47. LES CLASH.
A peine entré, Vincent alla se jeter sur un Tony encore mal réveillé.
Vincent – Alors ? C’est réglé ?
Tony – Je n’ai pas pu voir les CPE… ils sont très occupés mais je vais tenter de régler ça aujourd’hui !
Vincent, paniqué – Mais si je me fais taper ?
Tony – Ecoute : pour être franc avec toi, je ne suis même pas sûr de voir les CPE, aujourd’hui ! Donc, pour éviter tout problème, tu restes à la vie scolaire ou bien je t’accompagne pour aller en cours…
Vincent – Oh oui ! Je peux enfin rester avec toi à la vie scolaire ! De toute façon, on fout rien en cours !
Tony – Non mais vous faites des jeux ou des gouters… donc si tu veux y aller, je t’y accompagne pour éviter tout problème. Ca te va ?
Vincent – Merci ! T’es vraiment un ami ! Toi, t’es pas comme tous ces connards dans la cour !
Tony, blasé – Non… moi, je suis un surveillant alors que les « connards », comme tu les appelles, sont des élèves !
Vincent – Ouais, ça doit être pour ça… mais tu vois, parmi tous les pions, t’es mon préféré !
Tony – C’est gentil…
Vincent – Gavé! Et en plus, tu vois: j’aimerais bien que tu sois mon père…
Tony – Euh… c’est gentil mais… enfin : je suis trop jeune pour avoir un fils de ton âge !
Vincent – Oh non ! Dis pas ça, ça va nous porter malheur !
Tony, inquiet – De quoi tu parles ?
Ed, interrompant la conversation – Vincent ! Tu peux nous laisser Tony et moi, un moment ?
Vincent, l’air complice – Ah ouais… je vois ! Vous allez régler mon problème !
Ed – C’est ça !
Vincent – Ok, je vous laisse !
Tony, plein de gratitude – Merci ! Je n’en peux plus de Vincent !
Ed – Tu devrais l’envoyer chier un bon coup !
Tony – Mouais… j’aimerais surtout régler son problème avec les SEGPA… - Après une profonde inspiration - Bon : dernier jour ?
Ed – Oh putain, ça fait du bien !
Tony, heureux – Demain, ça devrait être une journée tranquille… et puis c’est les vacances !
Ed – Tu ne fais pas les semaines administratives, toi ?
Tony – Non, je ne les fait pas parce que je suis entré ici en cours d’année… il va falloir que je cherche du travail pour l’été !
Ed – Moi aussi ! Putain, c’est naze ! On bosse toute l’année et on est obligé de trouver du taf pour l’été !
Tony – Exactement !
Sofia – Tony… c’est qui qui fait la perme ?
Tony, excédé – Vous me gaverez jusqu’à la fin, bon sang !
Sofia – Pourquoi tu dis ça ?
Tony – Je t’ai déjà dit qu’il n’y avait plus d’étude jusqu’à la fin de l’année !
Ed – C’est-à-dire aujourd’hui, quoi !
Sofia, l’air nouille – J’avais oublié !
Tony – Ce n’est pas grave !
Olga, revenant du portail en larmes – J’en peux plus, je reviens plus moi !
Tony – Qu’est-ce qui t’arrive, Olga ?
Olga, la voix rauque – Fous-moi la paix, toi !
Vincent – Ca y est, Tony ?
Tony – De quoi ?
Vincent – Ben… tu sais bien !
Tony, désespéré – Mais je n’ai pas eu le temps Vincent !
Vincent – Mais je vais me faire défoncer à la sortie !
Ed – Oh ! Tu nous lâche un peu ? On va s’en occuper de tes SEGPA !
Vincent – Ouais ! Vous vous en foutez bien de mes problèmes !
Ed, s’approchant de Vincent d’un pas décidé – Alors voilà ce que l’on va faire : on va régler ton problème et tu vas arrêter de nous coller à la semelle, ok ?
Vincent, vexé – C’est bon, je vous laisse !
Tony, à Ed – Il est impossible !
Ed – Tu le laisse trop te coller, Tony ! Il croit que tu es là pour son bon plaisir !
Monsieur Dufour – Les garçons, vous m’accompagnez jusqu’au portail ?
Ed – Ouais… que s’est-il passé ?
Tony – On a vu Olga revenir en pleurant mais elle ne nous a pas dit ce qui s’était passé…
Monsieur Dufour – Il y a eu une bagarre au portail.
Ed – Putain ! Ils vont nous faire chier jusqu’au bout !
Monsieur Dufour – Les voilà !
Tony, inquiet – Génial ! Il y a Alexandre et toute sa clique !
Ed – Ils n’ont rien à foutre devant le collège, bordel !
Monsieur Dufour – Alexandre, qu’est-ce qu’il s’est passé avec Olaf Rousse ?
Alexandre – C’est lui qui a balancé aux pions que Vincent-trou-du-cul me donnait de la thune !
Monsieur Dufour – C’est quoi cette histoire d’argent ?
Tony, illuminé – D’accord ! C’est toi qui a cette histoire d’argent avec Vincent Lanusse ?
Alexandre, insolent – Qu’est-ce que t’ as, Ben ?
Monsieur Dufour – Ne sois pas insolent ou je vais voir ton père, Alexandre !
Johnny – Qu’es’qui l’a l’gros ?
Monsieur Dufour – Johnny ! Tu veux que j’appelle la police ?
Johnny – M’en fous moi ! J’les niqu’tous !
Monsieur Dufour – Et moi, je sais de source sûre que tu en as peur !
Alexandre, à Johnny – Ah ! T’es niqué !
Monsieur Dufour – Je vous conseille franchement de quitter les lieux avant l’arrivée de la police, Alexandre ! Les parents d’Olaf parlent de porter plainte !
Alexandre, faisant demi-tour – J’les encule ! – Puis, à Tony – Allez, salut Ben !
Tony, à voix basse, à Ed – Quelle petite merde ce gosse !
Monsieur Dufour – Vous avez une idée de ce qui a bien pu se passer ?
Tony – Oui… hier, Vincent Lanusse est venu me voir pour m’expliquer…
Monsieur Dufour, sortant son portable – Un instant, on m’appelle ! Allô ? Oui… ah ! Les parents de Rousse veulent porter plainte ? Bon, j’arrive… ils sont où ? Ok, je viens au poste de police. – Aux surveillants - Bon, je reviens dès que je peux… Vous m’appelez en cas de problème ?
Tony – Ok… A tout à l’heure… - Puis, à Ed – Purée ! Je n’arrive pas à régler ce problème de racket !
Madame Bretelle, interpellant Ed – Edouard ! Vous pouvez venir me voir, un instant ?
Vincent, fondant sur Tony comme un vautour sur un cadavre – Tony ! C’est bon, c’est réglé ?
Tony – Ce ne sont pas des SEGPA qui te rackettent ! Ce sont des élèves qui ont été virés du collège ! Je vais passer pour quoi, moi, maintenant ?
Vincent – Chais pas…
Ed, de retour – Je t’ai dit quoi, Vincent ?
Vincent, peureux – Désolé… je pars !
Ed – Bonne nouvelle Tony ! Bretelle a oublié de nous donner les bulletins de SEGPA à mettre sous pli ! Et il faut les faire tout de suite !
Tony – Tu plaisantes ?
Ed – Non ! Et on a intérêt de s’y mettre illico parce que l’on doit faire les photocopies, celles des parents divorcés et tout le reste !
Tony – Fait chier, merde !
Les garçons se mirent donc à la tâche ! Ils passèrent le plus
clair de la journée à faire ce que madame Bretelle n’avait pas fait et, à seize
heures, Tony dut aller ouvrir le portail pour ceux qui s’en allaient en
vacances.
Vincent – Ca y est, c’est réglé ?
Tony – Je suis désolé Vincent, mais je n’ai pas réussi à voir un responsable ! J’ai eu un travail de dernière minute…
Vincent, derrière la grille du collège, – Ouais, c’est ça ! T’en as rien à branler de ce qui peut m’arriver ! Mon père a raison : vous foutez rien, vous autres, les fonctionnaires !
Tony – Qu’est-ce qui te prend, Vincent ? Je t’explique…
Vincent – J’en ai rien à branler ! Vous êtes bons qu’à une chose : c’est boire votre café et prendre quatre mois de vacances sur le dos des gens qui travaillent !
Tony – Pardon ? Non mais je rêve, là !
Vincent – Non, tu rêves pas là ! Je te dis tes quatre vérités parce que ça me démangeait depuis longtemps ! Pour une fois que je te demande un truc, tu fais rien pour me rendre un service ! Mais tu as été bien content de me trouver quand tu es arrivé dans ce collège !