si on ne se revoit pas !

Mario – Bonne chance, Tony !

Tony – Tu ne reviens pas en septembre ?

Mario – Non… je crois que je dois passer à autre chose maintenant !

Tony – Tu as raison… moi je ne rempile pas si je trouve un job valable pendant les vacances !

Mario – Bon… et bien j’espère que ça marchera pour toi !

Tony – Merci ! Tu as vu Cédric ?

Mario – Ne le cherche pas, il s’est barré avec Maria !

Tony – Ok… lui non plus ne revient pas ?

Mario – Non… il part vivre en Italie, je crois… quant à Maria, bon courage pour la rentrée si tu es là !

Tony – D’accord, je crois que j’ai compris ! Allez, tchao !

Mario – Salut !

Tony traversa la foule en esquivant les personnes qu’il ne désirait pas voir. Et il y en avait quelques unes !Dans le réfectoire, il tomba sur Olga…

Tony, gêné – Tu fais quoi, Olga ?

Olga, hostile – Pourquoi ?

Tony – Non, je m’en vais et…

Olga, toujours hostile - …et quoi ?

Tony – Ben… je voulais te dire au revoir !

Olga, sèche – Au revoir !

Tony – Euh… tu reviens en septembre ?

Olga – Surtout pas ! Moi je ne veux revoir personne, ici !

Tony – Ok… et bien bonnes vacances !

Olga – C’est ça !

Tony, pour lui-même, traversant le dernier couloir qui le séparait de la liberté – Je ne la comprendrais jamais… enfin, bref : je ne la reverrai pas !

Olivia Troque, à l’arrêt de bus – Salut Tony !

Tony – Salut Olivia, comment ça va ?

Olivia – Ca va… et toi ?

Tony – Ben ça va… tu fais quoi, là ?

Olivia – Rien… et toi ?

Tony – J’attends mon bus…

Olivia – Ah ! Moi aussi !… et tu vas où ?

Tony – Chez moi… et toi, tu vas où ?

Olivia – Je vais au supermarché !

Tony – D’accord…

Olivia – Et après, tu fais quoi ?

Tony – Euh… je ne sais pas, je vais voir !...

Olivia – Ouais, moi aussi.

Une voix, étouffée par la lointaineté – Bâtard !

Tony, perplexe – C’est qui ?

Olivia, apeurée – C’est le garçon qui a été viré !...

Tony, dans sa barbe – Pas à la dernière minute !

Alexandre, encore assez loin – Bâtard ! Attend-moi ! J’arrive…

Olivia – Fais attention Tony ! Ne l’écoute pas parce qu’il va tout faire pour se battre avec toi !

Alexandre – Ta mère la salope !...

Tony – Tu le connais ?

Olivia – Oui, c’est mon voisin !

Alexandre, en approche – Pars pas sans moi Ben !

Olivia, angoissée – Oh non… il arrive !

Tony – N’aie pas peur Olivia ! Je vais régler le problème puisque je ne peux pas faire autrement !

Olivia – Mais il va te taper !

Tony, résigné – Alors je me défendrai comme il se doit !

Alexandre, passablement éméché – Alors Ben ! Tu attends ton bus ?

Tony, calme – Oui… et toi, tu fais quoi ?

Alexandre – J’étais avec des potes… on fumait du shit en buvant du whisky… mais un bâtard comme toi a appelé les keufs !

Tony, la boule au ventre – Alexandre, quand t’ai-je manqué de respect la dernière fois ?

Alexandre, le rire pathologique – Jamais !

Tony – Jamais ! Justement ! Alors la moindre des choses serait que tu en fasses de même, tu ne crois pas ?

Alexandre – Pourquoi t’as pas de couilles ?

Tony – Pardon ?

Alexandre – Ben ouais, je te traites de bâtard, je dis que ta mère est une salope et tu ne dis rien ! T’as pas de couilles ?

Tony, la colère de moins en moins contenue – T’as toujours pas compris ? Quoi que tu dises, je ne vis pas ici ! Je ne suis pas de ton petit monde étriqué ! Toi, ta mère vit avec un gars qui a fait de la taule, ton frère en a fait et toi tu en feras !

Alexandre, comme choqué – Quoi ?

Tony – Exactement ! Moi, même si je fais un travail de merde dans lequel je dois me taper des petits cons dans ton genre, je finirai par me barrer d’ici alors que toi, tôt ou tard, tu finiras la gueule dans le caniveau !

Alexandre, torse nu – Viens te battre ! Allez, viens ! Je vais te faire danser, moi ! Tu vas voir, enculé !

Tony – Tu crois quoi ? Je ne vais pas me battre avec un avorton pour finir au poste ! Mais un jour ou l’autre, tu tomberas sur quelqu’un qui n’a pas les mêmes scrupules que moi !

Alexandre – Allez, viens, je vais te niquer sale bâtard !

Olivia, au bord du soulagement – Tony, le bus arrive !

Alexandre, bousculant Tony – Allez, enculé ! Viens que je te nique !

Tony, excédé – Ne t’avise pas de me toucher encore une fois, Alexandre !

Alexandre, moqué – Et qu’est-ce que tu vas faire ? T’as pas de couilles de toute façon !

Tony, attiré par les crissements de pneu d’une Clio blanche - …

Alexandre, excité par le dérapage de la voiture de ses potes – Hé les gars, il est là !

Olivia – Tony ! Monte dans le bus avec moi !

Tony, hésitant entre la fuite et la confrontation – Ne t’inquiète pas pour moi Olivia…

Le chauffeur – Montez monsieur, ça ne sert à rien de rester davantage ici !

Alexandre, déchainé – Allez, vite ! On va niquer le pion !

Tony, montant dans le bus – Et puis merde ! Qu’ils aillent au diable !

Le chauffeur – Vous avez raison !

Alexandre, frappant à coups de poing contre les vitres du bus qui venait de fermer ses portes – J’te tuerai enculé ! Je vais appeler mes frères et on te retrouvera !

Le chauffeur de bus, à Tony – Ca va ? Vous voulez que j’appelle la police de la route ?

Tony, sous le choc – Non… je vais m’arrêter en centre ville pour porter plainte !

Le chauffeur – Comme vous voulez… Moi c’est Arthur !

Tony, la main tendue – Tony !

Arthur – La petite, là, ça va ?

Tony, voyant Olivia un peu choquée – Ouais, ça va aller… je crois qu’elle a eu peur…

Olivia – Ca va…

Arthur – Tu le connais ce petit con ? Pardon : vous le connaissez ?

Tony – Oh ! On peut se tutoyer… - Après un laps de temps - Je travaille au collège…

Arthur, comme illuminé – Ah, d’accord ! Et celui-ci, c’est un élève de ton collège ?

Tony – Jusqu’à ce qu’il se fasse virer ! Il est dans la haine… je crois que malgré la meilleure des volontés, on ne peut plus rien pour lui !

Arthur – Y’en a comme ça… le plus embêtant c’est qu’ils causent du souci à des gens qui viennent faire leur travail !

Tony – Tout à fait !

Arthur – Et il n’y a pas de centre fermé pour ce genre d’individus ?

Tony – Non !... Tu vois, au début où je suis entré au collège, je pensais que l’on pouvait toujours faire quelque chose pour les gens parce que je croyais que ceux qui agissaient mal étaient des individus en souffrance, tout bêtement !

Arthur – Ouais… c’est le genre de thèse que l’on entend chez les intellos mais je ne suis pas sûr qu’elles reflètent la réalité !

Tony, à regret – C’est le moins que l’on puisse dire !

Arthur - …

Tony – Et tu vois, le pire c’est que le personnel scolaire est capable d’enfoncer un gamin parce qu’il aura fait une bêtise alors que lui faire peur suffirait… et il y en a qui sont pourri à un stade trop avancé pour que l’on puisse faire quoi que ce soit pour eux et ceux-ci, on attend des plombes pour trouver une solution au problème !

Arthur – Je suppose qu’ils ne veulent pas les déscolariser pour ne pas leur ôter toute chance de s’en sortir…

Tony – La vérité, c’est que scolarisé ou non, ils finiront mal parce qu’on ne peut rien faire pour eux ! Dieu seul sait que je n’aime pas tenir ce genre de propos mais j’en viens à croire que certains individus sont fichus quoi qu’on fasse ! Mais ça, personne ne veut l’entendre… il y en a qui préfèrent enterrer des gentils gamins sous prétexte qu’ayant tout ils n’ont aucune excuse pour avoir transgressé une règle…

Arthur – Ouais… il faut être une raclure pour pouvoir être excusé quand on a fait une connerie, quoi !

Tony – On ne peut pas dire « raclure » parce que ça reste des enfants ! Mais j’ai perdu tout espoir de sauver les délinquants. Peut être que je ne suis tout bonnement pas fait pour ce travail !

Arthur – Non… dis pas ça !

Tony – Si ! Plus j’y pense et plus je m’aperçois que je ne suis pas habilité à travailler comme assistant d’éducation ! Ce ne sont pas les élèves difficiles, le problème, je crois que c’est moi !

Arthur – Je préfère ma place à la tienne, tiens !

Tony, l’air absent - …

Arthur – On arrive au poste de police… je t’y arrête ?

Tony – Pff… non, laisse tomber ! Je vais rentrer chez moi !

Arthur – Tu vas pas le regretter ?

Tony – Je n’ai pas envie de me replonger là-dedans ! Tant pis pour lui s’il ne comprend rien !

Arthur – Ok ! Tu vas jusqu’où ?

Tony – Terminus.

Olivia – Moi je descends ici. Je te fais la bise, Tony.

Tony – Allez, bonnes vacances et j’espère que tu nous donneras de tes nouvelles l’an prochain.

Olivia – D’accord ! Au revoir !

Arthur – Elle a l’air gentil cette gosse !

Tony – Oh oui ! C’est le genre d’élève que tu ne vois pas de l’année si tu ne fais pas attention !

Arthur – Heureusement qu’il y en a quelques uns !

Tony – A vrai dire, c’est la majorité !

Arthur – Tiens, on arrive. – La main tendue -  Bon, je te souhaite de bonnes vacances et puis qui sait : on se verra peut être sur la ligne !

Tony – Oh oui ! C’est sur ! – Une poignée de main - Merci ! Et bon courage !

Arthur – A la prochaine.

Tony sortit du bus avec un goût amer.  Il était enfin en vacances, loin de ce collège qui lui avait causé tant d’angoisses et qui l’avait poussé à arrêter sa thèse de doctorat.

D’un autre côté, le souvenir des bons moments, l’obnubilait. Les blagues potaches d’Ed, les attentions d’Anna… Il avait eu un peu de mal à se faire aux lubies de madame Sauzéon mais une fois « apprivoisée », elle avait dévoilé bien des qualités. Monsieur Dufour et sa manie de faire rire l’air de rien. Et puis la complicité avec certains élèves. Tony éprouvait des sentiments confus. Il ne savait plus vraiment quoi penser.

 



08/05/2010
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